Sixième opus de la saga, A la recherche de la panthère rose est une arnaque qui utilise des chutes de montage pour exploiter un peu plus l’image de Peter Sellers, alors décédé depuis deux ans. Une curiosité !
Franchise : tous les films de la Panthère Rose
Synopsis : Le diamant “La Panthère Rose” est encore une fois dérobé ! Chargé de l’affaire, l’inénarrable inspecteur Clouseau disparaît mystérieusement. Une aubaine pour son ennemi juré, Dreyfus. Mais une journaliste, Marie Jouvet, décide de rendre hommage au héros disparu en retraçant sa carrière. Dreyfus se retrouve alors soudain sous le feu des projecteurs. Saura-t-il trouver des mots charitables pour évoquer la mémoire de Clouseau ?
Une exploitation pure et simple de chutes de montage
Critique : Alors qu’il est déjà en préproduction de L’héritier de la panthère rose (1983) qui entend donner un successeur à Peter Sellers, décédé prématurément en 1980, le cinéaste Blake Edwards décide de réactiver la mémoire du grand public avec un sixième épisode qui aurait pour but de rendre hommage au comédien disparu. Avec A la recherche de la panthère rose (1982), Blake Edwards exploite en réalité toutes les chutes de montage des épisodes précédents et compose ainsi un film entièrement autour d’un acteur décédé.
© 1982 Titan Productions / © 2006 MGM Home Entertainment LLC. Tous droits réservés.
Afin d’intégrer au mieux toutes les scènes coupées, le réalisateur invente un nouveau vol du fameux diamant et parvient à coller ainsi aux intrigues similaires des précédents opus. L’illusion fonctionne d’ailleurs plutôt bien durant une première demi-heure assez efficace. Certes, les connaisseurs de la saga reconnaîtront sans problème les emprunts effectués aux anciens épisodes, mais il faut avouer que les gags qui n’ont pas été retenus – sans doute pour des raisons de rythme – sont diablement truculents et que Peters Sellers y révèle une fois de plus son talent exceptionnel de comédien burlesque.
Après une demi-heure correcte, c’est la débandade
Malheureusement, le procédé ne peut fonctionner sur l’intégralité du métrage puisque les chutes exploitables sont en nombre insuffisant. Dès lors, le réalisateur emploie le procédé de Citizen Kane en faisant disparaître son personnage principal et en le faisant rechercher par une journaliste incarnée par Joanna Lumley. L’occasion pour les témoins du passé comme David Niven ou Capucine d’évoquer leurs souvenirs de Clouseau. Dès lors, le film révèle sa dimension de patchwork en livrant des séquences disparates qui ne répondent plus à aucune logique narrative.
Blake Edwards emploie donc un procédé qui était à la mode à la fin des années 70 dans la Brucesploitation, ces longs-métrages qui utilisaient quelques images de tournage de Bruce Lee pour pouvoir l’intégrer dans un nouveau film. Cette technique particulièrement malhonnête n’est clairement pas à mettre au crédit d’un réalisateur que nous avons connu plus inspiré. Rappelons qu’à la même époque, Blake Edwards a livré plusieurs œuvres formidables comme Elle (1979) et Victor, Victoria (1982). On peut donc être déçu par cette tentative maladroite de faire de l’argent sur le dos d’un disparu, soi-disant pour lui rendre hommage.
Un gros échec artistique et public
D’ailleurs, la veuve de Peter Sellers ne s’y est pas trompée et a attaqué en justice la production. Elle a obtenu gain de cause en arrachant un million de dollars à Blake Edwards. En dehors de ces considérations, A la recherche de la panthère rose est donc un embryon de film qui doit être vu par les fans de la saga uniquement pour sa première demi-heure. Le reste n’est que du remplissage éhonté. D’ailleurs, le public a vite compris la supercherie puisqu’aux Etats-Unis, le long-métrage n’a glané que 9 millions de dollars. En France, le film s’est écrasé autour des 200 000 spectateurs, enterrant la saga puisque les deux épisodes suivants ne seront distribués qu’en province sur quelques écrans seulement.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 2 février 1983
© 1982 Titan Productions / Illustration : La panthère rose est une propriété de MGM / UA. Tous droits réservés.
