Plombé par un scénario inepte, Assassin Warrior ne se distingue guère du tout-venant des DTV des années 90, malgré la présence aux commandes de Russell Mulcahy. Mauvais.
Synopsis : Waxman est un soldat d’élite formé pour tuer des cibles sensibles. Mais lorsque les choses tournent mal, l’agence gouvernementale n’a plus qu’un choix possible : se débarrasser de lui.
Deux carrières en bout de course
Critique : Après avoir essuyé quelques revers de fortune, dont l’échec public de son ambitieux The Shadow (1994), le réalisateur Russell Mulcahy semble avoir grillé tout son crédit auprès des producteurs américains. Il accepte donc un peu tout et n’importe quoi durant cette période de vache maigre. On le retrouve en 1996 aux commandes d’une coproduction entre le Royaume-Uni et le Canada mettant en scène le sculptural Dolph Lundgren. Ce dernier est également au creux de la vague au cœur d’une carrière qui prend l’eau de toute part.
La réunion du cinéaste de Highlander et Razorback et de la montagne de muscles ne débouche tout simplement sur rien, la faute à un script aux abonnés absents. Le contexte dans lequel évoluent les différents personnages n’étant jamais précisé, le spectateur est peu à peu amené à lâcher prise. Effectivement, on ne saura jamais rien de précis sur les deux personnages principaux, on ne connaît rien du conflit dans lequel ils semblent engagés et on n’a guère de précision sur leurs employeurs.
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Une parenthèse pas très enchantée
Dépourvu du moindre début d’intrigue, le long-métrage voudrait sans doute être une réflexion métaphorique sur les jeux du pouvoir, mais cela n’est jamais totalement compréhensible, tant les enjeux semblent dilués. Ainsi, les deux snipers passent le film dans un gratte-ciel en construction uniquement gardé par deux vigiles, à attendre de commettre un assassinat le lendemain matin. Cette espèce de parenthèse est l’occasion d’un jeu du chat et de la souris entre les vigiles et les exécuteurs dont le spectateur se contrefiche comme d’une guigne.
Ici, Mulcahy retrouve ses tics de réalisation habituels. Il investit avec talent ce décor unique qu’il parcourt de sa caméra très mobile, mais cette dépense d’énergie est une fois de plus au service du vide intersidéral du script. Histoire de compenser, le cinéaste fait jouer son méchant incarné par Christopher Heyerdahl comme Clancy Brown dans Highlander (1986). Toutefois, l’acteur ne possède pas le charisme de son prédécesseur.
Face à cet antagoniste hystérique, Dolph Lundgren n’a jamais paru aussi monolithique. L’acteur se révèle une fois de plus incapable de jouer véritablement la comédie. Sa partenaire n’est pas nécessairement à son avantage non plus et le duo, totalement factice, ne fonctionne jamais.
Mulcahy déploie sa maestria visuelle au service du néant
Si l’on excepte une première scène d’action vaguement efficace qui peut faire illusion – et ceci malgré l’usage douteux d’effets numériques de première génération – le reste du film paraît terriblement long tant il est dépourvu d’enjeux narratifs. Certes, Mulcahy habille l’ensemble avec des éclairages chatoyants, mais cela ne suffit pas à compenser l’absence de tension. Enfin, la musique vient enterrer toute ambiance par son usage immodéré d’une pop new age dans le style de Era et autres Enigma. Kitsch garanti.
Sorti au cinéma dans quelques pays, Assassin Warrior a été judicieusement remisé à la case DTV en France. Au vu du naufrage, ce n’est que justice.