3 from Hell est la dernière démence de Rob Zombie, un grindhouse provocateur, politiquement dégénéré, qui défonce les portes du mauvais goût… Pour public averti.
Synopsis : Otis, Baby et Spaulding, les trois criminels de l’enfer ont miraculeusement survécu à leurs blessures. Tous trois emprisonnés chacun de leur côté, ils deviennent un sujet de fascination pour les journalistes et un objet de culte pour leurs fans de plus en plus nombreux. Après un repos bien mérité, les faucheurs de vie s’évadent et repartent s’adonner à leur passion : la destruction.
Extrême, voire excrémentiel
Critique : Avant de revenir avec un septième album solo en 2021, Rob Zombie est repassé faire du cinéma. Oubliez les errances des 2010, la suite ratée d’Halloween, Lords of Salem et surtout 31 : l’ancien leader des White Zombie donne dans la comédie horrifique éclatée des méninges. 3 From Hell est donc le troisième épisode à sa trilogie des Firefly commencée mollement avec La maison aux 1000 morts (2003) et immortalisée par The Devil’s Rejects,. Ce dernier était le rebus d’une société lissée, celle des années Bush que la bande de Rob Zombie électrifiait avec toute la démence sous psychotrope des bobines badass du cinéma des quartiers populaires des années 70.
En route mauvaise troupe
Beaucoup d’acteurs reviennent dans ce sequel tardif (15 ans quand même), parmi lesquels l’icône Bill Moseley, le regretté Sid Haig (décédé en 2019), que l’on voit très peu dans le film, et surtout sa muse zombiesque, Sheri Moon, totalement désinhibée à la veille de ses 50 ans, qui ose tout, comme dans la plupart des clips de son époux, sans se demander un seul instant si ce que son personnage fait est #MeToo compatible. L’anti-starlette, totalement vouée au culte de son homme, s’en donne à cœur joie dans tout ce qui est répréhensible, illustrant la folie avec un plaisir palpable. Voir une comédienne – qui au passage n’a jamais cherché à le devenir – prendre autant son pied dans l’innommable succession de séquences trash auxquelles elle participe, la rend éminemment plus iconique qu’elle ne l’a jamais été. Comme exemple, on citera entre autres la séquence d’ouverture en forme d’hommage aux films de prison de femmes en furie (les Women in Prison movies, en anglais), avec matonne lesbienne jouée par Dee Wallace d’E.T, et règlements de comptes vachards entre détenues. Mais Sheri Moon Zombie s’adonne à d’autres moments invraisemblables au cœur de la production américaine de 2019 qui renvoient 3 from Hell au cinéma bis pur et simple. Des moments sauvages plus jouissifs que savoureux.
Un cinéma non partisan politiquement… malveillant
Voulue comme une comédie irrévérencieuse, 3 from Hell est surtout une œuvre malveillante au sens détourné du mot. La série B ne veut de mal à personne, mais vomit sur tout ce qui bouge, avec verve, âpreté, et une affection particulière pour l’Amérique patibulaire d’outsiders qui pourraient tous voter pour le crybaby Donald Trump que cela ne nous étonnerait pas beaucoup. En fait, on culbute pas mal d’électeurs de Trump également, mais comme Rob Zombie n’est jamais très prompt à politiser ses propos, conscient que son public est lui-même assez bigarré dans ses couleurs politiques, c’est bien à un nihilisme comique, voire cartoonesque, qu’il nous expose, à l’instar de ses peintures diaboliques sur scène et dans ses nombreux clip-vidéo qui sont autant de mini-films.
3 from Hell, un cloaque d’enfer
Dans un bain de dégénérescence mentale, physique et macabre, 3 from Hell tranche, éclate, crible de balles, avec son rythme rarement bancal, passant d’une séquence carnassière à l’autre. La dernière, la plus longue, est l’escapade des évadés de prison – donc les bourreaux de The Devil’s Rejects, dans une bourgade mexicaine, où le trio va devoir affronter le cartel local. L’esthétique de gringos est une énième continuation du clip The Life and Times of a Teenage Rock God de Zombie ; elle se montre bien plus féroce que le cinéma de Robert Rodriguez (Desperado, Machete), même si l’intention de contre-culture et de tribut au cinéma bâtard des années 70 est identique. On prend parti pour le mal que la famille Firefly incarne, crapules sympathiques malgré la barbarie de leurs actions chez les civils ou les membres du cartel.
In fine, 3 from Hell attise les flammes entre Zombie et son public, restaurant le lien entre les bisseux et son cloaque cinématographique imperméable à l’eau bénite de la bienveillance du cinéma contemporain. Une rédemption artistique par l’impureté crasse. On n’en demandait pas tant.
Critique : Frédéric Mignard
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Le test blu-ray
Une édition simple impeccable à tous points de vue. Metropolitan FilmExport propose pour les fêtes de Noël 2020 un coffret blu-ray collector comprenant les trois films en haute définition.
Suppléments : 4 / 5
Un supplément unique est proposé sur la galette. Mais il s’agit du plus important : 1h30 de coulisses de tournage, tournées, montées, comme un vrai film. Faisant fi des featurettes promotionnelles tombées en désuétude, Rob Zombie présente toutes les étapes du tournage d’un film où les acteurs tombent le maquillage. Un must pour tous les cinéphiles et les fans du musicien. Un vrai deuxième film à se mettre sous le coude pour une soirée bis.
Image : 5 / 5
Gros travail numérique pour redonner un aspect craspec à l’image, le master de 3 from Hell joue des filtres et artifices qui confèrent un caractère souvent réjouissant à une copie épatante de vitalité, voire parfois saturée. Le générique final, bâti sur une épatante idée de cinéma aérienne, donne une idée de toute l’envergure cinématographique de cette copie.
Son : 4.5 / 5
Le film se regarde aussi bien en version originale qu’en VF. Les deux pistes ont été testées dans leur intégralité, pour le plaisir du doublage putassier très drôle dans la retranscription des dialogues, mais toujours vocalement bien composé. Le 5.1 dans les deux cas dépote, en raison du jeu de douilles qui fait exploser le salon. Un DTS HD Master Audio surpuissant.
On notera que le site IMDB annonce l’existence d’un mixage d’origine en 7.1 qui est absent sur cette galette.