Triple alliance, comédie sans saveur, n’exploite pas son potentiel revanchard, se contentant d’une complicité de string entre copines.
Synopsis : Carly découvre que son nouveau petit ami Marc est un imposteur, lorsqu’elle rencontre accidentellement sa femme, Kate. Carly va se prendre d’affection pour elle, et leur improbable amitié va se renforcer encore un peu plus lorsqu’elles réalisent que Marc les trompe toutes les deux avec une autre femme, Amber. Les trois femmes vont joindre leurs forces et mettre au point un impitoyable complot pour se venger.
Et Nick Cassavates perdit toute crédibilité
Critique : Drôle de carrière pour Nick Cassavetes, fils de John Cassavetes et Gena Rowlands. Avec Triple alliance, il trahit tous les espoirs que certains avaient misés sur lui, à l’époque de l’émouvant She’s so lovely (1997) avec Sean Penn, et d’Alpha Dog (2007), drame de l’adolescence prometteur.
En 2014, l’auteur en construction revient cirer les pompes de grand couturier de Cameron Diaz, dans une comédie qui ne lui ressemble pas, et qui aurait pu être l’œuvre de n’importe quel faiseur hollywoodien. On ne lui en aurait pas tenu rigueur si le résultat avait été exaltant. Ce n’est pas le cas.
Le pitch de départ, la vengeance commune de trois femmes qui ne se connaissent pas mais qui partagent le même mari/amant, pouvait laisser escompter un côté vachard exaltant, à la façon du Diable s’habille en Prada, d’autant plus qu’avec Cameron – Bad Teacher/Mary à tout prix– Diaz au générique, la fantaisie fanfaronne avait du potentiel.
Au diable la comédie “sexy, belle et méchante”, Diaz n’a même pas le rôle central, puisque finalement, elle apparaît presque éteinte face au tempérament irritant de l’actrice Leslie Mann (40 ans : mode d’emploi), qui en fait des tonnes en épouse cocufiée. Les idées proposées ne sont pas celles des frères Farelly ou de Judd Apatow, et le délire n’est pas celui des Drôles de Dames, tout est ici ultra lissé, convenu, pour ne pas trop heurter les sensibilités. Le film est PG-13 et non Rated R, comme il est de bon ton dans les comédies loufoques à succès, notamment avec la grande Cameron.
Nicki Minaj sous-employée
Il manque au spectacle du piquant pour donner de la saveur au scénario pantouflard (la présentation des personnages masculins, dont Nikolaj Coster-Waldau de Game of thrones, est consternante). Triple alliance pâtit de ses faiblesses de rythme dans une narration mal équilibrée, et de l’inconséquence de son humour, préférant accumuler les poncifs sur les belles quadras déçues, donc forcément sexy, surtout quand elles sont au fond de la bouteille.
Pour illustrer le manque de folie de ce divertissement désincarné, on n’oubliera pas de mentionner la présence de Nicki Minaj, clown pompier et plastifié du R’n’B pop américain, dont l’exubérance prend un sérieux coup de mou en secrétaire de la Diaz ; faute d’extravagance à l’écran, la future star n’imprime pas quand elle en jetait tellement dans ses plaidoyers musicaux à la gloire de sa célébrité éclair.
Le résultat est donc à l’image du nouveau look de la chanteuse, pas nul, juste fade.
Box-office de Triple alliance
Distribué par la 20th Century Fox une semaine avant la Fête du Cinéma, Triple Alliance n’a pu atteindre les 800 000 entrées France que par cette programmation astucieuse.
Avec un démarrage poussif à 214 000 entrées dans 387 salles, la Fête lui permet de grimper à 282 000 entrées la semaine suivante sur un circuit identique.
En semaine 3, à cheval sur le dernier jour de festivité, l’alliance de charme trouve encore 163 000 spectateurs dans 387 salles et réussit à franchir les 650 000 spectateurs en 3 semaines.
La 4e semaine demeure honorable avec 93 000 entrées, mais la bascule se fera en semaine 5. Le film meurt en un mois.
Pour Cameron Diaz, la carrière française de Triple alliance est positive puisque elle retrouve plus ou moins les chiffres de Bad Teacher en 2011 (986 000). Elle corrige le tir après Ce qui vous attend si vous attendiez un enfant (342 000, 2012), Gambit : arnaque à l’anglaise (93 000, 2013). Sex Tape, trois mois plus tard, restera en retrait (531 000, 2014). Même le polar vénéneux Cartel, signé par Ridley Scott, ne fera pas aussi bien (613 000).
Aux USA, proposé par la Fox deux mois avant la France, Triple Alliance est sorti sous le titre de The Other Woman. Ses résultats seront convenables (83M$), quelque part entre ceux de Sex Tape (38M$) et ceux de Bad Teacher (100M$). Mieux, la comédie féminine dépassera les recettes de sa rencontre glam avec Tom Cruise. Night and Day s’était crashé à 76M$ en 2010.
Sorties de la semaine du 18 juin 2014
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Cameron Diaz, Leslie Mann, Kate Upton, Nick Cassavetes, Don Johnson, Nikolaj Coster-Waldau
