Le môme : la critique du film (1986)

Policier | 1h39min
Note de la rédaction :
4,5/10
4,5
Le môme, l'affiche

  • Réalisateur : Alain Corneau
  • Acteurs : Richard Anconina, Michel Duchaussoy, Ambre, Yan Epstein
  • Date de sortie: 20 Août 1986
  • Nationalité : Français
  • Scénario : Alain Corneau et Christian Clavier (dialogues)
  • Directeur de la photographie : Jean-Francis Gondre
  • Distributeur : AMLF
  • Éditeur vidéo : Proserpine (VHS)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 665 730 entrées / 143 341 entrées
  • Crédits affiche : © 1986 Orly Films - Sara Films / Illustrateur : © Guy Peellaert. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

A mi-chemin entre polar et film d’auteur, Le môme ne parvient pas à choisir et perd sur tous les tableaux. Un Corneau mineur.

Synopsis : La rencontre d’un flic marginal et d’une métisse sans racines entrainés par une enquête dans un monde dangereux qu’ils ne soupçonnaient pas.

Alain Corneau revient au polar noir, mais sans réelle conviction

Critique : Alors qu’il sort tout juste du tournage monumental et éreintant de Fort Saganne (1984), Alain Corneau éprouve le besoin de se ressourcer en revenant au cinéma noir qui a fait sa renommée. Effectivement, malgré un nombre d’entrées conséquent, sa superproduction s’est révélée être une déception au box-office au vu de son budget astronomique. Quoi de mieux que se replonger dans un univers sombre dont il maîtrise la grammaire sur le bout des doigts ?

Le môme, la jaquette VHS

© 1986 Orly Films – Sara Films / Illustrateur : © Guy Peellaert. Conception jaquette : Proserpine. Tous droits réservés.

Toutefois, en écrivant Le môme, Alain Corneau semble déjà en quête d’un autre type de cinéma, sans arriver vraiment à en définir les contours. Il se réfugie donc dans la facilité d’une intrigue policière qui ne tient pas vraiment la route, assaisonne le tout par des dialogues très écrits de Christian Clavier et tente de s’aventurer par moments dans le cinéma d’auteur qu’il cherche à embrasser.

Un auteur en quête d’un autre cinéma

Le problème majeur du Môme vient de cette hésitation d’un auteur qui se cherche une nouvelle voie artistique. De plus en plus attiré par les marginaux et leurs errances nocturnes, Corneau devra subir l’échec commercial de ce nouveau long-métrage pour enfin balayer ses appréhensions et se lancer dans un cinéma plus intimiste et intériorisé avec le magnifique Nocturne indien (1989). On en sent vaguement les prémices dans Le môme, mais à un état embryonnaire. Corneau ne se résout pas ici à abandonner une trame policière qui n’est qu’un prétexte pour suivre l’errance de deux êtres à la dérive.

Une avalanche de clichés pour un duo d’acteurs faiblard

Malheureusement, si l’intrigue policière ne tient pas vraiment la route, le cheminement des deux personnages principaux non plus. Il faut tout d’abord signaler que cette histoire d’amour entre une prostituée et un flic tient du cliché pur et dur. Pire, les dialogues soulignent par leur pauvreté cette tendance à enfoncer des portes ouvertes.

Enfin, le long-métrage ne se remet pas d’une grave erreur de casting. Effectivement, le couple formé par Richard Anconina et Ambre ne fonctionne tout simplement pas à l’écran. La jeune comédienne au jeu fragile n’est absolument pas attachante, tandis qu’Anconina a du mal à incarner un flic crédible, à cause de son éternel air de chien battu. Il a beau être un excellent comédien, Alain Corneau n’est pas parvenu à faire exister son personnage au-delà d’un archétype mal digéré.

Quelques bonnes scènes dans un ensemble bancal et ennuyeux

Reste à sauver de l’ensemble une réelle appétence du cinéaste pour filmer le Paris nocturne et sa proche banlieue. On peut également trouver assez réussie la course-poursuite finale en voiture. Enfin, incongruité parmi d’autres, le règlement de compte final à coup de lance-roquette étonne au cœur de la production française traditionnelle – mais peut également faire sourire par son outrance.

Coup d’épée dans l’eau, Le môme n’a pas réussi à capitaliser sur la (trop) récente notoriété de Richard Anconina pour s’imposer au box-office national. Pourtant, lors de sa première semaine sur Paris, le film décroche bien la première place avec 77 768 entrées, mais il s’écroule dès la semaine suivante, à la fois par la faute d’un mauvais bouche-à-oreille et par la sortie de Jean de Florette (Berri, 1986) qui le foudroie. Le long-métrage de Corneau perd environ 50 % de ses entrées d’une semaine à l’autre et finit donc à 140 000 spectateurs parisiens et seulement 665 730 entrées dans l’Hexagone.

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Critique du film : Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 20 août 1986

Le môme, l'affiche

© 1986 Orly Films – Sara Films / Illustrateur : © Guy Peellaert. Tous droits réservés.

Box-office :

Avec 12 016 entrées pour son premier jour le retour d’Alain Corneau au polar faisait ce qu’il pouvait pour survivre dans un été 86 calamiteux. Richard Anconina en solo devait faire montre de force pour s’imposer au box-office. Le film noir affrontait la production de science-fiction de John Badham, Short Circuit qui échouait dès son premier jour (4 290 entrées, 41 salles), le film d’épouvante Poltergeist 2 (6 351, 38 salles). Les autres sorties du jour, le drame érotique Cent francs l’amour (2 169, 15 salles), et la réalisation de Paul Michael Glaser (Starsky, dans la série bien-connue), Le mal par le mal (2 281, 20 salles).

A l’issue de la première semaine, Corneau prend la première position du B.O. avec 77 768 entrées sur Paname face à Poltergeist 2 qui atterrit en 3e place avec 41 320 spectateurs. Faute de réelles qualités artistiques, Le Môme chute à la 4e marche en deuxième semaine, avec 40 103 spectateurs. L’arrivée de Jean de Florette a fait du mal à la concurrence, avec 281 197 en 7 jours.

La troisième semaine sera mortelle avec une 12e place épouvantable et 17 285 spectateurs. Le bouche-à-oreille a tué le film qui ne se relèvera jamais. Désormais présent dans 9 salles sur Paris-Périphérie en 4e semaine, le tandem Anconina/Ambre n’attire plus que 5 649 spectateurs pour un total dérisoire de 140 805 entrées.

AMLF parvient difficilement à lui trouver des écrans en 6e semaine où le film tient dans deux salles (les Parnassiens, le Français Pathé) pour 984 spectateurs. 100 entrées de plus au Lucernaire en 7e semaine et Tchao Pantin. Total de 143 341 entrées.

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