Mirage de la vie : la critique du film (1959)

Mélodrame | 2h05min
Note de la rédaction :
8/10
8
Mirage de la vie, affiche de la reprise 2019

  • Réalisateur : Douglas Sirk
  • Acteurs : Lana Turner, John Gavin, Sandra Dee, Susan Kohner, Robert Alda, Juanita Moore
  • Date de sortie: 02 Oct 1959
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Imitation of Life
  • Distributeur : Universal
  • Distributeur de la reprise : Ciné Sorbonne
  • Date de la reprise : 7 août 2019
  • Editeur vidéo (blu-ray) : Elephant Films
  • Sortie vidéo (blu-ray) : Le 3 mai 2016
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 076 743 entrées / 107 400 entrées
  • Box-office USA : 13,9 M$
  • Budget : 2 M$
  • Récompense : Un Golden Globe obtenu en 1960 par Susan Kohner en tant que Meilleur second rôle féminin / Nominé pour deux Oscars, mais aucun obtenu.
Note des spectateurs :

Mirage de la vie, remake d’Images de la vie est un beau mélodrame, porté par une réalisation classique et élégante. Une référence dans un genre généralement méprisé.

Synopsis : Sur la plage de Coney Island, près de New York, Lora Meredith, une jeune mère célibataire aspirant à devenir actrice, rencontre Annie Johnson, une sans-abri noire s’occupant elle aussi seule de sa fille. Les deux femmes sympathisent et Lora propose bientôt à Annie de rester chez elle, devenant ainsi la nourrice et la domestique de la maison. La fille d’Annie, Sarah Jane, semble ne pas supporter la couleur de sa peau à une époque où cela l’exclut socialement ; elle est jalouse de Susie, la petite fille blonde de Lora. Cependant, les deux enfants grandissent ensemble, comme de véritables sœurs.

Un remake remarquable d’un film des années 30

Critique : En 1958, Douglas Sirk entame la réalisation d’un remake du mélodrame de John M. Stahl intitulé Images de la vie (1934). Après Le secret magnifique (1954) et Les amants de Salzbourg (1957), c’est la troisième fois que le cinéaste s’attache à moderniser l’œuvre de Stahl. Afin de personnaliser l’intrigue, Sirk choisit de transposer l’histoire dans le monde du spectacle et notamment celui du théâtre, ce qui lui permet de donner un double sens au titre original.

Mirage de la vie, photo d'exploitation

© 1959 Universal International Pictures (UI) © 2019 Ciné Sorbonne. Tous droits réservés.

L’œuvre créée est ainsi un modèle de mélo lacrymal, mais elle nous fait également réfléchir sur le genre lui-même. Ainsi, lorsque le personnage principal fond en larmes, on se demande toujours si ce n’est pas l’actrice en elle qui s’exprime. Dans un monde dominé par les apparences et par le mensonge, tout sonne faux et le metteur en scène joue à de nombreuses reprises avec cette ambiguïté, rendant son film bien plus intéressant et profond qu’à l’accoutumée.

Une critique à peine voilée du mode de vie américain

Au passage, l’auteur en profite pour égratigner la bonne conscience américaine en prenant pour cible l’intolérance raciale et le culte absurde de la réussite à tout prix. Il écorne de manière subtile les valeurs de l’american way of life, simple mirage ne pouvant mener qu’au vide et à la mort. Pour le servir, Sirk s’est entouré de collaborateurs de premier ordre : Lana Turner est immédiatement crédible en femme ambitieuse et aux dents longues, tandis que le fade John Gavin est parfait dans le rôle de l’artiste raté dominé par cette actrice égocentrique. Mais les interprétations vraiment marquantes sont celles des jeunes Sandra Dee et Susan Kohner (qui ne firent malheureusement pas une grande carrière par la suite), ainsi que celle de Juanita Moore dans le rôle bouleversant de cette femme noire rejetée par sa propre fille.

Avec un savoir-faire indéniable, le cinéaste a réalisé ici un mélodrame luxueux et d’une redoutable efficacité, qui fut aussi son dernier film hollywoodien. Par la suite, il s’exila à Munich et se consacra essentiellement au théâtre. Le mirage de la vie, chant du cygne à la hauteur de son talent, a rencontré un magnifique succès, aussi bien aux Etats-Unis qu’à l’étranger. En France, ils furent plus d’un million de spectateurs à venir pleurer devant ce magnifique mélodrame qui anoblit ce sous-genre généralement conspué.

Preuve de son inoxydable longévité, le métrage ressort régulièrement en salles, ce qui sera à nouveau le cas à partir du 7 août 2019 dans une version numérique restaurée.

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Critique de Virgile Dumez

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Mirage de la vie, l'affiche originale

© 1959 Universal International Pictures (UI) / Illustrateur : Constantin Belinsky. Tous droits réservés.

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