Nanar indéfendable, Vivre pour survivre est avant tout un très mauvais film assez ennuyeux et pas vraiment drôle. A réserver aux bisseux hardcore.
Synopsis : Mike et Ingrid sont un frère et une sœur dont les parents ont été tués par de mystérieux malfaiteurs lorsqu’ils étaient enfants. Vingt ans plus tard, Mike et Ingrid ont grandi et travaillent avec Sam au sein d’un trafic de diamants en Turquie. En guise de couverture, Ingrid est secrétaire dans une mine de diamants dans le désert. Quand les ouvriers de la mine déterrent un jour le légendaire White Fire, le plus gros diamant du monde, Ingrid et Mike décident alors de comploter pour s’en emparer.
Une joyeuse cacophonie de séquences dépareillées
Critique : Depuis le milieu des années 70, le réalisateur Jean-Marie Pallardy s’est distingué par la création d’un nombre conséquent de films érotiques, puis pornographiques, qui ont marqué leur temps par le choix de titres évocateurs comme le fameux L’arrière-train sifflera trois fois. Vers 1984, Pallardy a noué des liens avec l’industrie cinématographique turque et peut donc envisager de passer à la vitesse supérieure en tournant à Istanbul un film d’action et d’aventures. Il bénéficie non seulement de paysages naturels splendides, mais aussi de décors qui viennent tout juste de servir pour un film de science-fiction turc. La fameuse base située dans la carrière de diamants sert donc de décor principal d’une intrigue que l’on n’a toujours pas comprise.
La particularité des tournages de Jean-Marie Pallardy est effectivement la spontanéité et la débrouillardise, en fonction de l’humeur du moment. Malgré la contribution du monteur Bruno Zincone, il est donc très difficile de saisir la moindre cohérence dans ce monument bordélique qu’est Vivre pour survivre. Il ne faut pas longtemps au spectateur pour se rendre compte que le long-métrage n’est qu’un assemblage de séquences qui ne font pas vraiment sens une fois collées les unes aux autres.
Un monument bis, mais surtout d’ennui
Cela démarre avec une scène pré-générique où l’on assiste à l’assassinat des parents de deux gamins dont on ne comprendra d’ailleurs pas vraiment l’intérêt. En tout cas, Jean-Marie Pallardy s’est clairement investi à fond dans cette séquence puisqu’il est manifestement victime d’un accident de tournage conservé dans le film. Le lance-flammes a visiblement été mal réglé et l’acteur-réalisateur se prend des flammes en plein visage pour une séquence hallucinante qui aurait d’ailleurs pu lui coûter la vie. Tout ça pour ça, serait-on tentés de dire !
Après le générique, nous voici transportés une vingtaine d’années plus tard en Turquie. Le cinéaste met alors en place une intrigue absolument incompréhensible autour d’un trafic de diamants et d’une pierre précieuse gigantesque appelée White Fire. Dire que l’on se contrefiche comme d’une guigne des tunnels dialogués qui suivent est un euphémisme. Joué avec les pieds par des acteurs visiblement mal dirigés, Vivre pour survivre fait paraît-il le bonheur de nombreux bisseux. Pourtant, nous y avons surtout vu un monument d’ennui abyssal. Il y a bien ça et là quelques répliques stupides, ainsi que des fautes de raccord qui font sourire, mais cela est tout de même bien maigre pour alimenter la projection longue d’une heure et quarante interminables minutes.
Un nanar pas vraiment drôle, mais assurément déplorable
Tourné en dépit du bon sens et plombé par un sous-texte douteux (Pallardy semble y faire l’apologie de l’inceste entre frère et sœur, de manière assez surréaliste car sans aucun second degré), Vivre pour survivre est un très mauvais film et un nanar de première grandeur. On peut ajouter à la longue liste des choix artistiques douteux l’apport de deux titres pop dégoupillés par le claviériste de Deep Purple, Jon Lord. D’une kitscherie sans nom, les deux morceaux sont utilisés sans aucune modération par les auteurs afin de combler le vide abyssal des images tournées.
On aura donc une pensée émue envers l’ensemble du casting qui est définitivement tombé bien bas. Robert Ginty confirmait ici sa dégringolade dans le cinéma Z, tandis que Fred Williamson passait ici de l’Italie à la Turquie dans une sorte de frénésie de tournage proprement hallucinante. On retrouve également à l’écran des bourlingueurs comme Gordon Mitchell ou l’inénarrable Jess Hahn qui ont, on l’espère, reçu un joli chèque avec voyage en Turquie aux frais de la production.
Ce navet de première catégorie serait apparemment sorti en province durant le mois d’août 1984 selon les sites Encyclociné et Unifrance. En tout cas, la petite notoriété acquise par le métrage dans le milieu bis est surtout venue par le biais de la VHS, parfois sous le titre Le Diamant. Devenu culte grâce au site Nanarland qui l’a d’ailleurs programmé lors d’une de ses nuits, Vivre pour survivre a même eu le droit à une récente sortie en DVD. Il est également visible sur certaines plates-formes de VOD et continue donc à amuser la galerie.
Critique de Virgile Dumez