Persée l’invincible : la critique du film et le test du blu-ray (1963)

Péplum, Fantastique | 1h24min
Note de la rédaction :
6/10
6
Persée l'invincible, jaquette du blu-ray

  • Réalisateur : Alberto De Martino
  • Acteurs : Richard Harrison, Leo Anchóriz, Anna Ranalli, Arturo Dominici, Antonio Molino Rojo
  • Date de sortie: 18 Sep 1963
  • Nationalité : Italien, Espagnol
  • Titre original : Perseo l'invincibile
  • Titres alternatifs : Perseus - Der Unbesiegbare (Allemagne) / Perseus Against the Monsters (UK) / El valle de los hombres de piedra (Espagne) / Perseu, o invencível (Portugal)
  • Année de production : 1963
  • Scénariste(s) : Mario Guerra, Mario Caiano, Luciano Martino, Ernesto Gastaldi, Alberto De Martino, Vittorio Vighi, José Mallorquí
  • Directeur de la photographie : Dario Di Palma, Eloy Mella
  • Compositeur : Carlo Franci (version italienne diffusée en France), Manuel Parada (version espagnole)
  • Société(s) de production : Cineproduzione Emo Bistolfi, Copercines, Cooperativa Cinematográfica
  • Distributeur (1ère sortie) : S.N. Acacias, Multifilms
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : CK Vidéo (VHS) / First International Production (DVD, 2008, 2012, 2017) / Artus Films (DVD et blu-ray, 2024)
  • Date de sortie vidéo : 4 juillet 2017 (réédition DVD) / 6 février 2024 (DVD et blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 504 150 entrées / 137 548 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Belinsky (affiche 1963) ; Benjamin Mazure (blu-ray Artus)
  • Crédits : Cineproduzione Emo Bistolfi, Copercines, Cooperativa Cinematográfica
Note des spectateurs :

Péplum mythologique dynamique, Persée l’invincible séduit par son rythme alerte et son ambiance fantastique du meilleur effet. Du cinéma de quartier efficace.

Synopsis : Avide de puissance et de conquête, le cruel Galinor lance ses troupes à l’assaut de la paisible ville de Cyripos. Amoureux de la belle Andromède, fille du roi de Cyripos, l’humble Persée est désigné par le destin pour repousser l’envahisseur hors des murs de la cité. Une mission à la mesure des plus grands héros de l’Olympe, d’Hercule à Ulysse. Tour à tour vainqueur d’un titanesque monstre marin et de Méduse, qui transforme ceux qui la regardent en statue de pierre, Persée affronte Galinor et sa garde rapprochée dans une ultime épreuve.

La mythologie pour les nuls

Critique : Les années 1962-1963 représentent le sommet du péplum italien en termes de quantité de produits déversés sur les écrans européens. La qualité, elle, va déclinante et de nombreux producteurs se livrent à des opérations juteuses en misant peu d’argent. À l’intérieur de cette production pléthorique et souvent très médiocre, quelques films parviennent à sortir du lot. C’est notamment le cas de Persée l’invincible (1963), injustement accusé d’être un infâme nanar, à cause des libertés qu’il prend avec la mythologie.

Persée l'invincible, jaquette DVD

© 1963 Cineproduzione Emo Bistolfi
Copercines – Cooperativa Cinematográfica. Tous droits réservés.

Effectivement, comme la plupart des films de cette époque, la légende de Persée est ici triturée de telle manière que l’on ne reconnaît plus rien de l’histoire originale. Les scénaristes ont utilisé les noms des personnages mythologiques, mais ont refondu l’intégralité du mythe pour en faire tout autre chose. Et de fait, on ne trouvera pas ici la moindre subtilité ou ambiguïté puisque Persée est un pur héros, la belle Andromède une oie blanche et les méchants sont particulièrement odieux. Ces archétypes permettent au spectateur de se repérer immédiatement au cœur d’une histoire classique de conquête du pouvoir et de blocage des voies d’accès maritimes pour empêcher la cité voisine de faire du commerce.

Une ambiance fantastique très plaisante

Toutefois, à l’intérieur de ce schéma traditionnel du péplum antique, le scénariste Mario Caiano et le réalisateur Alberto De Martino ont injecté des éléments fantastiques qui font toute la différence. Ainsi, dès le premier quart d’heure, Alberto De Martino grille ses cartouches en nous montrant ses deux attractions principales que sont un monstre marin géant et une méduse qui ressemble à un arbre vivant. Ces effets spéciaux ont été conçus par un certain Carlo Rambaldi qui était à ses débuts. Souvent moquées sur les forums actuels, ces deux créatures s’avèrent pourtant plutôt réussies au regard des effets de l’époque. Certes, le monstre marin ne possède qu’un unique mouvement du cou et paraît terriblement statique. Toutefois, le réalisateur parvient à le filmer de manière à faire illusion.

Mais le plus bel effet vient de la Méduse sous forme d’un arbre vivant. On aime vraiment beaucoup toutes les apparitions de cette bien étrange créature, d’autant qu’elles se situent dans une vallée angoissante où gisent les corps pétrifiés des guerriers vaincus. Le tout a été tourné près de Torre Normana, sur la côte campanienne, dans une vaste zone volcanique aux paysages étonnants.

Persée l'invincible : cover Action

Persée l’invincible sur Action © 1963 Cineproduzione Emo Bistolfi
Copercines – Cooperativa Cinematográfica / Affiche : Belinsky. Tous droits réservés.

Persée l’invincible compense ses faiblesses par un rythme soutenu

Une fois ces éléments fantastiques exposés dans le premier quart d’heure, Persée l’invincible parvient à maintenir un rythme soutenu et évite donc l’ennui généralement attaché au genre, surtout lorsque celui-ci se prend au sérieux. Ici, De Martino n’a d’autre but que divertir le public et multiplie donc les trahisons, rebondissements et autres mésaventures afin de renouveler les péripéties. Ainsi, le spectateur ne s’ennuie jamais durant la projection. Mieux, le film se révèle plutôt ambitieux lors de certains plans. Ainsi, la charge finale des cavaliers est emballée avec une belle efficacité, de même que le siège de la ville de Cyripos.

Au niveau des décors, l’œil exercé pourra apercevoir quelques finitions douteuses, mais l’ensemble bénéficie de nombreuses toiles peintes plutôt agréables à regarder. Enfin, le nombre des figurants est encore tout à fait appréciable, faisant du spectacle une petite réussite, malgré un budget que l’on imagine resserré. Finalement, Alberto De Martino fait du mieux qu’il peut avec les moyens du bord.

Richard Harrison fait un héros charismatique

En ce qui concerne les acteurs, Richard Harrison fait un Persée très honorable, lui qui avait encore la volonté de réussir une belle carrière. Il était assurément un acteur avec du potentiel, mais qui a gâché son talent en acceptant des rôles indignes, au point d’en devenir mauvais. Face à lui, on apprécie les antagonistes que sont Leo Anchóriz et Arturo Dominici qui se renvoient la balle avec jubilation. On est davantage réservé sur la prestation du mannequin Anna Ranalli dont ce fut d’ailleurs l’une des dernières apparitions à l’écran avant de devenir une épouse dévouée.

Mené avec entrain par l’ensemble d’une équipe motivée, Persée l’invincible est donc loin d’être mauvais, contrairement à ce que l’on peut parfois lire. Certes, le métrage doit être vu comme un film bis, mais n’a pas à rougir de certains de ses compatriotes, bien plus mauvais et surtout nettement plus ennuyeux. À noter d’ailleurs qu’il anticipe de plusieurs années Le choc des Titans (Davis, 1981) qui a remis au goût du jour le personnage de Persée.

Sorti avec un certain succès dans les salles françaises au mois de septembre 1963, Persée l’invincible a fini par cumuler 504 150 entrées, grâce à l’apport non négligeable de la province. Le film a d’ailleurs beaucoup fait pour la popularité naissante de Richard Harrison auprès du jeune public qui était clairement le cœur de cible de cette sympathique kitscherie à l’allure de grande bande dessinée.

Le archives CinéDweller :

Initialement prévu pour une sortie au 2 octobre 1963 dans les cinémas l’Amiral, la Cigale, le Concordia et Déjazet, Persée l’invincible sort le 18 septembre dans 3 de ces cinémas, avec 16 100 spectateurs. Face au Germinal d’Yves Allégret ou Maigret voit rouge de Gilles Grangier, tous deux propulsés sur les devants de la scène cette même semaine-là, Persée l’invincible réalise un score convenable. On notera également qu’il s’agissait de la seconde semaine d’exploitation pour Les oiseaux, d’un certain Alfred Hitchcock, au succès effrayant.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 18 septembre 1963

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Persée l'invincible, l'affiche

© 1963 Cineproduzione Emo Bistolfi
Copercines – Cooperativa Cinematográfica / Affiche : Belinsky. Tous droits réservés.

Le test blu-ray :

Artus Films complète sa collection Péplum avec une œuvre mythologique hautement fantaisiste, mais sacrément divertissante. Test réalisé à partir du produit finalisé.

Compléments & packaging : 3,5 / 5

Tout d’abord, il faut saluer une fois de plus le très bel effort effectué par l’éditeur sur le packaging qui propose un fourreau luxueux contenant un digipack agrémenté de deux affiches étrangères du film. A l’intérieur, on trouve deux galettes (DVD et blu-ray), ainsi qu’un livret de 32 pages rédigé par Michel Eloy, intitulé Persée, Méduse et Andromède. L’auteur y revient sur les mythes antiques et leurs différentes déclinaisons au cours du temps avec un grand sens de l’érudition. Ensuite, il évoque les différentes versions filmées de la lutte entre Persée et la Méduse. Enfin, Michel Eloy consacre quelques lignes à Carlo Rambaldi, le responsable des effets spéciaux et à Alberto De Martino. Le tout est agrémenté de jolies illustrations et d’affiches de films.

Sur la galette proprement dite, les suppléments sont un peu plus limités puisque l’ami Curd Ridel a été convié pour une présentation très classique du film durant 26min. En réalité, il commente surtout les carrières respectives d’Alberto De Martino, Richard Harrison et de Leo Anchóriz. Il indique aussi qu’il existe quelques différences entre les montages espagnol et italien du film, mais sans approfondir, ce qui est légèrement frustrant. Puis, le traditionnel diaporama est de mise.

L’image du blu-ray : 3,5 / 5

L’acquéreur est prévenu sur la jaquette de la présence d’une version HD (1080p) concernant uniquement le montage espagnol qui est loin d’être la version la plus réussie du long-métrage. Ainsi, les distributeurs locaux ont modifié non seulement le montage, mais ils ont également ajouté des effets spéciaux foireux en surimpression. L’image y est plus définie, plus lumineuse et donc plus riche en détails, mais ce montage ne doit pas être privilégié par les cinéphiles.

La version italienne est bien plus réussie, mais n’est présentée ici qu’en SD (en fait en 1080i). Pour autant, il s’agit d’une copie de belle tenue et l’on peut aisément se contenter de cette version pour découvrir au mieux les aventures de Persée. Certes, on perd un peu en précision et en piqué, mais la colorimétrie demeure chatoyante et agréable à l’œil.

Le son du blu-ray : 3,5 / 5

Trois versions sonores sont disponibles sur la galette. Avec le montage espagnol proposé en HD, le son est assez clair et ouvert, mais il souffre aussi de craquements et de nombreux défauts de restauration. Sur le montage italien, l’acquéreur peut choisir entre la version française ou italienne sous-titrée. La première piste est assez étouffée et comporte des défauts de coordination entre les lèvres des comédiens et les doubleurs. Le rendu octroie au long-métrage un caractère nanardesque un peu dommageable. Finalement, on vous conseille plutôt la version sonore italienne qui paraît plus naturelle et plus ouverte, sans avoir les défauts de la piste espagnole.

Test du blu-ray : Virgile Dumez

Persée l'invincible, jaquette du blu-ray

© Artus Films / Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

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