Robert Loggia est un jeune premier des années 50 dont la carrière s’est construite sur le fil des décennies sur des seconds rôles solides et à la télévision via des séries Disney.
Né à New York, d’origine italienne, Salvatore Loggia grandit dans le quartier de Little Italy et décrocha un diplôme en journalisme après le lycée. Il servit le pays durant la guerre de Corée et à son retour devient Robert Loggia pour des ambitions dramatiques (théâtre, Broadway, Hollywood).
L’écurie Disney
Même si beaucoup ne connaissent pas son nom, voire peinent à identifier son visage car il ne figurait pas toujours sur les affiches de ses films, la carrière de Robert Loggia fut longue et riche en seconds rôles. Après une apparition chez Robert Wise, dans Marqué par la haine, avec Paul Newman (1956), il obtient des premiers rôles dès les années 50 dans Un tueur se promène de William Berke (1957), les productions Disney Elfego l’invincible (1958) et Six Gun Law l’année suivante. La perte de certains programmes télé le conduisent à une sévère dépression et remise en question existentielle alors que sa carrière au cinéma plafonne, puisque l’on ne compte que quatre films dans les années 50.
Une carrière qui ne décolle pas
En 1965, il obtient un rôle important dans fresque biblique de George Stevens, La plus grande histoire jamais contée, t tient un rôle secondaire en 1968 dans le biopic Che ! de Richard Fleischer, une production Zanuck dont les vedettes sont Omar Sharif et Jack Palance.
Comme beaucoup d’artistes anglophones à la carrière fragile, il tourne aussi en Italie notamment dans la production Dino De Laurentiis Les deux missionnaires avec Bud Spencer, Terence Hill et Jean-Pierre Aumont, ou Pied-plat sur le Nil de Steno. Il fait une petite apparition chez Irvin Kershner dans le film historique Raid sur Entebbe, avec Charles Bronson (en fait un téléfilm sorti en salle en France).
Blake Edwards relance sa carrière
Sa carrière au cinéma consiste alors à cachetonner dans des séries B, le film de casse automobile (La folle automobile de Earl Bellamy, 1977 ; La constellation des damnés de William Peter-Blatty, 1979). A la télévision, il tourne dans toutes les séries à la mode le temps d’un ou deux épisodes.
Blake Edwards lui offrira des seconds rôles dans des comédies telles que S.O.B (1981) et des opus de la Panthère Rose (La malédiction de la panthère rose, A la recherche de la panthère rose, L’héritier de la panthère rose). Une belle opportunité. Blake Edwards le dirige également en 1986 dans la production Cannon Films That’s Life, drame émouvant avec Jack Lemmon et Julie Andrews. Le film est un lourd échec au box-office mondial.
Robert Loggia, second rôle solide des années 80
Dans les années 80, Robert Loggia va enchaîner les rôles. Parmi les plus marquants, citons celui du docteur dans Psychose 2 (1982), de Frank Lopez dans Scarface de Brian De Palma (1983) ; ou le personnage d’Eduardo Prizzi dans L’honneur des Prizzi, de John Huston, avec Jack Nicholson et Kathleen Turner (1985).
Robert Loggia est présent dans de nombreux succès : Officier et Gentleman de Taylor Hackford, avec Richard Gere (1981) ; ou A double tranchant de Richard Marquand, avec Jeff Bridges et Glenn Close. Ce thriller et film de procès marque la période. Il est aussi du blockbuster musclé Over the Top de Menhamem Golan, avec Sylvester Stallone.
Son plus gros succès au box-office, il l’obtient dans la comédie fantastique qui casse la baraque aux USA, Big de Penny Marshall, avec Tom Hanks et Elizabeth Perkins (1988).
Merci Lynch et Roland Emmerich
A plus de quarante de carrière, l’acteur aborde sereinement les années 90 dans des films médiocres pour la plupart : La chanteuse et le milliardaire, avec le duo Kim Basinger et Alec Baldwin (1991), Gladiateurs avec James Marshall et Cuba Gooding Jr, Dans les pompes d’un autres de Donald Petrie (1992), Belles de l’Ouest de Jonathan Kaplan (1994), Les complices avec Nick Nolte et Julia Roberts (1994), Smilla de Bille August (1997)… Sa carrière rebondit encore avec Independence Day, en 1996. Roland Emmerich lui redonnera un petit rôle dans le sequel tardif, en 2016. Cette apparition clin d’œil se fera à titre posthume puisque Robert Loggia décède en 2015, quelques mois avant la sortie de Resurgence. Il souffrait de la maladie d’Alzheimer depuis 2010.
Quelques films notables dans sa fin de carrière : Eveil à la vie de M. Night Shyamalan (1997), La proposition avec Kenneth Brannagh (1998) et surtout Lost Highway de David Lynch (1997). On oubliera très vite le nanar ésotérique avec Eddie Murphy et Jeff Goldblum, Mister G de Stephen Herek, tourné pour Disney en 1998.
A l’exception de la suite d’Independence Day et de la comédie romantique avec David Duchovny et Minnie Driver, Droit au coeur, aucun de ses trente films tournés entre 2000 et 2015 ne réussiront à sortir du lot et à trouver une place dans nos salles. En revanche, il est remarqué à la télévision dans quatre épisodeé des Soprano et d’autres séries contemporaines, comme Family Guy, qui font de lui une vedette du petit écran aux USA.