Réalisateur, producteur et scénariste britannique, Tony Richardson (de son vrai nom Cecil Antonio Richardson) est né en 1928 en Angleterre. Fils d’un chimiste, il a étudié à l’université d’Oxford où il préside notamment la Dramatic Society. A cette époque, il publie également des critiques théâtrales et débute un stage à la BBC. Peu satisfait de cette expérience, il revient au théâtre et crée l’Experimental Theatre Club (l’ETC). Il signe alors plusieurs mises en scène de vaudevilles qu’il filme également pour la télévision, mais est surtout révélé par sa mise en forme de la pièce Look Back in Anger du dramaturge John Osborne. A cette époque, le metteur en scène se lie d’amitié avec le groupe des « jeunes gens en colère » qui vont bouleverser l’establishment britannique.
Un homme de théâtre au cœur du Free Cinema
Fort de ce succès, Tony Richardson fonde sa propre compagnie de production en 1959 (Woodfall), ce qui lui offre l’occasion de passer à la réalisation de cinéma avec Les corps sauvages (1959) d’après la pièce qui a fait sa renommée (Look Back in Anger, donc). En 1960, il produit également le film de Karel Reisz Samedi soir, dimanche matin (1960) qui révolutionne le cinéma britannique par son filmage naturaliste et ses accents de nouvelle vague anglaise.
La même année, Richardson fait tourner Laurence Olivier dans une autre adaptation d’une pièce de John Osborne intitulée Le cabotin (1960). L’acteur principal reçoit une nomination à l’Oscar pour sa prestation et Tony Richardson est approché par les pontes de la Fox pour qu’il adapte le roman Sanctuaire (1961) de William Faulkner. Pourtant, cette expérience hollywoodienne n’est guère convaincante et le film est un échec commercial et artistique. Tony Richardson revient donc vite en Angleterre où il retrouve son inspiration avec Un goût de miel (1961). Il s’agit d’une nouvelle adaptation d’une pièce de théâtre, cette fois-ci de Shelagh Delaney, tournée dans le style de la nouvelle vague française.
L’année qui suit est encore plus satisfaisante avec l’excellent La solitude du coureur de fond (1962) avec Tom Courtenay d’après un roman d’Allan Sillitoe. La très bonne tenue du film offre à Richardson l’admiration des critiques, ce qui est encore confirmé par son film suivant : Tom Jones : Entre l’alcôve et la potence (1963) avec Albert Finney d’après l’œuvre d’Henry Fielding. Le métrage reçoit une pluie de nominations aux Oscars et remporte quatre statuettes dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur.
Désormais, Tony Richardson est parvenu au firmament de sa carrière en très peu de films. Il accepte de revenir tourner à Hollywood et livre avec Le cher disparu (1965) une comédie étonnante. A partir de cette époque, Tony Richardson tente des expériences dans des genres et des styles variés. Ainsi, il passe au drame durassien avec Mademoiselle (1966) mené par Jeanne Moreau et enchaîne aussitôt avec la même équipe sur Le marin de Gibraltar (1967). Le cinéaste se reprend un peu avec La charge de la brigade légère (1968) qui n’est pourtant pas un succès, tout comme La chambre obscure (1969).
Les décevantes années 70
En 1969, Tony Richardfson livre la première version en couleurs d’Hamlet (1969) avec Nicol Williamson, mais le film ne sort même pas dans les salles françaises. C’est finalement en 1970 que Richardson revient sur le devant de la scène en faisant tourner Mick Jagger dans Ned Kelly (1970), mais le succès n’est pas encore au rendez-vous. Désormais, Tony Richardson va revenir petit à petit à l’anonymat pour les cinéphiles. Ainsi, il signe plusieurs œuvres qui ne reçoivent que des échos très limités comme le drame A Delicate Balance (1973). Il rate notamment le thriller Dead Cert (1974) et se plante également en retrouvant l’écrivain Henry Fielding avec le peu intéressant Joseph Andrews (1977). Cette disgrâce se traduit par une absence d’exploitation de ses films dans les salles françaises durant une grosse décennie.
Un retour discret dans les années 80
La présence au générique de Police frontière (1982) de la star Jack Nicholson lui permet de revenir sur le devant de la scène alors que les cinéphiles l’ont oublié. Le métrage réunit 489 308 spectateurs en France. Son film suivant intitulé L’hôtel New Hampshire (1984) avec les jeunes Rob Lowe, Jodie Foster et Nastassjia Kinski séduit davantage par son ton léger et déluré. Pour autant, le long-métrage est un échec commercial et seuls 89 864 Français ont fait le déplacement en salles. . Dès lors, Tony Richardson se consacre essentiellement à la réalisation de téléfilms jusqu’à ce qu’il effectue un dernier tour de piste avec Blue Sky qu’il réalise en 1991, mais qui ne sort sur les écrans que trois ans plus tard (1994). Le drame romantique qui réunit Jessica Lange et Tommy Lee Jones est sa dernière expérience, et un nouvel échec commercial et artistique (31 493 curieux en France).
Tony Richardson meurt en 1991 des suites du sida, car il était bisexuel. A noter qu’il a été marié avec Vanessa Redgrave avec qui il a eu deux filles devenues toutes les deux actrices (Natasha et Joely Richardson). Puis, il a eu une liaison avec Jeanne Moreau et avec Grizelda Grimond qui lui a donné une troisième fille.