Next of Kin, Montclare, rendez-vous de l’horreur : la critique du film + le test blu-ray (1986)

Horreur, Epouvante, Thriller, | 1h29min
Note de la rédaction :
9/10
9
Affiche de Next of Kin, cousins de sang

  • Réalisateur : Tony Williams
  • Acteurs : Jackie Kerin, John Jarratt
  • Date de sortie: 30 Avr 1986
  • Titre original : Next of Kin
  • Titre français cinéma : Next of Kin, cousins de sang
  • Titre français VHS : Montclare, rendez-vous de l'horreur
  • Scénaristes : Michael Heath, Tony Williams
  • Compositeur : Klaus Schulze
  • Distributeur : CDO Distribution
  • Editeur vidéo : Polygram (VHS, 1983) / Le Chat qui fume (DVD/Blu-ray, 1989)
  • Festival : Licorne d'or au Festival international du Film fantastique et de science-fiction de Paris 1982
Note des spectateurs :

Next of Kin est un classique du cinéma australien à la réalisation virtuose, qui reste parmi les chefs-d’œuvre méconnus du cinéma de genre des années 80. A ranger parmi les classiques que sont Zombie, Massacre à la tronçonneuse ou Evil Dead.

Synopsis : Linda Stevens hérite du domaine de Montclare à la mort de sa mère. Ce vaste manoir aux allures gothiques, perdu dans le bush australien, fut transformé, en 1950, en maison de retraite par la mère et la tante de Linda. Une trentaine d’années plus tard, Linda prend donc les rênes de l’établissement. Peu à peu, la jeune femme est troublée par divers événements : un pensionnaire retrouvé noyé, des cauchemars liés à sa petite enfance, et la sensation oppressante qu’un intrus rôde dans les lieux. Trouvant le journal intime de sa mère, Linda découvre que celle-ci était en proie aux mêmes troubles… Montclare serait-il le théâtre de phénomènes étranges ou un tueur s’est-il invité dans la maison ?

Bandeau le chat qui fume

Copyrights : 2019 Le Chat qui fume

Critique : A part les amateurs de films d’épouvante du début des années 80, peu de Français connaissent Next of Kin, pourtant symbole d’une virtuosité et d’une folie inhérente au cinéma australien du début des années 80, que l’on redécouvre peu à peu en blu-ray, avec les sorties de Razorback ou Fair game pour l’année 2019.

Next of Kin, Montclare Rendez-vous de l’horreur : un choc en VHS

Véritable coup de force lors d’un marché du film cannois, en 1982, qui comptait pas mal de jalons, dont Evil Dead, Next of Kin attire tout de suite l’attention de L’Ecran Fantastique qui consacre cette année-là deux pages d’interview au producteur Robert Le Tet qui évoque déjà le contexte de production, l’arrivée du réalisateur Tony Williams sur son projet et comment ce dernier a apporté sa méticulosité artistique, avec un chef opérateur hors du commun, un monteur hors pair et, à la musique, l’un des piliers de Tangerine Dream, Klaus Schulze, parti faire carrière en solo… Une touche européenne, avec une steadicam de malade qui renverrait presque Evil Dead aux pelouses des universités, et il est vrai que ce dernier, premier film, ne bénéficiait pas non plus du même budget, d’où la nécessité aussi de souligner l’ingéniosité, voire le génie pur du grand Sam Raimi dans le système D.

Au Festival du Film Fantastique de Paris, la série B tarée des cousins de nos voisins britanniques remporte la Licorne d’Or cette même année, succédant à un autre film australien mythique, Mad Max, premier du nom, en 1981. L’Ozploitation a alors le vent en poupe.

New of Kin le choc australien, rendez-vous de l'horreur

© Screenbound International Pictures

Malgré ses fulgurances techniques qui font de cette découverte de 1982 un must absolu, c’est en VHS, chez Polygram, que le film Next of Kin se bâtit une réputation. Cela sera son seul format physique en France, jusqu’en 2019 et le combo collector chez l’Editeur Le Chat qui Fume.

La sortie en vidéo-cassette, en 1983, s’accompagne de ce qui restera aux yeux d’une génération entière de vidéophages du titre français officiel : Montclare : rendez-vous de l’horreur. La jaquette en imposait pour les yeux des mômes dans les vidéo-clubs du début de la décennie, et les plus chanceux pouvaient louer la VHS et ou la V2000 pour vivre cette découverte en famille ou entre camarades de classe lors de home projections mémorables.

Next of Kin sortira pourtant au cinéma en France, en avril 1986, à une période creuse de l’exploitation, avec 12 cinémas dans Paris intra-muros (voir plus bas, on vous dit tout à ce sujet, archives personnelles à l’appui). Désormais intitulé Next of Kin cousins de sang, donc officiellement son vrai titre cinéma, la production passe totalement inaperçue sur le grand écran. Le marché est moribond, et en première semaine sur Paris, le film entre en 15e place du classement, avec 10 000 spectateurs. Pas de quoi laisser un souvenir impérissable, mais on se demande encore comment le distributeur est parvenu à trouver autant d’écrans, alors qu’il sortait lui même un peu de nulle part. L’affiche de l’époque propose CdO comme distributeur… Mais celui-ci est inconnu au bataillon, serait-ce C.D.A. avec un nouveau logo ? C.D.A entre 85 et 86 avait distribué des films de genre comme Nomads, le premier opus de John McTiernan ou encore la série B très Z Conqueror (alias She) d’Avi Nesher. Possible, mais non confirmé.

La cassette Polygram Vidéo, jamais rééditée, devint peu à peu un objet qui se fit rare. Les vidéo-clubs se débarrassant de leurs premiers titres pour accueillir les films de majors qui commençaient à envahir les étales, à moins de tomber sur une occasion dans l”un de ces vidéo-clubs ou sur un marché aux puces, il était devenu très vite difficile de découvrir Montclare : rendez-vous de l’horreur, peu à peu oublié et laissé aux bons souvenirs des lecteurs de Mad Movies, Starfix et L’Ecran.

La résurrection de Next of Kin en blu-ray

Redécouvrir Montclare après autant de beaux souvenirs, gratifiés par les délices de la mémoire qui déforme, amplifie les souvenirs, est aujourd’hui possible grâce aux différentes ressorties HD qui se sont faites depuis quelques années dans le monde. En France, Le Chat qui fume, pourvoyeur d’excentricités cinématographiques qui jouent du chapeau, a été le premier à dégainer sa copie en DVD et blu-ray, dans le cadre de ses sorties combo digipack limitée. L’occasion est de reprendre conscience de la force imparable de Next of Kin, qui déçoit peut-être un peu pendant ses vingt premières minutes, un peu longuettes, pour reprendre tout son sens et subjuguer dans l’audace de sa narration, de son montage, de son sens de l’espace et par l’intensité musicale du score de Schulze qui, curieusement, comme souligné dans les bonus, n’est pas celui que le compositeur avait écrit pour le film, mais tiré d’un autre album sur lequel Tony Williams avait flashé (il trouvait en effet que le score composé par le musicien électronique allemand ne collait pas avec les images).

L'édition collector de Next of Kin, Editions Le Chat qui fume

© Screenbound International Pictures

Œuvre foncièrement onirique, jouant sur les ambiances de décor (le manoir lugubre qui sert de maison de retraite décadente, baptisé Montclare ; les jardins luxuriants de la résidence ; la station service perdue au milieu du bush), Next of Kin investit toujours l’espace entre l’aridité d’un réel qui se dessèche comme la peaux des derniers occupants de la maison de retraite, et la fécondité artistique qui éclabousse biens des scènes, voire séquences, pour transformer le retour au bercail de l’héroïne, à la mort de sa mère, en une descente aux enfers progressive, où elle va découvrir les terribles secrets d’un lieu dont elle a hérité des murs mais aussi de la descendance maléfique.

Une œuvre de l’audace

Si le scénario n’est pas toujours satisfaisant, avec quelques zones d’ombre dont les auteurs ont eux-mêmes conscience, et qui s’explique par bien des rebondissements de production, on se laisse happer par le trip qui prend le dessus sur le rationnel. Montclare : rendez-vous de l’horreur nous fait basculer dans l’irréalité d’une réalisation qui dépasse l’entendement, et dans la démence familiale, où l’incompréhension de l’héroïne et les jeux de miroir nous happent dans leur ténèbres.

Avec un final explosif, même crépusculaire, qui aurait pu être celui d’une dystopie post-apocalyptique, mais est bel et bien ancré dans l’épouvante d’un survival, à la façon d’un massacre à la tronche haineuse, Next of Kin demeure toujours, quatre décennies après le lancement de la production, un pur bijou d’originalité et de flamboyance qui livre ses convives à un aller-simple dans la folie de laquelle on n’aimerait plus sortir. Des œuvres de cette intensité, et surtout de cette capacité à bâtir leur propre univers en nous extirpant de toute expérience cinématographique, il y en a peu. Autant dire qu’il serait dommage de ne pas s’approprier l’objet physique avant de le voir disparaître à nouveau pour quelques décennies…

Le box-office du film

Le film a été vu par 18 800 entrées en 3 semaines sur Paris, dont 10 702 entrées en première semaine. Aucune salle en périphérie n’a programmé le film qui a été initialement exploité dans les 12 cinémas intra-muros suivant :

  • UGC Ermitage
  • UGC Montparnasse
  • UGC Danton
  • UGC Convention
  • Rex
  • Marivaux
  • L’Orléans
  • Convention St Charles
  • Paramount Opéra
  • Images
  • UGC Gare de Lyon
  • UGC Gobelins

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Critique : Frédéric Mignard

Affiche de Next of Kin, cousins de sang

© Screenbound International Pictures

Le blu-ray

Packaging ad-hoc pour l’édition limitée en 1000 exemplaires proposée par Le Chat qui fume. Un digipack qui en met plein la vue, dans une édition truffée de bonus qui permet de redécouvrir cette œuvre en profondeur. Bonne pioche.

Suppléments: 4.5/5

On aurait aimé un CD de Schulze en supplément : on en a rêvé, mais cela n’a pas été possible. En revanche, le matou fumant du rayon bleu n’occulte pas l’histoire du cinéma australien et néo-zélandais, avec une remise en contexte précise de la production du film, via une présentation de 19 minutes, précise comme un scalpel, par Eric Peretti, programmateur du Lausanne Underground Film & Music Festival.

Le réalisateur Tony Williams est des commentaires audio, tout comme les acteurs… Deux commentaires audio au total reviennent sur cette œuvre culte qui ne l’a pas toujours été tant elle a eu du mal à sortir sur le grand écran, y compris en Australie.

Jamie Blanks, réalisateur d’Urban Legend, est revenu sur les lieux du tournage dans un bonus de 10 minutes qui démontre l’influence du film sur une autre génération de cinéastes australiens. Au passage, la demeure reste hors du temps…

Les scènes supplémentaires sont ici présentes sous forme de photographies, puisque les scènes tournées ont été en fait perdues, détruites à tout jamais. Quand on voit l’importance du final qui a subi maintes modifications, à la suite d’un accident de tournage, largement évoqué en bonus, cette approche est salvatrice.

Une scène de danse, en hommage au Dernier tango à Paris (le réalisateur Tony Williams était alors sous forte influence du cinéma européen), dans sa version longue, une galerie photos et des bandes-annonces sont proposées en bonus.

Jaquette de Next of Kin Combo DVD Blu-ray (Le CHat qui fume)

© Screenbound International Pictures

Image : 3.5 / 5

L’image du film qui avait morflé avec le temps, bénéficie d’une restauration convenable. La restitution s’essaie à un rééquilibrage colorimétrique et à un contraste appuyés. Tout n’est pas à la hauteur des meilleures copies HD, mais la stabilité est réelle et cette série B n’avait jamais été présentée dans de pareilles conditions.

Son : 4/ 5

Le blu-ray dispose d’un 5.1 DTS HD Master Audio pour la piste originale, qui bénéficie d’une bande-son favorisant la musique de Klaus Schulze. Le film ayant été tourné en mono, c’est évidemment la bande originale qui pouvait être le mieux retravaillée avec ses pistes audio existantes, tout en permettant une bonne insertion des dialogues.

La piste originale, en 2.0, a gardé du caractère quand la piste française, qui conserve les mêmes caractéristiques, avec son doublage d’époque, ne démérite pas non plus. Elle n’est jamais confuse ou diffuse, ni sourde. La restitution est étonnante de justesse.

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