Sale temps à l’hôtel El Royale : la critique du film et le test blu-ray (2018)

Thriller | 2h21min
Note de la rédaction :
5/10
5
Sale temps à l'hôtel El Royale affiche du film

Note des spectateurs :

Largement inspiré du Pulp Fiction de Tarantino, Sale temps à l’hôtel El Royale de Drew Goddard est un thriller alambiqué plutôt sympathique à suivre, mais croulant quelque peu sous le poids de ses prétentions. Ambitieux, mais finalement assez creux.

Synopsis : Janvier 1969. Alors que Richard Nixon entame son mandat comme 37e président des États-Unis, une nouvelle décennie se profile. À l’hôtel l’El Royale, un établissement autrefois luxueux désormais aussi fatigué que ses clients, sept âmes aussi perdues les unes que les autres débarquent. Dans cet hôtel oublié des riches et des puissants depuis longtemps, un prêtre, une chanteuse de soul, un voyageur de commerce, une hippie et sa sœur, un homme énigmatique, et le gérant de l’hôtel vont se retrouver par hasard… ou pas. Au cours d’une nuit comme seul le destin sait les orchestrer, tous auront une dernière chance de se racheter, avant que l’enfer ne se déchaîne…

Sale temps à l’hôtel El Royale, polar inspiré par Pulp Fiction de Tarantino.

Critique : Après un film d’horreur malin, mais un peu surfait, intitulé La cabane dans les bois en 2011, le scénariste et réalisateur Drew Goddard paye son tribut au film noir avec son second long-métrage qui se voudrait un hommage aux grands films classiques des années 40. En réalité, son nouvel opus se rapproche bien davantage des recompositions post-modernes d’un Quentin Tarantino que d’une tradition hollywoodienne ancestrale.

En cherchant à déstructurer son récit autour de plusieurs points de vue qui s’entrecroisent pour nous donner ensuite une vision claire de l’action, Goddard s’inspire très nettement du Pulp Fiction de Tarantino. Toutefois, on sent une fois de plus que Goddard est attiré par la métaphore et qu’il cherche absolument à instrumentaliser ses personnages afin d’en tirer un commentaire plus ou moins exact sur l’Amérique de Nixon.

Ainsi, l’hôtel qui est l’unique cadre du film – hormis quelques flashbacks – représente en quelque sorte une Amérique en réduction. Il incarne donc un pays qui entre définitivement dans l’ère du doute, avec l’évocation de la condition raciale (le personnage de chanteuse incarné avec justesse par Cynthia Erivo), de la guerre du Vietnam, mais aussi de la paranoïa inhérente à la mise sur écoute des citoyens sous Nixon (ce qui débouchera sur l’affaire du Watergate).

Si tous ces éléments, auquel il faut ajouter un commentaire sur la vague hippie déferlant alors, sont bel et bien convoqués par le réalisateur, aucun n’est vraiment approfondi car le scénariste semble avant tout préoccupé par l’agencement de son intrigue et la beauté de ses images. Si certains ont vu dans cette métaphore une critique de l’Amérique de Trump, pas sûr que cela soit si évident, le cinéaste n’avançant que masqué.

Copyright 2018 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés.

Réalisé avec une belle prestance, Sale temps à l’hôtel El Royale séduit immédiatement par son cadre, la qualité des décors, la beauté des couleurs – le film est tourné en pellicule, ce qui donne à l’image un grain fort agréable – ainsi que la chorégraphie des acteurs au sein des plans. Toutefois, Drew Goddard pêche sans doute par excès de confiance en déployant son intrigue – un peu mince, en fait – sur près de deux heures trente. Cela n’empêche donc nullement les creux, les passages à vide et certains plans auraient mérité d’être raccourcis sans que cela nuise à l’intégrité de l’ensemble.

Beau, mais vain.

Si le polar est plutôt agréable à suivre, tout ceci ne mène finalement pas bien loin et on peut dès lors reprocher au réalisateur d’en faire trop. Il semble clamer à tout bout de champ qu’il est en train de tourner un chef d’œuvre, alors que la modestie du résultat final aurait dû le conduire à plus de retenue. Les acteurs ne sont aucunement en cause ici puisque tous sont parfaitement à leur place et qu’ils livrent des prestations convaincantes, avec une mention particulière pour l’excellent Jeff Bridges, la formidable Cynthia Erivo et l’étonnant Lewis Pullman (fils de Bill).

On saluera bien entendu la prise de risque d’une équipe qui a osé sortir une œuvre entièrement originale, non adaptée d’un comics ou d’une quelconque franchise, même si l’ensemble reste perfectible. N’est pas Tarantino qui veut, l’échec commercial est sans doute cruel avec seulement 17,8 millions de billets verts cumulés aux Etats-Unis pour un budget de 32 M$. En France, le désaveu fut total avec seulement 135 286 entrées sur l’ensemble du territoire national.

Sorties de la semaine du 7 novembre 2018

Le test du blu-ray :

Copyright 2018 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés.

 Compléments : 2,5/5

Outre une jolie galerie de photos sur l’hôtel El Royale et les bandes annonces du film, l’éditeur nous propose un making-of de 28min qui n’évite pas toujours les congratulations d’usage, mais qui a le mérite de nous montrer des images du tournage en nous détaillant l’énorme travail effectué sur le décor principal. Le documentaire insiste également beaucoup sur les costumes, ainsi que sur la palette de couleurs utilisée. Bref, il est suffisamment long pour sortir des clichés habituels du tout promotionnel.

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Une édition de bonne tenue.

L’image du blu-ray : 5/5

Absolument parfaite, l’image proposée bénéficie non seulement d’une définition au rasoir, mais aussi d’une palette colorimétrique chatoyante et d’une parfaite fluidité des plans. Le tout agrémenté d’un très léger grain cinéma qui donne un cachet inimitable à l’ensemble. Un vrai plaisir visuel.

Le son du blu-ray : 4/5

Le film est proposé dans une piste VO DTS HD Master Audio 7.1 (testée avec une installation 5.1) d’une belle puissance et parfaitement équilibrée. Les passages plus mouvementés viennent chahuter votre installation à intervalles réguliers. La piste française en DTS HD Master Audio 5.1 ne démérite pas, même si le doublage reste moins naturel que les voix d’origine. Le mixage reste bon et le plaisir est donc quasiment intact.

Critique du film et test blu-ray : Virgile Dumez

Copyright 2018 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés.

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