Lina Wertmüller fut, avec Liliana Cavani, la plus grande réalisatrice italienne. Sa période faste se situe dans les années 70 avec des réussites comme Film d’amour et d’anarchie.
Néoréalisme, films de genre et d’auteur
Réalisatrice et scénariste italienne, Lina Wertmüller a d’abord été assistante réalisatrice, notamment pour Federico Fellini (8 ½). Elle débute dans la mise en scène en 1963 avec Il basilischi qui s’inscrit dans la lignée du néoréalisme et se voit récompensé au Festival de Locarno. Suivent d’autres productions destinées surtout au marché transalpin et dans lesquelles la cinéaste aborde plusieurs genres dont la comédie musicale et le western spaghetti (Belle Starr, avec Elsa Martinelli, en 1967).
Lina Wertmüller connaît la consécration dans les années 70 avec des comédies satiriques qui connaissent un succès critique et public, et sont interprétées par son acteur fétiche, Giancarlo Giannini.
Mimi métallo blessé dans son honneur (1972) est une truculente chronique de mœurs siciliennes, quand Film d’amour et d’anarchie évoque la montée du fascisme sur le ton de la fable politique. Ce long métrage permet à Giannini de décrocher le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes 1973. La réalisatrice confirme sa verve avec Vers un destin insolite sur les flots bleus de l’été (1974) qui aborde les rapports de classe et de genre. Pasqualino (1975) adopte un ton plus sombre en traitant le thème des camps de concentration.
Lina Wertmüller et la consécration internationale
Le long métrage est controversé mais vaut à Lina Wertmüller une nomination aux Oscars de la meilleure réalisation et du meilleur film en langue étrangère. Le drame psychologique La fin du monde dans notre lit conjugal (1978) suscite davantage d’indifférence et marque la fin d’un cycle pour la cinéaste.
À partir des années 80, Lina Wertmüller prend ses distances avec le cinéma et tourne quelques œuvres pour la télévision. Ses films pour le grand écran ne sont plus distribués en France, à l’exception de Par une nuit de clair de lune (1989), qui réunit Rutger Hauer et Nastassja Kinski, mais rencontre peu d’écho.
Mais elle collabore avec de grands interprètes, comme Harvey Keitel dans Camorra (1985), Sophia Loren dans Sabato, domenica e lunedì (1990) et Pepperoni ripieni e pesci faccia (2004), Stefania Sandrelli dans Ninfa plebea (1996). Elle se retire après un court métrage documentaire en 2014. Son importance dans le cinéma italien est revue à la hausse dans les années 2000 et 2010 et la réalisatrice obtient même un Oscar d’honneur en 2020. Lina Wertmüller est décédée à l’âge de 91 ans le 9 décembre 2021.