Revenir : la critique du film (2020)

Drame | 1h17min
Note de la rédaction :
8/10
8
Revenir de Jessica Palud

  • Réalisateur : Jessica Palud
  • Acteurs : Adèle Exarchopoulos, Niels Schneider, Hélène Vincent, Patrick d’Assumçao, Jonathan Couzinié
  • Date de sortie: 29 Jan 2020
  • Nationalité : Français
  • Scénaristes : Jessica Palud, Philippe Lioret, Diastème. Inspiré librement du roman de Serge Joncour, « L’amour sans le faire », Editions Flammarion.
  • Distributeur : Pyramide Films
  • Éditeur vidéo : A suivre
  • Box-office France / Paris-Périphérie : A suivre
  • Festival : Festival de Venise 2019, Orrizonti, Prix du meilleur scénario
  • Crédit photo : © Fin Août Productions - Thierry Valletoux
Note des spectateurs :

Revenir est un premier film rural et sobre sur le poids des non-dits et la reconstruction familiale.

Synopsis : C’est la ferme où Thomas est né. C’est sa famille. Son frère, qui ne reviendra plus, sa mère, qui est en train de l’imiter, et son père, avec qui rien n’a jamais été possible. Il retrouve tout ce que qu’il a fui il y a 12 ans. Mais aujourd’hui il y a Alex, son neveu de six ans, et Mona, sa mère incandescente.

Nouveau drame paysan

Niels Schneider dans Revenir de Jessica Palud

© Fin Août Productions

Critique : Peu d’explications autour du départ de Thomas, pas davantage en ce qui concerne son retour. Peut-être la mort de son frère ? Sans doute la maladie de sa mère ? (on apprend que c’est elle qui l’a appelé). Seule certitude : les relations avec son père ne sont pas des plus chaleureuses et les difficultés à la ferme ne cessent de s’accumuler. Les tensions familiales, la misère économique rurale, deux thèmes surexploités au cinéma qui pourraient faire craindre une nouvelle litanie de plaintes paysannes. Mais ici, il s’agit plus de rapiécer des liens humains distendus que de plaider la cause agricole. Et la volonté de discrétion et de pudeur dont Jessica Palud (c’est son premier long-métrage après Marlon, un court sélectionné dans plus de 150 festivals à travers le monde et récompensé de 40 prix internationaux) entoure ses personnages vulnérables emprisonnés dans des situations alambiquées balaie bien vite ces craintes.

Quand il revient dans ce lieu où il a grandi, Thomas (l’impeccable Niels Schneider) est un peu perdu. Il rencontre un jeune garçon qu’il ne connaît pas, ainsi que Mona, sa belle-sœur, une jeune femme lumineuse (Adèle Exarchopoulos) qui travaille comme barmaid dans la ville voisine. Son père, (Patrick d’Assumçao) toujours muré dans son silence, veille sa mère mourante (Hélène Vincent). A la faveur de retrouvailles avec ses amis d’enfance, il en apprend un peu plus sur la mort intrigante de son frère et découvre comment les conseils malencontreux des banques mènent les paysans à l’endettement et vident les étables de leurs vaches.

Adèle Exarchopoulos dans Revenir

© Fin Août Productions

S’inspirant très librement du roman de Serge Joncour L’amour sans le faire en collaboration avec Philippe Lioret dont on reconnaît la patte, Jessica Palud élabore un scénario qui balance entre non-dits et cascades émotionnelles, délicate façon de capter la simplicité de la vie avec ses joies et ses aléas tout en laissant la part belle aux relations humaines. Fort d’une mise en scène qui évolue à pas feutrés,  la jeune réalisatrice continue de scruter sans compassion ni hystérie les failles de ceux qui la vie a blessés pour mettre à jour la meilleure part de leur humanité.

Revenir est un film âpre et poétique

Dans cette ambiance alourdie de secrets, la chaude luminosité des paysages de la Drôme estivale, tout comme la spontanéité du jeune Alexandre (Jonathan Couzinié, épatant de vivacité) sonne soudainement comme une note d’espoir. Face à la joie de vivre de cet enfant auquel il s’est attaché comme si c’était le sien, face à la détresse de cette jeune veuve perdue de ce lieu isolé , seule avec cet enfant qu’elle peine à éduquer, Thomas entrevoit la perspective de nouveaux bonheurs, même si le lien entre Mona et lui demeure indicible. Puisque les bouches demeurent muselées, les significations allégoriques viennent pallier l’absence de mots. Le jeu de cache-cache père/fils dans la forêt, lieu de mort de Mathieu, les libère l’un et l’autre du poids de circonstances inavouables tandis que la scène d’amour dans la boue unit, dans une pulsion trop longtemps contenue, deux âmes en peine.

Revenir est un film âpre et poétique qui, en rassemblant sans jamais rien brusquer, sujets sociétaux et familiaux, compose une première œuvre de belle facture.

Critique : Claudine Levanneur 

Sorties de la semaine du 29 janvier 2020

Revenir de Jessica Palud

© Thierry Valletoux – Fin Août Productions

Revenir, distribué par Pyramide Films.

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