Tinto Brass

Réalisateur, Scénariste, Producteur, Monteur, Acteur
Les nuits chaudes de Berlin (Salon Kitty), affiche

Personal Info

  • Nationalité : Italien
  • Date de naissance : 26 mars 1933 à Milan (Italie)
  • Crédit visuels : © 1976 Coralta Cinematografica Surf Film / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.

Biographie

Note des spectateurs :

Réalisateur, scénariste, monteur, producteur et acteur italien, Tinto Brass (de son vrai nom Giovanni Brass) est né en 1933 à Milan, en Italie. Le petit garçon déménage très vite à Venise où il a grandi dans une famille aisée. Pour plaire à sa famille, il entreprend des études de droit à Padoue, puis Ferrare, mais c’est véritablement le cinéma qui le passionne.

Tinto Brass, un jeune homme anarchiste dans l’âme

A l’adolescence, Tinto Brass devient un pensionnaire régulier des salles de cinémas, mais aussi des bordels. La rupture avec sa famille intervient à sa majorité car il décide de quitter l’Italie pour rejoindre Paris. Là, il fréquente la Cinémathèque française et parfait sa culture cinématographique. Apprécié par ce milieu, il devient même un temps archiviste au sein de cette institution. Nous sommes à la fin des années 50, au moment de l’éclosion de la Nouvelle Vague, mouvement qui passionne Tinto Brass l’anarchiste.

Dès 1959, Tinto Brass devient assistant-réalisateur d’Alberto Cavalcanti pour Les noces vénitiennes (1959), puis pour le documentaire Inde, terre mère (Roberto Rossellini, 1959) et Le Général de la Rovere (Roberto Rossellini, 1959). Cette expérience avec le maestro le marque durablement et l’amène à la réalisation. Il débute en tant que cinéaste à part entière avec le drame Chi lavora è perduto (In capo al mondo) (1963) qui est en quelque sorte autobiographique. Le style avant-gardiste correspond aux expérimentations de la Nouvelle Vague française.

Les premiers essais des années 60

Yankee, l'affiche du film

© 1966 Tigielle 33 – Balcázar Producciones Cinematográficas / Affiche : Guy-Gérard Noël. Tous droits réservés.

Toutefois, les impératifs économiques vont rappeler l’anarchiste à l’ordre et Tinto Brass est contraint désormais d’œuvrer dans le cadre du cinéma commercial. Ainsi, il réalise un sketch de la comédie collective La mia signora (1964), puis le loufoque Il disco volante (1964). Désormais inclus dans le circuit, Tinto Brass tourne le western Yankee (1966), avant d’aborder le thriller à machination avec En cinquième vitesse (1967). Dans ces œuvres de jeunesse, il tente de détourner le genre abordé pour y insuffler une certaine originalité.

Peu satisfait de sa situation, Brass va ensuite tourner des œuvres plus personnelles et avant-gardistes qui ne tiennent pas longtemps l’affiche. Parmi elles, on peut citer Dropout (1970) et La vacanza (1971). Ce dernier est un tel échec commercial que le cinéaste se retrouve sur la paille pendant plusieurs années.

Le tournant Salon Kitty, suivi de Caligula

Alors que sa carrière prend l’eau, l’anarchiste est repêché par le producteur Ermanno Donati qui lui propose de réaliser Salon Kitty (1976), d’après un roman historique choc évoquant les bordels du Troisième Reich. Le résultat, porté par Helmut Berger et Ingrid Thulin, est provoquant, troublant et va même initier la mode de la nazisploitation. Le succès est immédiat et fait connaître du jour au lendemain son réalisateur.

Caligula, l'affiche

© 1979 Penthouse Films International – Felix Cinematografica / Affiche : LPC / Jean-Claude Labret. Tous droits réservés.

Tinto Brass enchaîne immédiatement avec un autre film choc sur le pouvoir, mais cette fois-ci sous la Rome impériale. Ainsi, il réalise Caligula (1979) avec Malcolm McDowell et Peter O’Toole. Toutefois, le film, déjà assez gratiné, est caviardé de scènes X tournées dans le dos du cinéaste par le producteur Bob Guccione, également patron de Playboy. Dès lors, Tinto Brass refuse de signer le film qui restera pourtant son plus célèbre par le parfum de scandale qu’il dégage.

Ouverture de la “boite à fantasmes” de Tinto Brass

Afin de retrouver foi en son métier, le cinéaste tourne rapidement le drame Action (1980) qui n’obtient aucun écho. Trois ans plus tard, Brass inaugure le cycle qui va le remettre en selle, à savoir des films érotiques chics et soft, généralement situés dans les années 30-40. Ainsi, il triomphe en Italie avec La clef (1983) porté par Stefania Sandrelli. Grâce à ce beau succès, Tinto Brass enchaîne avec Miranda (1985) où il met en exergue la beauté de Serena Grandi. Nouveau succès. Dès lors, le cinéaste renchérit avec Vices et caprices (1987) qui est encore plébiscité par la public italien. Si Snack Bar Budapest (1988) marche moins, le cinéaste retrouve les faveurs du public avec Paprika (1991).

Jaquette de Miranda (Sidonis, bluray)

© 2024 Sidonis. S.R.L. Tous droits réservés

La suite de sa carrière se conforme à ce style unique, le nom du cinéaste devenant une valeur marchande dans le domaine de l’érotisme. Il en tourne encore de nombreux, dont Monella (1998) ou encore Senso 45 (2002). A noter qu’aucun des films du cinéaste n’est sorti en France à partir de 1987. Son dernier méfait intervient en 2005 avec Monamour.

Depuis, le cinéaste vieillissant est en retraite, d’autant qu’il a été victime d’une hémorragie cérébrale en 2010. Même s’il s’est remis, Tinto Brass est désormais un nonagénaire qui a tout de même trouvé le temps de se remarier en 2017, soit onze ans après le décès de sa première épouse et collaboratrice Carla Cipriani, qui lui a donné deux beaux enfants.

Virgile Dumez

Filmographie de Tinto Brass

Réalisateur, longs métrages
  • 1963 : Qui travaille est perdu (Chi lavora è perduto)
  • 1964 : Ça ira — (documentaire)
  • 1964 : La mia signora, épisodes L’uccellino et L’automobile
  • 1964 : La Soucoupe volante (Il disco volante)
  • 1966 : Yankee
  • 1967 : En cinquième vitesse (Col cuore in gola)
  • 1968 : L’urlo
  • 1969 : Nerosubianco
  • 1970 : Dropout
  • 1971 : La vacanza
  • 1975 : Salon Kitty (Les Nuits chaudes de Berlin)
  • 1979 : Caligula (Caligola)
  • 1980 : Action
  • 1983 : La Clef (La chiave)
  • 1985 : Miranda
  • 1987 : Vices et Caprices (Capriccio)
  • 1988 : Snack Bar Budapest
  • 1991 : Paprika
  • 1992 : All Ladies Do It (Così fan tutte)
  • 1994 : Le voyeur (L’uomo che guarda)
  • 1995 : La Boîte à fantasmes de Tinto Brass (Fermo posta Tinto Brass)
  • 1997 : Monella
  • 2000 : Transgressing (Tra(sgre)dire)
  • 2002 : Senso ’45
  • 2003 : Fallo!
  • 2005 : Monamour
x