Waitress : la critique du film (2007)

Comédie indie, Comédie dramatique | 1h44min
Note de la rédaction :
6/10
6
Affiche de Waitress d'Adrienne Shelly (2007)

  • Réalisateur : Adrienne Shelly
  • Acteurs : Adrienne Shelly, Nathan Fillion, Keri Russell, Cheryl Hines, Jeremy Sisto
  • Date de sortie: 05 Sep 2007
  • Année de production : 2007
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Waitress
  • Titres alternatifs : Waitress - Ricette d'amore (Italie), Kelnerka (Pologne), Jennas Kuchen - Für Liebe gibt es kein Rezept (Allemagne), La camarera (Espagne), Recetas de amor (Argentine, Mexique, Unelmien resepti (Finlande), Pincérlány - Édesen is csípős (Hongrie), Garçonete (Brésil)
  • Autres acteurs : Andy Griffith, Eddie Jemison, Darby Tanchfield, Lew Temple, Heidi Sulzman, Lauri Johnson, Sarah Hunley, Cindy Drummond, Nathan Dean
  • Scénariste : Adrienne Shelly
  • Directeur de la photographie : Matthew Irving
  • Monteuse : Annette Davey
  • Compositeur : Andrew Hollander
  • Directeur artistique : Jason Baldwin
  • Chef Maquilleuse : Paula Jane Hamilton
  • Chef décorateur : Ramsey Avery
  • Chef monteur son : Matthew Nicolay
  • Producteur : Michael Roiff
  • Producteurs exécutifs : Todd King, Jeff Rose, Daniele Renfrew, Robert Bauer
  • Sociétés de production : Fox Searchlight Pictures, Night & Day Pictures
  • Distributeur : Twentieth Century Fox
  • Editeur vidéo : Twentieth Century Fox Home Entertainment
  • Date de sortie vidéo : 28 mai 2008 (DVD)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 42 412 entrées / 26 363 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 19 074 800$/ 22 240 529$
  • Budget : 1 500 000$
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics / PG-13 (USA)
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (35mm, Technicolor) / Dolby Digital
  • Festivals : Sélection officielle Deauville, Locarno International Film Festival, Sundance Film Festival, Sarasota Film Festival, US Comedy Arts Festival Aspen, Method Fest Independent Film Festival, Phoenix Film Festival, Philadelphia International Film Festival, Sarasota Film Festival, Newport Beach Film Festival, Nantucket Film Festival, Sydney Film Festival, Cambridge Film Festival, American Film Festival (Russie), Rio de Janeiro International Film Festival, Athens Film Festival, Warsaw International FilmFest
  • Récompenses : Deux prix aux Newport Beach Film Festival (Prix du Public, Meilleur acteur), Meilleur film indépendant (National Board of Review), Meilleur long de fiction au Sarasota Film Festival / 6 nominations aux Alliance of Women Film Journalists, 1 nomination aux Film Independant Spirit Awards (scénario),
  • Illustrateur / Création graphique : © P+A / Mojo. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2007 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachées de presse : Initial Event (Sophie Bataille, Laura Mannier)
  • Tagline : En amour, il n'y a pas de recette (France) / Love doesn't take orders / If only life was as easy as pie (Etats-Unis)
Note des spectateurs :

Waitress est le film posthume de l’actrice Adrienne Shelly, ancienne égérie d’Hal Hartley passée à la réalisation avec succès. La comédie féministe est une pâtisserie savoureuse, cuisinée à la sauce Sundance mais matinée d’un côté meringue qui a forcément moins fait recette en France.

Synopsis : Jenna, serveuse favorite chez Joe’s Diner, est aussi appréciée des clients pour son gracieux sourire que pour ses succulentes tartes. Moins heureuse en amour, Jenna est affligée d’un mari comme on n’en fait presque plus : Earl.
Un beau matin, Jenna découvre avec horreur qu’elle est tombée enceinte de cet homme. Elle se rend alors chez le nouveau gynécologue de sa petite ville, le timide et charmant Docteur Pomatter… dont elle tombe immédiatement amoureuse.
S’ensuit une liaison torride, qui compliquera encore un peu plus sa vie. Au fil des semaines, le ventre de la jolie serveuse s’arrondit, et une subtile métamorphose s’opère en elle sous le regard complice de ses collègues et amies Becky et Dawn et de son vieux patron, Joe.
Jenna se découvre des ressources insoupçonnées, un courage, des aptitudes et une faculté de résistance qu’elle ne se connaissait pas. Sa vie semble désormais avoir un sens.

La mort n’a pas attendu : la tragédie d’Adrienne Shelly

Critique : Gloire du cinéma indépendant Américain des années 90, notamment le temps d’un beau diptyque sous la caméra amoureuse d’Hal Hartley (The unbelievable truth et Trust me), Adrienne Shelly était passée à la réalisation sans grand succès avec une poignée de longs tous inédits sur notre territoire, dont l’intrépide Sudden Manhattan en 1996. Amère coïncidence, sa première percée au box-office américain (1M$ de budget, 20M$ de recettes) est une œuvre posthume, présentée à Sundance et sortie en salles quelques mois après le meurtre violent de la jeune quadragénaire.

Le film sur le meurtre d’Adrienne Shelly

La tragédie est difficile à oublier tant le souvenir de cette personnalité sensible et poétique avait durement marqué la jeunesse estudiantine des années 90. Aussi, le plaisir de retrouver la comédienne – qui interprète aussi ici un second rôle – dans cette comédie pétillante et pleine de joie de vivre, est quelque peu gâché par ces souvenirs d’antan mêlés au fait divers sordide dont elle a été la victime.

On en oublierait presque la réalité du film tant la double actualité autour de la sortie a été chargée. A priori, Waitress est une œuvre que l’on n’a pas totalement envie de célébrer comme un mets incontournable au sein du cinéma indépendant dont l’actrice-réalisatrice était si friande. Un peu bancal, cet indie movie à la sauce épaisse d’un studio en quête d’un coup de marketing à la Little Miss Sunshine (Fox Searchlight se cache derrière le projet) est aussi séduisant qu’irritant.

Waitress : une romance féministe destinée au public le plus consensuel de Sundance

Le récit désuet met en scène une femme dans une Amérique des patelins où l’épouse n’a pas grand avenir sans son homme à condition qu’elle ne tombe sur le gros lot. Ce qui n’est pas le cas de Jenna, l’héroïne jouée par Keri Russell (la série Felicity de J.J.Abrams et Matt Reeves) angoissée à l’idée d’être enceinte de son macho de mari, un crétin irascible et détestable qu’elle rêve de quitter, à raison. Mais sans le sou et le polichinelle dans le tiroir, les perspectives d’émancipation sont bien maigres. Aussi, comme pour nourrir son désir d’évasion, elle cuisine des pies (des tourtes, donc, en français) dans un restaurant de route, et trouve un semblant de réconfort dans les bras de son gynéco qui, forcément, en connaît un bout en matière de gente féminine.

Il est vrai que le synopsis sillonne des chemins d’une grande mièvrerie avec son emballage esthétique de conte de fées du comptoir que Shelly, américanisé à outrance. La réalisatrice, pourtant rompue aux oeuvres décalées (elle a joué dans le cocasse Caravan City et Factotum), semble avoir cédé la caméra aux personnages d’adolescentes naïves qu’elle incarna jadis chez Hal Hartley. Le ton s’enlise parfois dans le sirupeux d’une sitcom américaine des années 60, Shelly refusant de noircir les personnages qu’elle souhaite garder lisses et sucrés à l’image des mets délicieux qu’elle exhibe à l’écran (un défilé de tourtes succulentes qui emporte toute notre adhésion).

Manifeste provincial pour ménagère désabusée

Face à un drame conjugal où la critique contre la gent masculine aurait pu être davantage à charge, la cinéaste et également scénariste chasse très vite les tentations du drame social pour ne garder que la texture, le ton et le goût de la comédie colorée et édulcorée, forcément inoffensive et malheureusement prévisible. Cela sera d’ailleurs la malédiction qui frappera l’ensemble de la filmographie de Keri Russell, comédienne lisse qui peine à soulever l’empathie dans ses rôles.

Donc Waitress est un gavage aux clichés forcément décevant de la part d’une autrice à la carrière aussi exigeante. Néanmoins, il est impossible de ne pas reconnaître à cette dégustation une certaine saveur, notamment pour ceux et surtout celles qui souhaitent se laisser embarquer dans ce manifeste provincial pour ménagères désabusées. Et oui, les années 2000, c’était aussi l’époque des Desperate Housewives à la télévision. Dans le même genre, Gwyneth Paltrow avec Hôtesse à tout prix (2003) et Jenifer Aniston dans Cake feront de toute façon moins bien.

Adrienne Shelly, #MeToo dix ans avant

Véritable film culte aux USA où il engendra une comédie musicale qui traversera les USA et le Royaume-Uni, Waitress reste néanmoins l’une des plus grandes sources de frustration pour les spectateurs, la famille de Shelly et les féministes américaines. Parce qu’avant #MeToo Adrienne Shelly s’était élevée contre le sort et le sexisme réservés aux actrices et aux réalisatrices à Hollywood, parce que cette jeune mère de famille avait tout pour se réjouir de l’avenir, du bonheur maternel et de la perspective d’une vraie carrière en tant que cinéaste – ce que deviendra Sarah Polley, par exemple -, parce que l’héroïne de Trust me aurait pu devenir l’une de ces femmes qui ont aiguillé l’histoire, comme son amie, Rosanna Arquette à la chute de Harvey Weinstein. Et surtout parce qu’elle est morte, assassinée par un jeune homme, donc de ce que l’on qualifie désormais systématiquement de féminicide aujourd’hui… sa tragédie humaine laisse finalement peu de place à la vraie critique.

Oui, pour Adrienne, de ce Waitress, on en reprendra toujours une part.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 5 septembre 2007

Affiche de Waitress d'Adrienne Shelly (2007)

© 2007 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés / All rights reserved

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Affiche de Waitress d'Adrienne Shelly (2007)

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