Un blockbuster généreux en action, qui échoue néanmoins dans ses prétentions psychologiques à créer la moindre empathie vis-à-vis de son héros à griffes.
Synopsis : Après avoir intégré le programme militaire ” Weapon X ” qui transforme les mutants en armes vivantes, Wolverine n’a de cesse de retrouver ceux qui ont tué son père et la femme qu’il a aimée.
La polémique d’une oeuvre jetée en pâture aux pirates du web un mois avant sa sortie
Critique : Une copie de travail aux effets spéciaux non finalisés et incomplète de 15 minutes avait parcouru la toile un mois avant la sortie du premier Wolverine au grand désespoir de la Fox. Des critiques de fans hardcore de la BD d’origine ont émergé de ce fait bien avant celles des professionnels. Geeks et consorts ont commencé à montrer leurs « dents de sabre » et à aiguiser leurs « griffes », furieux de ce qu’ils ont qualifié comme un sabordage en bonne et due forme de la saga de Marvel. Une manière comme une autre de créer, avec beaucoup de malveillance, un buzz négatif à partir d’un matériau inachevé, qui n’aurait jamais dû circuler et être vu par le public dans ces conditions. On peut, certes, comprendre l’impatience des internautes et leur désir de découvrir des événements avant tout le monde, mais de là à casser du blockbuster gratuitement sur des impressions bâties dans les pires conditions, on peut trouver cette tendance inepte. Wolverine vu sur un écran d’ordinateur, sans le son multipiste, le bon étalonnage et des FX finalisés, c’est faire montre d’un amour du cinéma qui relève de la consommation poubelle, aussi, il était difficile de trouver la moindre crédibilité dans ces jugements hâtifs. Bon blockbuster qu’il est (ou même mauvais, peu importe), ce nouvel épisode de la franchise X-Men mérite quand même un peu plus d’égards que ces jugements préfabriqués.
De la subtilité et de la psychologie, tu devras t’en passer
Alors que vaut vraiment le film achevé ? D’entrée de jeu, force est d’admettre que ce nouvel opus n’a pas la trempe d’un Spider-man ou d’un Dark Knight pour rejoindre au firmament les meilleures adaptations de comics au cinéma. Ce spin-off qui revient sur des événements antérieurs aux trois films de la trilogie originelle des mutants de Marvel, marque une sorte de parenthèse dans la série en se concentrant sur le personnage joué par Hugh Jackman. Malheureusement, Wolverine, le super-héros mutant, crée en 1974, plus de dix ans après les X-men, peine ici à trouver écrin à son charisme bestial.
Toute la psychologie de ce caractère binaire, déchiré entre humanité, désir de normalité, et bestialité et envie de vengeance, bute sur des choix narratifs un peu extravagants, comme le résumé hâtif des 150 premières années de sa vie, de la mort de son père – qu’il tue lors d’un tragique malentendu -, aux ridicules scènes de guerre qui se succèdent sans aucun réalisme (la guerre de Sécession, le grand débarquement de Normandie, et les scènes au Vietnam sont traités en un clin d’œil de façon kitsch et maladroite).
La réalisation tape-à-l’œil, construite sur l’effet, manque de subtilité et même de profondeur pour qu’on puisse capter toutes les contradictions de l’homme loup et de ses congénères. La fameuse X Team de mutants que le héros éponyme rejoint, avec son frère Dents-de-Sabre, au tout début, nous renvoie immédiatement aux productions de Golan / Globus des années 80 pour le côté gros bras lourdingue, typique des action movies de cette époque.
La première apparition de Deadpool
Faute de temps pour laisse le cinéaste installer leur personnalité, les membres du commando sont expédiés en clichés, interprétés par un casting de seconds rôles cabotins qui peinent à donner corps à leur fêlure : Liev Schreiber dans la peau du méchant frérot, plus de dix ans après les Scream, manque toujours autant de présence pour incarner une figure maléfique ; Ryan Reynolds qui revête pour la première fois de sa carrière la peau de Deadpool, est relégué au statut d’homme-corps dont on admire plus la plastique que le jeu éminemment insipide…
Après l’introduction « historique », la suite du récit ne rabiboche pas notre intérêt pour les personnages, même celui de Wolverine, alors en pleine phase de construction émotionnelle. Le mutant démarre une nouvelle vie, loin de la Team X qu’il a rejetée pour mener une existence paisible de bûcheron amoureux. Cette pause anti-blockbuster de par son cadre forestier nous ramène irrémédiablement à l’action bucolique d’Elektra, loin des fourmilières high-tech inhérentes aux films de super-héros. Mais, fort heureusement très vite, l’instinct animal du personnage éponyme, propulsé par l’assassinat sauvage de sa dulcinée, va reprendre le dessus. La bête, avide de vengeance, reconstruite à l’adamantium par des scientifiques militaires peu scrupuleux, prêts à tirer profit de sa douleur, devient désormais le Wolverine aux pouvoirs décuplés tel qu’on a pu le découvrir dans la saga originelle, avec des lames métalliques remplaçant les ongles interminables qu’il traînait dans sa chair depuis son enfance.
Les débuts laborieux d’une trilogie
Si la référence pastorale au spin-off nullissime de Daredevil n’est pas glorieuse, X-men origins sait fort heureusement s’en démarquer grâce à son rythme alerte qui va dynamiser l’ambiance pépère des Rocheuses canadiennes, et propulser l’action au gré de scènes improbables, mais suffisamment fortes et puissantes pour capter l’attention. Hugh Jackman, devenu mutant surpuissant, sans jamais provoquer la moindre empathie dans son désir de rétribution, contrairement aux figures solitaires des vraies réussites du genre, bondit de rencontre en rencontre.
De nouveaux mutants apparaissent, tous attendus par les fans de la saga depuis des lustres, tandis que la fin préfigure les premières adaptations de Bryan Singer, notamment avec l’apparition de Cyclope. De quoi alimenter les tempêtes psychologiques de notre héros romantique qui lutte de manière spectaculaire contre un hélicoptère belliqueux ou encore combat un monstre redoutable au sommet d’une centrale nucléaire. Finalement à défaut de se prendre trop au sérieux, Gavin Hood (Mon nom est Totsi et Détention secrète) a opté pour la concision du popcorn movie certes généreux, mais trop simpliste pour espérer devenir un incontournable. Le sequel, Le Combat de l’immortel, en 2013, allait le rattraper dans la nullité. Il faudra attendre 2017 et l’impressionnant Logan pour que loup puisse revenir à ses origines animales, le film de la rédemption que l’on n’osait plus attendre.
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