Amityville The Awakening, production Weinstein & Blumhouse massacrée au montage, édulcorée, et victime d’une production de 5 ans, a bien été l’accident industriel attendu, malgré ses reshoots.
Synopsis : Une nouvelle famille s’installe dans la maison d’Amityville, Long Island, lieu notoire pour un fait divers sanglant qui a agité les médias quelques décennies auparavant.
Amityville The Awakening, un accident industriel à la post-production maudite
Critique : Pur accident industriel dont les soucis de post-production et de distribution ont duré près d’une demi-décennie, ce nouveau segment dans l’increvable franchise des Amityville, relève du film maudit. La saga a toujours bien fonctionné en vidéo, avec de nombreux DTV en VHS à l’issue de la trilogie originelle instaurée par Stuart Rosenberg dans les années 70 et clôturée en 3D par Richard Fleischer en 1983. Aussi, dans les années 2000, MGM se décide à faire renaître la saga de ses cendres avec un remake produit par Michael Bay, très faiblard, mais qui, au moins, parvient à être hit au box-office (près de 65M$ américain).
Après le succès mondial du remake de Maniac, le choix de Franck Kalfoun était presque une évidence pour un nouveau reboot. Il fallait apporter de la qualité au projet et le Français, proche d’Alexandre Aja, avait mis les critiques d’accord avec son thriller urbain sombre, intransigeant et glauque.
Quelques années après la fin du tournage et des dates de sortie à foison systématiquement différées, voire annulées, Amityville The Awakening est sorti en Europe sur quelques marché en 2017 (Italie, Espagne), faisant surtout figure de DTV, proposé même par le Google Play Store gratuitement, notamment aux USA ou en France…
La franchise Amityville
Qu’est-il arrivé au film in fine? Le cinéaste revenait sur les déboires de post production chez nos confrères de Wicked Horror, sûr de son montage. Pour lui, le film était repoussé pour des raisons autres que qualitative ; il estimait son travail effrayant.
Blumhouse & Dimension Films à l’enterrement du projet
Dimension Films, Blumhouse & Miramax ont-ils depuis totalement démoli son film? En tout cas, d’un reboot costaud, on n’en aura jamais la couleur. Le film proposé est vidé de toute substance, proposant les bribes d’un projet aplati par le système, sans âme, malgré ses nombreuses touches religieuses qui alourdissent la chose, et surtout sans aucune ambiance (le score fade est loin du refrain diabolique du premier film qui imposait les frissons de l’angoisse).
Les trois nouveaux occupants de la célèbre maison d’Amityville, une mère, une enfant et sa grande sœur, gothique lunatique qui devient la voix de la raison, doivent s’occuper du grand frère plongé dans le coma, et qui va s’éveiller une fois mis au repos dans cette nouvelle demeure. C’est que Satan l’habite…
Bellâtre qui va vouloir décimer un à un les membres de sa famille humaine, il va évidemment sévir avec un corps de rêve torse nu, fusil à la main, loin des perversions du second segment produit par Dino de Laurentiis, où le jeune possédé devenait un authentique monstre quand il exécutait les membres de sa famille, non sans avoir essayé de séduire sa sœur pour un semblant d’inceste si italien !
Franck Kalfoun était-il l’homme de la situation ?
Reliant très maladroitement le scénario de cette relecture au fait divers de Long Island, et considérant les films de la saga comme de vraies fictions hollywoodiennes que l’on regarde ici entre ados pour essayer de comprendre le surnaturel balourd qui caractérise les couloirs de la maison, Amityville The Awakening échoue à imposer sa filiation à la saga culte, tout comme il n’arrive pas à légitimer son existence au cœur de la production industrielle de films d’épouvante de série chez Blumhouse.
Juste mauvais, incroyablement mal joué (Jennifer Jason Leigh, jadis actrice dingue, devenue source de malaise !), Amityville The Awakening est une anomalie de cinéma, comme on en voit peu aujourd’hui, qui nous mène à nous interroger sur l’identité de Franck Kalfhoun. Depuis Maniac, il enchaîne les mauvais coups (I-lived, encore un DTV à la réputation exécrable), mais maintenant en cherchant bien, tout cela ravive le souvenir pénible de 2e Sous-Sol, en 2007, qui déjà était fort médiocre. Comme si le monsieur n’était l’homme que d’un seul coup… Et ça, cela fait peur. On avait tant espéré !
Box-office d’Amityville The Awakening
Avec 8 482 000$ rapportés dans le monde, Amityville The Awakening a réussi à extirper 1 million de dollars aux Italiens, aux Mexicains et aux Russes. Les Brésiliens, pour leur part, ont dépensé 712 000$ pour le voir en salle, l’Espagne seulement 444 000$ malgré une distribution dans 165 cinémas.
De bien maigres recettes pour une série B exploitée sur une cinquantaine de territoires à travers le monde, mais très peu de marchés majeurs. Aux USA, par exemple, il n’a pu rassembler que 742$ dans 10 salles, le week-end précédent Halloween 2017.
Le titre est apparu depuis sur support physique (SD et HD) sur de nombreux territoires, mais pas en France.
Biographies +
Franck Khalfoun, Jennifer Jason Leigh, McKenna Grace, Kurtwood Smith, Bella Thorne