Riders of Justice louvoie entre thriller d’action, comédie décalée et drame personnel intense avec un certain bonheur. Le tout est porté par d’excellents acteurs et une réalisation efficace.
Synopsis : Un militaire déployé, Markus, rentre chez lui au Danemark après le décès de sa femme dans un accident de train. Il doit s’occuper de leur fille adolescente, Mathilde. Bientôt, Markus découvre que le déraillement ferroviaire qui a coûté la vie de sa femme n’est peut-être pas un malheureux accident…
Un vigilante movie décalé
Critique : Scénariste danois réputé, Anders Thomas Jensen a longtemps écrit pour la réalisatrice Susanne Bier (Brothers, After the Wedding et Revenge), tout en réalisant quelques longs-métrages où il s’entoure des mêmes acteurs. Ainsi, c’est la cinquième fois qu’il sollicite Mads Mikkelsen et Nikolaj Lie Kaas qu’il a déjà réuni dans le petit film culte Les bouchers verts (2003). Avec Riders of Justice (2020), il revient à un type de cinéma qui lui est cher, à savoir un film de genre (le vigilante movie) traité sur le mode semi parodique.
Ici, le thriller se présente comme une énième série B fondée sur la vengeance personnelle d’un homme touché dans sa chair par la mort de sa femme lors d’un accident de métro qui pourrait être un attentat. Autant dire que le script pourrait être proposé à Liam Neeson puisque ce type d’intrigue lui colle désormais à la peau. Toutefois, nous ne sommes pas ici face à un énième produit américain formaté, mais bien face à une coproduction danoise, suédoise et finlandaise. Ainsi, les clichés et autres situations archétypales volent en éclat assez rapidement dans cette œuvre qui évoque plutôt un univers proche de celui des frères Coen.
La ligue des gentlemen peu extraordinaires
Si les deux personnages du père – Mads Mikkelsen en mode mutique – et de sa fille – la jeune Andrea Heick Gadeberg sont touchés par un terrible deuil et qu’ils sont donc traités avec beaucoup de sérieux sur le plan psychologique, ce sont leurs comparses dans leur lutte contre les terroristes qui amènent un décalage humoristique plutôt réussi. Ce groupe de scientifiques dysfonctionnel mené par l’excellent Nikolaj Lie Kaas vient ajouter une note d’originalité à ce thriller qui privilégie finalement la psychologie (même sommaire) à l’action pure.
En réalité, le film évoque la revanche d’un groupe d’hommes marqués à jamais par des expériences traumatisantes vécues dans leur enfance. En se liguant contre un groupe de mafieux aux méthodes radicales, ils réalisent une thérapie collective qui va leur permettre d’affronter leurs propres démons intérieurs. Cela donne lieu à des scènes franchement drôles, tout en conservant une violence qui peut parfois faire mal. Au fur et à mesure de l’intrigue, ce petit groupe d’individus aux failles béantes finit par constituer une famille, certes totalement folle, mais véritablement attachante. Le retournement de situation final (que l’on vous laisse découvrir) vient confirmer s’il en était besoin l’influence du cinéma des frères Coen tant il s’inscrit parfaitement dans leurs ressorts dramaturgiques classiques.
Un beau succès danois sorti directement en SVOD chez nous
Réalisé avec un beau sens de l’efficacité par Anders Thomas Jensen qui a perfectionné son art, notamment dans la mise en place de scènes d’action parfaitement menées, Riders of Justice n’est donc pas qu’un simple DTV destiné à alimenter les plateformes en mal de contenu, mais un vrai bon film de cinéma.
D’ailleurs, lors de sa sortie danoise, le film a obtenu d’excellentes critiques et s’est même payé le luxe de devancer Drunk (Vinterberg, 2020) au box-office local. Malheureusement, Riders of Justice a été victime de la crise sanitaire de la Covid-19 et aucun distributeur français ne s’est risqué à le sortir en salles. Le thriller décalé a donc été présenté en SVOD au mois de septembre 2021, avant de sortir en février 2022 en format physique par les bons soins de M6 Vidéo. Fort sympathique et porté par des acteurs chevronnés, le long-métrage est donc une bonne surprise à ne pas négliger pour tous ceux qui aiment ce cinéma nordique un peu étrange dans le style de Refroidis (Moland, 2014) avec Stellan Skarsgård.
Critique de Virgile Dumez
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