Queer : la critique du film (2025)

Drame | 2h35min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche de Queer de Luca Guadagnino

  • Réalisateur : Luca Guadagnino
  • Acteurs : Daniel Craig, Jason Schwartzman, Drew Starkey, Lesley Manville
  • Date de sortie: 26 Fév 2025
  • Année de production : 2024
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Queer
  • Titres alternatifs :
  • Casting : Daniel Craig, Daan de Wit, Jason Schwartzman, Henrique Zaga, Colin Bates, Drew Starkey, Simon Rizzoni, Drew Droege, Ariel Schulman, Andra Ursuta, La Bruja de Texcoco, Omar Apollo, Silverio Castro, David Lowery, Amir Antonio Samande Chavez, Andrea Montserrat Rios Hernandez, Claudio Cardenas, Gilberto Barraza, Jean Carlos Gonzalez Flores, Michael Kent, Lorenzo Pozzan, Ronia Ava, Juan Domingo Sandoval Puga, Andrés Duprat, Mery Patricia Atencio Huaranga, Lesley Manville, Lisandro Alonso
  • Scénariste : Justin Kuritzkes
  • D'après le roman de : William S. Burroughs
  • Monteur : Marco Costa
  • Directeur de la photographie : Sayombhu Mukdeeprom
  • Compositeurs : Trent Reznor et Atticus Ross
  • Créateur de costumes : Jonathan Anderson
  • Chef décorateur : Stefano Baisi
  • Producteurs : Luca Guandagnino, Marco Morabito, Howard Gertler, Peter Spears
  • Producteurs exécutifs : Valentina Avenia, Jaun D. Bustamante, Tania Garron, James Grauerholtz, Justin Kuritzkes, Emanuela Matranga, Mauro Monachini, Elena Recchia, Peter Spears, Christian Vesper
  • Sociétés de production : The Apartment, Frenesy Film Company et FremantleMedia North America
  • Distributeur : Pan Distribution
  • Editeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Budget : 48M$
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Box-office nord-américain : 3 736 813$
  • Rentabilité :
  • Classification / Visa : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissements : "Ce film qui aborde des thématiques complexes sur la dépendance et l'addiction comporte des scènes dérangeantes pour un public non avert" / 164 257
  • Formats :
  • Festivals : Toronto International Film Festival (Canada, 2024), Zurich Film Festival (Suisse, 2024), New York Film Festival (États-Unis, 2024), Mill Valley Film Festival (États-Unis, 2024), BFI Flare London LGBTQIA+ Film Festival (Royaume-Uni, 2025), BFI London Film Festival (Royaume-Uni, 2024), LesGaiCineMad (Espagne, 2024), International Film Festival of Kerala (Inde, 2024), Göteborg Film Festival (Suède, 2025)
  • Nominations : BOFA du meilleur acteur pour Daniel Craig (Brésil), AACTA International Award du meilleur acteur principal (nomination) pour Daniel Craig (Australie), Movies for Grownups Award de la meilleure actrice dans un second rôle (nomination) pour Lesley Manville (USA), Movies for Grownups Award du meilleur acteur (nomination) pour Daniel Craig (USA), EDA Award du meilleur acteur (nomination) pour Daniel Craig (Alliance of Women Film Journalists, USA), AFCA Award du meilleur acteur (nomination) pour Daniel Craig (Austin Film Critics Association, USA), Artios Award pour la meilleure réalisation de casting - Film à gros budget - Drame (nomination) pour Jessica Ronane (Casting Society of America, USA), Critics Choice Award du meilleur acteur (nomination) pour Daniel Craig (USA), Dorian Award du film LGBTQ de l'année (nomination) (GALECA, USA), Dorian Award du scénario LGBTQ de l'année (nomination) pour Justin Kuritzkes (GALECA, USA), Dorian Award de la performance cinématographique de l'année (nomination) pour Daniel Craig (GALECA, USA), GLAAD Media Award du meilleur film - Large sortie en salles (nomination) (USA), Gold Derby Film Award du meilleur acteur principal (nomination) pour Daniel Craig (USA), Golden Globe de la meilleure performance d'un acteur dans un film dramatique (nomination) pour Daniel Craig (USA), ALFS Award de l'acteur de l'année (nomination) pour Daniel Craig (London Critics Circle Film Awards, Royaume-Uni), SAG Award de la meilleure performance d'un acteur dans un rôle principal (nomination) pour Daniel Craig (USA), Queerty du film dramatique (nomination) (The Queerties, USA)
  • Récompenses : Prix NBR du meilleur acteur pour Daniel Craig (National Board of Review Awards 2024)
  • Phoographe de plateau : © Yannis Drakoulidis Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2024 The Apartment S.R.L., Fremantlemedia North Amaerica, Inc., Frenesy Film Company SRL. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Matthieu Rey, Cédric Landemaine
Note des spectateurs :

Œuvre ambitieuse, Queer de Luca Guadagnino est un trip sensoriel aux images superbes et à la bande-son très travaillée.

Synopsis : Dans le Mexico des années 50, Lee, un américain, mène une vie désabusée au sein d’une communauté d’expatriés. L’arrivée du jeune Allerton va bouleverser l’existence de Lee, et faire renaitre en lui des sentiments oubliés.

Critique : La rencontre entre le réalisateur Luca Guadagnino et l’œuvre de William S. Burroughs est intervenue à l’adolescence lorsque l’aspirant cinéaste a lu pour la première fois le roman Queer (qui fut rédigé au début des années 50, mais publié bien plus tard). Celui-ci a ressenti une connexion particulière avec le personnage de William Lee, alter ego à peine dissimulé de l’écrivain. Dès cette époque lui est venue l’envie d’adapter ce livre au cinéma, mais cette première tentative de scénarisation est restée lettre morte.

C’est donc bien plus tard que le réalisateur, désormais auréolé de plusieurs beaux succès comme Call Me By Your Name (2017), a décidé de revenir à cet amour de jeunesse. Toutefois, pour développer sa vision de l’œuvre jugée inadaptable, Luca Guadagnino a opté pour des décisions fort coûteuses qui font de Queer (2024) un véritable OVNI dans la production indépendante mondiale.

Même si l’intrigue ne raconte qu’une simple histoire d’amour homosexuelle située au Mexique, puis dans la jungle amazonienne, le réalisateur a fait le pari fou de tourner l’intégralité du long métrage dans les studios italiens de Cinecittà. Le tout est réalisé à l’aide de maquettes, de miniatures et de perspectives forcées, ainsi qu’en pellicule 35mm. Autant dire que le budget a explosé par de telles exigences.

Toutefois, cela offre à Queer une patine à l’ancienne qui séduira immédiatement les amateurs d’un cinéma à la fois solaire lors de sa première partie mexicaine, puis plus ténébreux lors de son dernier tiers. Car Queer suit les aventures sentimentales de William Lee (en fait William S. Burroughs) avec le jeune homme nommé Allerton (en réalité Adelbert Lewis Markerdans la vraie vie). Ce dernier est un éphèbe dont le vieil écrivain tombe raide amoureux, mais qui se caractérise par une forme d’indifférence au monde. Les dialogues évoquent même une idée de désincarnation, à tel point que le personnage principal interprété par un Daniel Craig impressionnant va chercher à communiquer avec son amant par le biais d’une drogue appelée ayahuasca. Lors de cette séquence de prise de drogue, les deux êtres qui sont systématiquement fuyants vont enfin atteindre une forme de complétude à la fois spirituelle et charnelle. Cela se traduit à l’image par une chorégraphie étonnante où les corps se mêlent de manière fusionnelle.

Daniel Craig et Drew Starkey dans Queer

Copyright photo : Yannis Drakoulidis

Effectivement, si les deux premières parties de Queer se conforment à ce que l’on peut attendre d’une romance LGBT, avec son lot de scènes sacrément chaudes entre les deux comédiens décidément très investis dans leurs rôles, la suite risque d’en laisser plus d’un sur le bas-côté. En fait, le film adopte dès le début le point de vue du personnage principal, avec une bonne dose d’artificialité revendiquée, mais Luca Guadagnino se tient à cette ligne directrice lorsque le protagoniste sombre progressivement dans la drogue.

Rongé à la fois par un amour qu’il souhaite fusionnel mais qui ne cesse de le décevoir et un mal-être difficilement définissable, comme une forme de solitude existentielle, William Lee est non seulement un fumeur régulier, un alcoolique notoire, mais aussi un cocaïnomane et héroïnomane qui sniffe tout ce qui lui passe par les narines. Dès lors, sa perception – et par extension celle des spectateurs – en est profondément chamboulée. Queer se métamorphose petit à petit en un trip sous acide que ne renierait pas un certain David Lynch, notamment dans le dernier quart d’heure. Et ceci jusqu’à un final terriblement touchant où l’imagination du personnage lui permet d’affronter la mort avec davantage de sérénité.

De la littérature au cinéma Queer

Bien aidé par de superbes images de Sayombhu Mukdeeprom, mais aussi par une excellente bande-son travaillée comme un vidéo-clip – avec bon nombre d’artistes qui ne correspondent pas du tout aux années évoquées comme Nirvana, New Order, Prince – Queer est un objet filmique soigné dans ses moindres aspects par un cinéaste en pleine possession de ses moyens. Il peut également compter sur l’engagement total de ses deux comédiens principaux, avec une mention particulière pour Daniel Craig dont la prise de risques est tout de même considérable. Outre des scènes de sexe osées, le comédien se met aussi en danger en incarnant à l’écran la déchéance d’un être brisé par l’existence. Il est impressionnant lorsqu’il ne tient plus debout sous l’influence de substances diverses et variées. Face à lui, Drew Starkey incarne un Adonis à la beauté froide dont on n’arrive jamais à percer la carapace.

Tout ceci fait de Queer une œuvre profondément originale qui, contrairement au Festin nu (1991) de David Cronenberg dont l’hermétisme était rédhibitoire, arrive à impliquer le spectateur dans l’univers torturé et profondément barré de William S. Burroughs.

Présenté en compétition à la Mostra de Venise en 2024, Queer n’a pas convaincu tout le monde. Il faut dire que le long métrage n’est pas des plus simples et des plus aimables au premier abord. Même si vous n’êtes pas certain d’apprécier le voyage proposé par le réalisateur, le cinéphile qui est tapi en vous devrait savoir instinctivement que l’œuvre sera de toute façon ambitieuse. Et donc forcément plus intéressante que la plupart des films actuellement à l’affiche. Pour notre part, on vous conseille de faire le déplacement en salles pour profiter pleinement de l’esthétique très travaillée d’un film qui se distingue aisément du tout-venant.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 26 février 2025

Affiche de Queer de Luca Guadagnino

© 2024 The Apartment – Frenesy Film Company – FremantleMedia North America. Tous droits réservés.

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Luca Guadagnino, Daniel Craig, Jason Schwartzman, Drew Starkey, Lesley Manville

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