Marché noir : la critique du film (2022)

Drame, Thriller | 1h42min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Marché noir, l'affiche

  • Réalisateur : Abbas Amini
  • Acteurs : Amirhossein Fathi, Mani Haghighi, Baran Kosari, Hassan Pourshirazi
  • Date de sortie: 05 Jan 2022
  • Nationalité : Iranien
  • Titre original : Koshtargah
  • Titres alternatifs : The Slaughterhouse (titre international)
  • Année de production : 2020
  • Scénariste(s) : Abbas Amini, Hossein Farokhzadeh
  • Directeur de la photographie : Ehsan Rafii Jam
  • Compositeur : Mehran Ghaedipour
  • Société(s) de production : HA International, Nebras Pictures
  • Distributeur : L’Atelier Distribution
  • Éditeur(s) vidéo : L’Atelier d’Images (DVD et blu-ray, 2022)
  • Date de sortie vidéo : 17 mai 2022 (DVD et blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 2078 entrées / 990 entrées
  • Box-office nord-américain -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : Reims Polar 2021 : Prix du jury / Busan International Film Festival 2020 : Prix pour Abbas Amini
  • Illustrateur / Création graphique : Alain Baron (affiche)
  • Crédits : L'Atelier d'Images
Note des spectateurs :

Marché noir est un thriller iranien très sombre qui marche sur les traces de La loi de Téhéran en décrivant un pays miné par le mensonge et la corruption. Le résultat est proprement glaçant.

Synopsis : Amir vient d’être expulsé de France et retourne vivre chez son père en Iran. Par solidarité familiale, il se retrouve impliqué dans un crime atroce qui va l’amener à fréquenter le milieu peu fréquentable de l’échange de devises étrangères au marché noir. Mais la culpabilité le ronge…

Marché noir bénéficie d’un aspect documentaire qui ajoute de l’authenticité à un récit tortueux

Critique : Réalisateur de plusieurs drames qui n’ont pas encore été diffusés en France, Abbas Amini est donc révélé par ce thriller qui est son quatrième long-métrage de fiction. Pour signer Marché noir, Abbas Amini s’est servi de sa longue expérience dans le domaine du documentaire pour apporter un maximum de véracité au trafic de devises étrangères qui est au cœur de son intrigue. Effectivement, malgré la doctrine officielle du régime islamique, de nombreux Iraniens sont contraints d’échanger des dollars sur un marché parallèle afin de survivre. Cette situation a d’ailleurs été renforcée depuis les sanctions américaines sous la forme d’un embargo.

Toutefois, le cinéaste ne s’attarde pas vraiment à expliquer le fonctionnement de cette économie parallèle – que les spectateurs peu férus d’économie ne comprendront pas davantage à la sortie de la salle – et préfère conter l’histoire d’une culpabilité qui ronge le personnage principal et la vengeance implacable de la famille du défunt. Car Marché noir est avant toute chose un polar sombre qui démarre par une scène glaçante située dans un abattoir. Si la métaphore est ici évidente – la population iranienne étant comparée à de la viande en route pour l’exécution – elle n’en est pas moins efficace.

Une économie parallèle comme seul moyen de survivre

L’intégralité du long-métrage fonctionne sur le principe du mensonge permanent. Dans cette société implacable, le seul moyen apparent pour survivre est de mentir, et ceci en étant en accord avec des principes religieux stricts, mais dévoyés. Le patron de l’abattoir est ainsi un assassin qui se sert de ses employés naïfs pour faire le sale boulot à sa place. Ses affidés se trouvent eux aussi des circonstances atténuantes et ne cessent de mentir à la faille des défunts qu’ils ont pourtant enterrés dans leur jardin. Enfin, l’intégralité de l’abattoir sert en réalité de plaque tournante pour un trafic de devises étrangères, et notamment américaines.

Ainsi, en mettant au cœur de son système la religion comme facteur d’unification mais également de punition, l’Iran pousse surtout son peuple à s’arranger avec la vérité afin d’échapper aux sanctions. Le constat glaçant dépasse donc le cadre du simple film de genre et rejoint ainsi La loi de Téhéran (Roustayi, 2019) sur le chemin de la critique sociale tout juste dissimulée par un argument commercial. Marché noir s’impose grâce à une réalisation plutôt fluide, mais aussi à une interprétation de premier ordre de la part de l’ensemble du casting, dont le cinéaste Mani Haghighi dans un rôle de pourri qui ne dit pas son nom.

Un prix du jury mérité au festival Reims Polar de 2021

Présenté la même année que La loi de Téhéran au Festival Reims Polar (en 2021, et donc en distanciel pour cause de crise sanitaire), Marché noir a obtenu un judicieux Prix du jury, là où le premier a glané le Grand Prix. Malheureusement, le destin des deux films n’a pas été identique dans nos salles puisque La loi de Téhéran a été un succès surprise de l’été 2021 avec 164 845 spectateurs sur toute la France, porté par le distributeur Wild Bunch.

Marché noir, acheté par le distributeur indépendant L’Atelier Distribution, surtout connu dans le domaine de l’édition vidéo, n’a pu réunir que 2 078 curieux au mois de janvier 2022. L’Atelier a connu beaucoup de difficultés pour lui trouver des écrans disponibles. Ainsi, malgré son excellente réputation, Marché noir n’a trouvé que trois écrans sur Paris intra-muros en première semaine (le Balzac, les 3 Luxembourg, le Luminor Hôtel de ville) lors d’une semaine où l’on pouvait recenser une quinzaine de nouveautés. Des cinémas essentiels comme les UGC Ciné Cité ne pouvaient le programmer en raison d’une programmation écrasante.

La qualité du film n’est assurément pas en cause et le thriller social mérite amplement d’être visionné. Il est la preuve de l’évolution du cinéma iranien vers davantage d’efficacité, tout en demeurant pertinent sur le plan politique et social.

Le film est désormais disponible en DVD et blu-ray, depuis le 17 mai 2022, et en VOD.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 5 janvier 2022

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Marché noir, l'affiche

© 2020 HA International – Nebras Pictures / Affiche : Alain Baron. Tous droits réservés.

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Abbas Amini, Amirhossein Fathi, Mani Haghighi, Baran Kosari, Hassan Pourshirazi

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