Otar Iosseliani fut un poète précieux de l’écran, quelque part entre Jacques Tati et Buster Keaton. Il poursuivit en France son œuvre singulière qui débuta dans sa Géorgie natale.
Un poète géorgien maudit
Réalisateur géorgien naturalisé français en 1982, Otar Iosseliani a d’abord eu une formation de mathématicien et de mécanicien. Il intègre ensuite L’Institut national de la cinématographie à Moscou. Ses films sont peu appréciés des autorités communistes, lui qui est éloigné des canons du réalisme socialiste pour privilégier la poésie et le ton décalé. C’est d’abord le cas de son moyen métrage Avril (1961), censuré pendant plusieurs années, avant de trouver une sortie confidentielle.
Ses deux premiers longs, La chute des feuilles (1966) et Il était une fois un merle chanteur (1970), subissent quasiment le même sort, mais parviennent à être présentés au Festival de Cannes. Influencé par les cinémas de René Clair, Jacques Tati ou Buster Keaton, l’art de Iosseliani est d’une rare délicatesse, maniant un humour mélancolique avec subtilité, et un sens de la saynète épurée.
Otar Iosseliani, l’art de la délicatesse
Ses personnages sont à la fois excentriques ou introvertis, et l’on croisera dans son œuvre un percussionniste évadé de l’opéra, des étudiants en musique envoyés dans un kolkhoze, des aristocrates et des éboueurs récupérant des objets volés, une châtelaine adepte du tir à l’arc, un marabout hantant des réceptions huppées ou un bel officier tsariste hantant les rêves d’une dame âgée, le tout sans chercher à caresser le public dans le sens du poil par un pittoresque convenu.
Dans les années 1980, Otar Iosseliani, également documentariste (Euskadi, 1983 ; Seule, Géorgie, 1994), s’installe en France et y poursuit sa filmographie singulière. Il obtient plusieurs récompenses. Les favoris de la lune, Et la lumière fut puis Brigands, chapitre VII remportent le prix spécial du jury à Venise. Adieu, plancher des vaches ! reçoit le prix Louis-Delluc, et Lundi matin l’Ours d’argent du meilleur réalisateur à la Berlinale.
Otar Iosseliani est décédé le 17 décembre 2023 à l’âge de 89 ans.
Ils nous ont quittés en 2023