A l’Ouest rien de nouveau : la critique du film Netflix (2022)

Film de guerre, Historique | 2h28min
Note de la rédaction :
8/10
8
A l'Ouest, rien de nouveau, l'affiche

  • Réalisateur : Edward Berger
  • Acteurs : Albrecht Schuch, Daniel Brühl, Felix Kammerer, Aaron Hilmer, Jakob Diehl
  • Date de sortie: 28 Oct 2022
  • Nationalité : Allemand, Américain, Britannique
  • Titre original : Im Westen nichts Neues
  • Titres alternatifs : All Quiet on the Western Front (titre international) / På västfronten intet nytt (Suède) / Sin novedad en el frente (Espagne) / A Oeste Nada de Novo (Portugal) / Na Zachodzie bez zmian (Pologne) / Niente di nuovo sul fronte occidentale (Italie) / Länsirintamalta ei mitään uutta (Finlande) / Nada de Novo no Front (Brésil)
  • Année de production : 2022
  • Autres acteurs : Moritz Klaus, Edin Hasanovic, Devid Striesow, Thibault de Montalembert, Sebastian Hülk, Adrian Grünewald, Anton von Lucke, Tobias Langhoff
  • Scénaristes : Edward Berger, Lesley Paterson et Ian Stokell, d'après le roman À l'Ouest, rien de nouveau d'Erich Maria Remarque
  • Directeur de la photographie : James Friend
  • Compositeur : Volker Bertelmann
  • Monteur : Sven Budelmann
  • Producteurs : Edward Berger, Daniel Marc Dreifuss et Malte Grunert
  • Sociétés de production : Amusement Park Film Production, en co-production avec Gunpowder Films, en association avec Sliding Down Rainbows Entertainment et Anime Pictures
  • Platefome de diffusion : Netflix
  • Éditeur vidéo : Capelight Photos (Allemagne, 4K Ultra HD + Blu-ray), MPI Media/Capelight Pictures (Etats-Unis, 4K Ultra HD + Blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 31 mars 2023 (Allemagne), 28 mars 2023 (Etats-Unis)
  • Box-office France / Paris-périphérie : Inédit au cinéma
  • Box-office nord-américain / monde : Non communiqué (le film est sorti en salle aux USA, Australie et en Espagne)
  • Budget : 20 000 000$
  • Classification : Déconseillé aux moins de 16 ans (classification Netflix) / R (Etats-Unis)
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Atmos
  • Festivals et récompenses : BAFTA 2023 : Meilleur film, Meilleure réalisation, Meilleur scénario adapté, Meilleure photographie, Meilleur son, Meilleure musique de film, Meilleur film en langue étrangère / Oscars 2023 : Meilleurs décors et direction artistique, Meilleure photographie, Meilleure musique de film, Meilleur film international
  • Illustrateur / Création graphique Netflix © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : Netflix © Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

La première version allemande d’A l’Ouest rien de nouveau est un film de guerre puissant et radical qui ne peut laisser indifférent. Son succès aux Oscars est largement mérité.

Synopsis : Paul Baumer et ses amis Albert et Muller s’enrôlent volontairement dans l’armée allemande. Plein d’enthousiasme et de ferveur patriotique, les garçons partent à la guerre. Mais une fois sur le front, ils découvrent l’horreur destructrice de la Première Guerre mondiale…

La première adaptation allemande d’un chef d’œuvre de leur littérature

Critique : En près d’un siècle, le splendide roman A l’Ouest rien de nouveau d’Erich Maria Remarque (publié en 1929) n’a eu le droit qu’à trois adaptations différentes au cinéma. Et parmi elles, cette nouvelle version signée Edward Berger est la toute première en langue allemande, alors même que le roman est d’origine germanique. Certes, il était difficile d’égaler la puissance du chef d’œuvre de Lewis Milestone datant de 1930 – qui a justement obtenu l’Oscar du meilleur film et de la meilleure réalisation. Cependant, il n’était pas si compliqué de surpasser celle de Delbert Mann qui a été exploitée en salles en France, mais qui n’était initialement qu’un téléfilm.

Felix Kammerer est Paul Bäumer dans All Quiet on the Western Front (A l'Ouest, rien de nouveau)

Felix Kammerer est Paul Bäumer dans All Quiet on the Western Front (A l’Ouest rien de nouveau) – Courtesy of Netflix © 2023

Cette nouvelle version d’A l’ouest rien de nouveau (2022) opte pour un choix radical qui est de laisser hors champ la formation des jeunes recrues et leurs histoires personnelles pour se concentrer uniquement sur les séquences se déroulant sur le front. Cela retire assurément de la psychologie aux différents protagonistes dont la vie est laissée en dehors du champ de bataille. Toutefois, cela n’empêche nullement le réalisateur de retranscrire avec puissance les scènes majeures du livre. S’il modifie un certain nombre de choses – et notamment la fin qui nous prend donc par surprise par rapport au livre – l’esprit du bouquin est toujours conservé avec soin.

En immersion totale dans l’horreur de la guerre

En fait, Edward Berger a souhaité ici réaliser une œuvre dure, froide et implacable qui plonge le spectateur au cœur de l’horreur de la guerre. Cela est souligné par l’excellente musique de Volker Bertelmann qui insiste sur le caractère martial du film, tout en livrant un score entêtant dans la lignée des compositions d’un Hans Zimmer pour Christopher Nolan. On songe d’ailleurs beaucoup au réalisateur de Dunkerque (2017) durant la projection puisque la photographie de James Friend s’en rapproche beaucoup. Parmi les autres références évidentes du réalisateur, on peut bien sûr citer l’ombre tutélaire de Stanley Kubrick et de ses Sentiers de la gloire (1957).

Ainsi, le cinéaste reprend le style du génial visionnaire en faisant évoluer sa caméra dans les tranchées de manière virtuose, mais aussi dans la localisation de l’état-major allemand au cœur d’un château. Edward Berger reprend même la distinction un peu simpliste des Sentiers de la gloire entre des trouffions qui ne sont que de la chair à canon pour des élites qui sont décrites comme pleutres, bouffies d’orgueil et insensibles au sort de leurs hommes. Cela recoupe indéniablement une réalité, mais la binarité du procédé dérange sans doute un peu plus de nos jours où cela apparaît comme une facilité d’écriture.

A l'Ouest rien de nouveau, photo du film Netflix

All Quiet on the Western Front (A l’Ouest rien de nouveau) – Courtesy of Netflix © 2023

Une belle maîtrise technique au service de la grande Histoire

Pour autant, Edward Berger livre avec A l’Ouest rien de nouveau une nouvelle adaptation valeureuse du célèbre bouquin pacifiste. Loin de n’être qu’un téléfilm, le brûlot fait preuve d’une réelle maîtrise technique, tandis qu’un réalisme impressionnant a été déployé pour reconstituer au mieux les combats. On sent notamment la présence d’historiens sur le tournage afin que l’ensemble sonne le plus juste possible.

On peut notamment s’en apercevoir lorsque les premiers chars s’arrêtent de rouler pour pouvoir tirer – contrainte technique de l’époque oblige – contrairement à l’erreur généralement commise par des cinéastes désireux d’être plus efficaces. Les férus d’histoire peuvent donc aisément se laisser séduire par cette évocation très juste des combats de 1914-1918, tandis que les pédagogues peuvent inviter leurs élèves à visionner le film, en prévenant toutefois de l’extrême violence de certains passages qui ne laissent pas indemnes.

A l’Ouest rien de nouveau multiplie les séquences chocs

On n’est pas prêt d’oublier le massacre à coups de lance-flammes, le combat contre les premiers chars et surtout l’incroyable scène où le jeune héros se retrouve face à un Français dans un trou d’obus (ce passage marquant du livre est ici retranscrit dans toute son horreur). Il faut dire qu’A l’Ouest rien de nouveau bénéficie de l’interprétation impressionnante du jeune acteur autrichien Felix Kammerer dont ce fut la première expérience devant une caméra. Le comédien fait preuve d’un charisme évident et il capte l’attention à chaque instant par l’intensité de son regard. Il est entouré par des comédiens de bonne tenue, parmi lesquels on retrouve avec plaisir le très bon Daniel Brühl dans un rôle de diplomate cherchant à tout prix à épargner des vies, lui qui a déjà perdu son fils sur le front.

A l'Ouest rien de nouveau, photo

All Quiet on the Western Front (A l’Ouest rien de nouveau) – Courtesy of Netflix © 2023 – Crédit : Reiner Bajo

Film puissant qui pâtit sans doute d’une durée un peu excessive de près de 2h30min, A l’Ouest rien de nouveau est assurément un témoignage historique qui compte parmi les bonnes représentations de la Première Guerre mondiale. Il laisse un goût amer dans la bouche et donne ainsi une vision très sombre d’une humanité vouée à s’autodétruire par l’entremise d’un système de commandement absurde.

Une œuvre cinématographique… à visionner sur Netflix

Acheté par Netflix qui le propose sur sa plateforme dans le monde entier, le long-métrage aurait eu toute sa place sur les grands écrans. Il est d’ailleurs sorti en salle aux USA, en Australie et en Espagne.

L’Académie des Oscars lui a d’ailleurs décerné quatre récompenses dont celles très méritées de la meilleure musique, meilleure photographie et du meilleur film étranger. Mieux, les BAFTA, aux Royaume-Uni l’ont consacré avec 7 prix, dont celui du Meilleur film.

Il est donc bien dommage de devoir constater l’excellence de cette création sur un écran beaucoup plus étriqué. C’est bien entendu ici toute la contradiction du nouveau modèle émergent que de vouloir proposer du grand spectacle à leurs abonnés qui le verront, pour certains, sur leurs écrans de smartphone.

On notera l’apparition d’éditions vidéo en 4K Ultra HD – Blu-ray, au format Mediabook, dans plusieurs marchés, dont les Etats-Unis et l’Allemagne. Les copies disposent d’une piste française et de sous-titres dans notre langue.

Critique de Virgile Dumez

Voir le film sur Netflix

A l'Ouest, rien de nouveau, l'affiche

Copyright : 2022 Netflix. Tous droits réservés.

Biographies +

Edward Berger, Albrecht Schuch, Daniel Brühl, André Marcon, Felix Kammerer, Aaron Hilmer

Mots clés

La Première Guerre mondiale au cinéma, Les grandes adaptations littéraires, Oscars 2023

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A l'Ouest, rien de nouveau, l'affiche

Bande-annonce de A l'Ouest, rien de nouveau (VF)

Film de guerre, Historique

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