San Andreas : la critique du film (2015)

Film catastrophe | 1h54min
Note de la rédaction :
3.5/10
3.5
San Andreas, affiche du film avec Dwayne Johnson

  • Réalisateur : Brad Peyton
  • Acteurs : Dwayne Johnson, Will Yun Lee, Kylie Minogue, Paul Giamatti, Carla Gugino, Alexandra Daddario, Ioan Gruffudd
  • Date de sortie: 27 Mai 2015
  • Année de production : 2015
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : San Andreas
  • Titres alternatifs : Terremoto: A Falha de San Andreas (Brésil), Terremoto: La Falla de San Andrés (Argentine, Chili, Pérou, Colombie, Mexique), Разлом Сан-Андреас (Russie), Dezastrul din San Andreas (Roumanie),
  • Scénariste : Carlton Cuse
  • D'après une histoire de : Andre Fabrizio (story) | Jeremy Passmore
  • Directeur de la photographie : Steve Yedlin
  • Monteur : Bob Ducsay
  • Compositeur : Andrew Lockington
  • Producteur : Beau Flynn
  • Sociétés de production : New Line Cinema, Village Roadshow Pictures, RatPac-Dune Entertainment, Flynn Picture Company
  • Distributeur : Warner Bros
  • Editeur vidéo : Warner Bros. Entertainment France
  • Date de sortie vidéo : 20 avril 2016 (Ultra HD 4K), 28 octobre 2015 (DVD, blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 151 994 entrées / 322 996 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 155 190 832 $ / 474 009 154 $
  • Budget : 110 000 000 $
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur (35mm, 2K, 3D) / Dolby Digital, Datasat, Dolby Atmos
  • Festivals et récompenses : 3 nominations aux Teen Choice Awards
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Warner Bros. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

San Andreas marquait en 2015 le retour du disaster movie désastreux, dans la forme et la narration, typique des années 90. Images de synthèse floues et personnages creux… La laideur l’emporte à tout bout de champ. Les amateurs du genre apprécieront peut-être, les autres fuiront ce désastre scénaristique total.

Synopsis : Lorsque la tristement célèbre Faille de San Andreas finit par s’ouvre et provoque un séisme de magnitude 9-plus en Californie, un pilote d’hélicoptère de secours en montagne (Dwayne Johnson) et la femme (Carla Gugino) dont il s’est séparé quittent Los Angeles pour San Francisco dans l’espoir de sauver leur fille unique. Alors qu’ils s’engagent dans ce dangereux périple vers le nord de l’État, pensant que le pire est bientôt derrière eux, ils ne tardent pas à comprendre que la réalité est bien plus effroyable encore…

Critique : Les retrouvailles entre Brad Peyton et The Rock après Voyage au centre de la Terre 2 sont forcément braillardes et tonitruantes. Le premier est un artisan transparent qui met en œuvre son talent technique dans des produits insipides où l’image de synthèse domine (Comme chiens et chats – La Revanche de Kitty Galore) ; le second parade tous muscles gonflés dans des action flicks improbables où le public vit des émotions collectives en applaudissant devant ses pitreries grotesques.

San Andreas rend hommage au pire des années 90

La seconde collaboration des compères s’évertue à raviver le genre du film catastrophe. Dans le domaine, San Andreas est à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre : un pop-corn movie scénaristiquement ravagé, furieusement inscrit dans la surenchère de destruction de blocs de béton, au détriment de toute incarnation humaine.

C’est un peu (beaucoup) le revival des nanars des années 90 (Le Pic de Dante, Volcano, Godzilla), avec les technologies de pointe des années 2010, qui ne font toutefois pas une minute illusion face aux films contemporains de Christopher Nolan, ou l’emploi des effets numériques relèvent de la virtuosité et du raffinement.

De la casse, cette production Toby Emmerich, qui n’est pas le frère de Roland – Le Jour d’Après et 2012 – Emmerich, en propose jusqu’à l’excès. Des tremblements de terre provoquant des failles béantes dantesques, des répliques sismiques pour accentuer les ravages, un raz-de-marée mural qui broie tout sur son passage, des tours, à L.A. et San Francisco, qui ploient dans un jeu de domino épique…

Malgré la destruction massive de la Californie face au Big One, l’enjeu humain est inexistant. La réalité civile, qui pourrait s’élever à plusieurs millions de morts, est débarrassée des encombrants cadavres, à l’instar des films de Roland Emmerich  qui sévissaient lors de la décennie 90 tant décriée. Le syndrome ID4, en quelque sorte.

Promotion réussie pour nanar intégral

La promo promettait un tsunami d’effets spéciaux qui ravageaient des cités urbaines, emprisonnant l’homme dans l’œil du cyclone. Au moins, elle ne mentait pas sur ce point. Si l’exercice tape à l’œil, on est rarement impressionné par le gigantisme déployé à l’écran. La surenchère s’effectue in fine dans l’improbabilité d’un script inepte, même pas racheté par la qualité d’effets spéciaux dont le flou n’inspire pas l’enthousiasme.

San Andreas est moins un désastre dans son aspect récréatif -qui aurait pu éventuellement passer avec une dose minimale de second degré-, qu’il ne l’est dans sa volonté de souder les uns aux autres des archétypes grossièrement définis. Quelques scientifiques, une poignée de journalistes, et surtout une famille dysfonctionnelle, dans laquelle les parents sont sur le point de divorcer, après la mort d’une enfant… Cela balance déjà du lourd dans l’opération clicheton. On nous accable en plus d’une tentative de romance à la Titanic, avec l’intrusion d’un Anglais et de son petit frère, et évidemment d’une esquisse de “vilain”, forcément le nouveau copain de la mère, un architecte qui construit des gratte-ciels épatants aux quatre coins du globe, qu’il considère comme ses bébés. Stérile en émotion, ce bad boy des quartiers d’affaires n’a pas d’enfant, et ne cherchera pas vraiment à sauver sa future ex belle-fille, puisqu’en bon capitaliste qu’il symbolise, son instinct l’écarte inéluctablement de l’abnégation et de l’altruisme.

L’apocalypse selon Hollywood : un puits sans fond de connerie

Mais, dans cet apocalypse hollywoodien, l’inébranlable Dwayne Johson est là pour sauver le monde, du moins ceux qui l’entourent. Pour planter son personnage dans le décor, il est présenté lors d’une scène d’introduction vertigineuse et héroïque, aux commandes de son hélicoptère. Ce parangon de courage rabiboche de sparadrap les maux d’une société effondrée de toutes parts.

Toujours défini dans ses actes par rapport aux autres, le personnage de Dwayne Johnson sera le ciment nécessaire, solide comme un “Rock”, pour pouvoir secourir sa famille dans l’adversité. L’homme traverse l’état de Californie en état de siège, et frappé par l’anarchie et la paralysie en raison des décombres fumants qui obstruent les artères routières. Nonosbtant, il saura sauver sa femme (qui, lors de la première attaque sismique, était en train de déjeuner avec un personnage surréaliste jouée par la chanteuse Kylie Minogue, en caméo surprise), puis retrouver sa fille, pourtant isolée à l’autre bout de l’état, tout cela dans des conditions ubuesques qui ne rendent pas hommage au mot divertissement.

Un bla bla tectonique ringard

Aussi, San Andreas, spectacle bourratif pour Imax et home cinémas, avec son caisson de basses lourdingue, son bla-bla tectonique ringard et ses placements de produit éreintants, est surtout une catastrophe scénaristique qui annihile toute indulgence. Quand l’histoire n’est pas bonne, pas besoin d’en faire des tonnes, c’est tout l’entreprise qui est à l’agonie.

Les cinq premières minutes prophétiques ont bien donné le ton, mais on a eu l’idée incongrue d’aller jusqu’au bout des dégâts. Soyons au moins reconnaissant à Warner d’avoir abandonné l’idée d’un sequel, puisque malgré un script qui fut ébauché et des recettes mondiales avoisinant les 470M$ (notamment grâce à la générosité légendaire des Chinois, en matière de kitscherie, avec 103M$ générés localement), le studio a lâché l’affaire se contentant de ratisser large, avec des Blu-ray, blu-ray 3D, de l’Ultra HD, et des diffusions multiples à la télévision, et même sur des plateformes comme Netflix ou Prime.

Une affaire juteuse pour un jus sans saveur.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 27 mai 2015

San Andreas, affiche du film avec Dwayne Johnson

© Warner Bros.

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