Triple frontière : la critique du film (2019)

Action, Guerre, Survival | 2h05min
Note de la rédaction :
6/10
6
Triple Frontière, affiche du film Netflix

Note des spectateurs :

Proposé en exclusivité sur Netflix, Triple Frontière est un film de guerre qui se révèle tout autre et parvient à surprendre, malgré les traces évidentes de sa très difficile gestation.

Synopsis : D’anciens soldats des forces spéciales peinant à joindre les deux bouts se réunissent pour préparer un coup risqué : piller un baron de la drogue sud-américain.

Critique : Triple Frontière est de ces projets qui ne semblent jamais parvenir à trouver le chemin de nos (petits et grands) écrans. Jugez plutôt : à l’origine destiné à la caméra de Kathryn Bigelow, le projet aura vu défiler dans ses promesses de casting Tom Hanks, Will Smith, Johnny Depp, Tom Hardy ou encore Channing Tatum.

Après avoir multipliés les déboires, l’entreprise sera finalement confiée à J.C Chandor (réalisateur du très bon Margin Call) également à la coécriture du scénario aux côtés de Mark Boals. Non sans échapper à de nouvelles galères (départ de Ben Affleck remplacé par Mark Wahlberg, puis de Mahershala Ali), le metteur en scène aura finalement sous sa direction un casting bien éloigné des promesses initiales : Ben Affleck (finalement revenu aux affaires…), Oscar Isaac, Charlie Hunnam, Garreth Hedlund et Pedro Pascal.

Après 7 ans passés dans les limbes de la production, le film voit finalement ses droits acquis par Netflix en 2017 et l’année suivante, le tournage peut enfin débuter.

TRIPLE FRONTIER (2019) – Crédit photo : Melinda Sue Gordon / Courtesy of Netflix

Le métrage nous raconte donc l’histoire d’une équipe de Rambos 2.0, marquée par les affres de leur passé militaire, et forcément inadaptée à la vie civile. A l’initiative de l’un d’entre eux, l’ancienne escouade va se reformer pour une mission non-officielle en forme de braquage, destinée à la fois à porter un coup décisif aux cartels sud-américains mais aussi à assurer leurs vieux jours, une très forte somme d’argent étant à la clé.

A la lecture du scénario, le spectateur s’attendra probablement à un divertissement d’action, mais il n’en sera rien. Après une première partie assez rythmée, une fusillade introductive et quelques beaux plans d’hélicoptères au son de Metallica, le film s’attarde principalement sur les retrouvailles et les relations (parfois compliquées) entre les ex-Navy Seals, avant de finalement révéler ses véritables intentions dans sa seconde partie, en assumant sa condition de Survival dans les règles de l’art.

Malgré une gestation difficile, Triple Frontière aura parfaitement su digérer ses influences, et ne rechignera jamais à citer ses modèles, sans tomber dans une lourdeur envahissante. On pense comme cité précédemment au premier Rambo, à travers ces hommes qui, malgré toute la meilleure volonté du monde, ne connaissent que la violence. Nous aurons également une petite pensée pour Friedkin et son magnifique Sorcerer, au cours de cette fuite en avant, en pleine jungle, au cours de laquelle rien ne se passera comme prévu.

…”une œuvre prometteuse, mais les traces de production chaotiques semblent hélas indélébiles.”

Mais tout ne restera malheureusement pas sans écueils, à commencer par la prestation générale du casting, dont l’irrégularité sera parfois agaçante : si Hunnam, Pascal et Isaac s’en tirent avec les honneurs, c’est beaucoup moins le cas de Garreth Hedlund, qui malgré son investissement manifeste, à bien du mal à exister parmi toutes ces gueules cassées (après avoir déjà interprété un militaire sur le retour de manière peu convaincante dans Mudbound, une autre production Netflix).

TRIPLE FRONTIER (2019)
Crédit photo : Melinda Sue Gordon. Copyrights : Netflix

Reste alors la figure de proue du Casting : Ben Affleck, dont personne ne pourra nier les progrès d’interprétation depuis son passage derrière la caméra, semble ici retomber dans ses travers monolithiques et ne parvient à susciter aucune empathie dans son rôle de loser parfois magnifique. Sans doute faudra t’il mettre cela sur le compte, encore une fois, de la gestion apocalyptique de l’œuvre et de son vrai-faux départ du tournage.

Au sortir de Triple Frontière, l’impression d’avoir assisté à une œuvre prometteuse est réelle, mais les traces de production chaotiques semblent hélas indélébiles. Le film, se voulant parfois politique, semble à contrario bien mal documenté, notamment sur les fameux cartels, et laisse un amer goût d’inachevé. Au moins aurons-nous eu affaire à un projet évitant l’abandon, et qui, malgré ses récurrentes sorties de route, n’est aucunement dénué de qualité.

Critique de Marvin Montès

 

Copyrights : Netflix International

 

 

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