Veux-tu être mon garde du corps ? est l’un des premiers succès de Matt Dillon aux Etats-Unis, trois ans avant sa rencontre avec Francis Ford Coppola. Sa sortie française fut néanmoins ratée… Retour sur ce coming-of-age movie quelque peu oublié sur notre continent.
Synopsis : Pour ne pas se soumettre au racket dont il est la victime, Clifford a une idée astucieuse : faire appel aux services d’un “garde du corps”, un élève solitaire qui domine tous les autres d’au moins deux têtes, et dont la réputation de terreur cache un secret tragique Ricky Linderman (Adam Baldwyn). Petit à petit, une amitié va naitre entre le grand et le petit, amitié qui sera soudée le jour où Clifford apprendra la raison secrète pour laquelle Ricky s’était enferme dans sa solitude.
A travers leur amitié, et à travers le combat qui les unit, les deux garçons vont devenir adultes: Clifford apprendra qu’il faut toujours mener ses batailles soi-même, surtout celles qui semblent perdues d’avance. Et Ricky retrouvera la dignité et le respect de sol qu’il avaient si cruellement perdus.
Critique : Des adolescents qui deviendront grands. Veux-tu être mon garde du corps ? en est rempli. C’est en effet le premier film d’Adam Baldwin, le garde du corps balaise du titre, de la pétillante Joan Cusack et de Jennifer Beals, future star de Flashdance, en 1983. Elle apparaît d’ailleurs sans être créditée au générique.
En ce qui concerne le protagoniste principal du film, Chris Makepeace, il venait de triompher aux côtés de Bill Murray dans Arrête de ramer, t’es sur le sable d’Ivan Reitman, et connaîtra une courte carrière, mais intéressante.
Mais, derrière ce titre français ravageur, c’est surtout, déjà, en 1980, le 3e long métrage de Matt Dillon qui n’a pas encore joué dans le diptyque adolescent de Francis Ford Coppola (Outsiders, Rusty James). Il incarne une fois de plus une petite frappe qui se nourrit de la faiblesse des autres dans un lycée où les tempéraments les plus calmes doivent faire profil bas.
Parmi les longs métrages de Matt Dillon, Veux-tu être mon garde du corps ? est de par chez nous l’un de ses plus méconnus. L’acteur de 16 ans en 1980 venait de jouer dans l’inquiétant Violences sur la ville (Houligans, 1980) et Les petites chéries de Ronald F. Maxwell, avec Tatum O’Neal et Kristy McNichol.
Très peu vu en France, ce coming-of-age movie a eu une carrière compliquée sur notre territoire où sa sortie chaotique en province l’a relégué dans les méandres de l’exploitation de la décennie 80. Avec son titre improbable (une question complète, longue de 7 mots, peu attrayante pour vendre de la péloche) et son affiche dessinée, signée Fernand Zacot, qui évoque davantage son univers de BD et d’animation (Spirale et Pilou) ont déconcerté : le film n’est même pas sorti à Paris.
Pas assez commercial pour son époque, le teen-movie n’est ni une comédie ni un drame, encore moins un produit décérébré pour ados obsédés de la chose. Sur le thème du harcèlement au lycée, My Bodyguard relate l’amitié naissante entre une victime d’un harcèlement (Chris Makepeace que l’on perdra de vue 7 ans plus tard, après Vamp) et le costaud Adam Baldwin que le jeune protagoniste embauche pour le protéger des humiliations du personnage de loubard joué évidemment par Matt Dillon.
Curieusement, la fantaisie ne provient pas forcément du jeune casting. A l’instar de La Boum de Claude Pinoteau, on apprécie plutôt la présence de Ruth Gordon, actrice vétéran qui incarne la grand-mère excentrique et protectrice. Féministe dans l’âme, elle refuse de se plier au diktat social qu’on impose aux femmes et en particulier aux femmes de son âge. C’est elle qui apporte une dose de fantaisie à cette production assez plate qui manque de personnalité.
Le premier film en tant que réalisateur de l’acteur Tony Bill est clairement une comédie de mœurs new-yorkaise, qui joue moins sur le talent de son auteur dont la réalisation est approximative que sur la sensibilité qu’il a essayé d’apporter à ses personnages.
Avec 22 482 952$ au box-office américain durant l’été 1980, la comédie de mœurs a été un succès inattendu, réalisant autant de recettes que Xanadu, American Gigolo et Raging Bull. A titre de comparaison, Flash Gordon, blockbuster foireux, finira sa carrière à 27M$. Veux-tu être mon garde du corps ? dépassera même un certain Fame…
Les sorties de la semaine du 6 juin 1981
Affiche Fernand Zacot © Twentieth Century Fox. All Rights Reserved.
Biographies +
Tony Bill, Matt Dillon, Jennifer Beals,, Joan Cusack, Chris Makepeace, Dean Devlin
