Madonna : The Confessions Tour : la critique du film (2007)

Concert, Live, Musical | 2h01min
Note de la rédaction :
10/10
10
Madonna, The Confession Tour - jaquette

  • Réalisateur : Jonas Akerlund (Jonas Åkerlund)
  • Acteurs : Madonna
  • Date de sortie: 29 Jan 2024
  • Année de production : 2006
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Confessions Tour
  • Enregistré le : 15 et 16 août 2006, Wembley Arena
  • Monteurs : Jonas Åkerlund, Danny B. Tull, Johan Söderberg, Philip Richardson
  • Directeur de la photographie : Eric Broms
  • Responsable des costumes : Arianne Phillips, Jean-Paul Gaultier
  • Compositeur : Stuart Price, Madonna, Mirwais Ahmadzaï, William Orbit, Patrick Leonard...
  • Producteur : Sara Martin
  • Producteurs délégués : Madonna, Angela Becker, Guy Oseary, Kai-Lu Hsiung, John Payne
  • Sociétés de production : Semtex Films
  • Editeur vidéo : Warner Bros. Records
  • Date de sortie vidéo : 29 janvier 2007 (DVD, CD + DVD)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : Inédit en salle
  • Box-office nord américain / monde : Inédit en salle
  • Budget : Inconnu
  • Classification : Inédit en salle
  • Formats : Couleur / DTS
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Warner Bros Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Madonna : The Confessions TourPour le premier concert parisien de son Confessions tour Madonna a embrasé la capitale en offrant à ses fans un spectacle fascinant et monumental bien que naïf dans ses déclarations humanistes.

Evitons de nous étendre sur le prix exorbitant des places de cette tournée, sur la rapidité à laquelle tous les tickets se sont vendus et sur les chiffres impressionnants accompagnant la logistique du Confessions tour. Tout a déjà été dit à ce sujet et le dernier show de Madonna mérite sûrement bien plus d’égards.

Monumental dans ses décors constitués d’écrans vidéo gigantesques (dont un circulaire), d’une énorme cage empruntée au vidéo-clip de Sorry, d’une croix surdimensionnée où la madone se retrouve crucifiée, d’une scène qui s’étend de part et d’autre de la salle grâce à une longue allée centrale et à deux promontoires, le concert est formellement épatant ! Beau dans ses représentations picturales (mention spéciale au spectacle équestre surréaliste ouvrant les festivités sur les écrans), musicalement tonitruant avec sa musique électronique pétaradante qui nous en met plein les sens (les versions remixes de Music et de Hung up sont particulièrement percutantes), il laisse peu de place à l’ennui en proposant une débauche d’effets réussis, même si certains titres du tracklisting ne sont pas très opportuns. Mais que font ici les fades Like it or not et Substitute for love alors que le répertoire de la dame est si riche en tubes efficaces ?

Pas de doute, la star s’est mise le public de fans (principalement des post-adolescents et des trentenaires venus des quatre coins du globe) dans la poche, s’offrant à la vue de chacun grâce à l’étonnante composition des lieux qu’elle s’est une fois de plus appropriés avec dextérité. Madonna est de tout plan, même pendant les interludes durant lesquelles elle s’absente pour changer de tenues (Jean-Paul Gautier, s’il vous plaît !), s’employant à justifier chaque mètre de la scène !

Madonna – The Confessions Tour, promesses d’une entertainer physique et émotionnelle totale

Accompagnée d’une joyeuse troupe de danseurs frôlant la démence corporelle (ils voltigent dans les airs, gravissent des mini-buildings à mains nues et déambulent en roller), la performeuse brille par son charisme, certes robotique et chiche en émotions franches (une superwoman ne bavasse pas avec le public, elle le snobe gentiment pour bien lui montrer qui est la reine), mais définitivement plus rayonnante que lors de ses deux précédentes tournées. Alors qu’elle vient d’avoir quarante-huit ans, elle affiche une fraîcheur physique incroyable et une forme irréelle qui l’habite à chacune de ses gracieuses chorégraphies, irradiant la salle en direct avec le même punch que dans ses vidéos mais sans les coupes du montage ! Et quand le play back s’installe (sa voix est étrangement synthétique sur Sorry), probablement pour que la star puisse reprendre son souffle entre deux pas de danse ou pour camoufler ses limites vocales, il n’enlève rien à son excellente performance, qui l’impose une fois de plus en une entertainer physique et émotionnelle unique. Le public est en transe.

Gare aux leçons de politiques

En revanche, les leçons de morale assénées dans la première partie du concert sont parfois gênantes. Si Madonna a rangé dans le placard toutes les références accablantes à la kabbale, la gentille petite milliardaire nous ouvre les yeux sur l’amour universel, la faim et le sida en Afrique. Elle tient des propos éculés, accompagnés d’images d’enfants affamés et de personnalités politiques controversées (Bush, Blair…), qui deviennent irritants quand on se met à y réfléchir de plus près. Mais que faisait donc la Ciccone dans les années 90 pendant que la guerre, la misère et la famine embrasaient le tiers-monde ? Humainement et artistiquement, cette prise de position tardive laisse dubitatif quant à la crédibilité de l’artiste sur ces thèmes. De même, que dire de la pseudo-crucifixion, qui a fait couler tant d’encre, si ce n’est qu’effectivement, même si l’interprétation mystique de son titre Live to tell est artistiquement solide, elle ne se justifie que par le goût inné et suranné de l’artiste pour la provocation. En s’attaquant à la chrétienté, l’icône iconoclaste enfonce une porte ouverte alors qu’elle passe sous silence le problème du fanatisme islamiste que l’on imagine aujourd’hui davantage insulter sa fougue féministe. Mais il est des combats bien trop courageux pour une artiste comme Madonna qui ferait mieux de se contenter de divertir plutôt que de disserter sur les horreurs et les injustices de notre monde.

Evidemment, cela n’enlève rien au succès artistique de cette tournée 2006, probablement le tour le plus spectaculaire de sa longue carrière, qui triomphera, on l’imagine, similairement les 28, 30 et 31 août à Bercy, avant que la madone ne s’envole vers d’autres cieux. God bless the Queen  !

Madonna : Les cinq tournée de légende

Vignette VOD de Madonna The Confessions Tour

Cover Artwork The Confessions Tour © Warner Bros Records, Maverick Records. All Rights Reserved.

Madonna : The Confessions Tour – Le film et le DVD

Madonna : The Confessions Tour est un concert pharaonique retranscrit à l’écran par les caméras virtuoses de Jonas Akerlund. Une référence dans le concert filmé époustouflante d’énergie, de flamboyance et de grandeur.

Nous ne reviendrons pas sur les qualités du Confessions tour, mais plutôt nous nous arrêterons sur le travail filmique qui accompagne l’édition DVD de l’un de ses concerts londoniens. L’exercice s’écarte tellement de la réalisation de spectacles musicaux traditionnels, qu’il mérite bien qu’on s’y arrête un instant. Jonas Akerlund, petit virtuose de l’image, à qui l’on doit un certain nombre de clips de la madone (dont Ray of light) et surtout le documentaire sur sa précédente tournée, I’m going to tell you a secret, a vu pour l’occasion les choses à l’échelle de la démesure du show, qui marque l’apogée scénique de la star. Jamais celle-ci n’a été aussi à l’aise dans son corps, inspirée dans ses chorégraphies et brillante dans son rapport à la foule qu’elle tient avec délectation à sa merci. Aussi, conscient de l’enjeu monumental, le réalisateur rend un hommage époustouflant aux ambitions et à l’énergie de la madone en sublimant son concert via un montage explosif, aux allures de vidéo-clip infernal (le Music inferno au montage furieux de son, de lumière et de strass en est le meilleur exemple) ou de long métrage cinéma, qui donne à chaque titre une empreinte visuelle propre, avec un fort penchant pour les pointes paroxysmiques. Pendant un peu plus de deux heures, il offre une réalisation aérienne colossale où la caméra semble être douée du don d’ubiquité, filmant les passages les plus extrêmes, au plus près de la star et de ses danseurs volants, mettant à mal les tics télévisuels des shows plan plans grâce à un montage savoureux, mélangeant ardemment ce qui se passe sur les différentes scènes et les images surréalistes des écrans. Le rendu est prodigieux et redéfinit si bien ce genre musical qu’il en donnerait des complexes à tous ses prédécesseurs, forcément fades à côté.

En parfaite control freak, on imagine bien Madonna la tyrannique influençant directement certains décisions artistiques, notamment par rapport à l’utilisation de son image et de sa voix. Si le spectacle doit tendre vers la perfection, cette image doit également être affranchie des faiblesses humaines. Ode à l’art de l’artifice, Madonna : The Confessions tour sur DVD efface ainsi tous les défauts de la star élevée au rang de déesse intouchable. Avec son visage rajeuni à l’écran et sa voix modifiée par rapport à sa prestation live, l’artiste au corps de souplesse devient objet de retouche et donc de fantasme. Un pari qu’Akerlund soutient avec complicité, favorisant l’extraordinaire d’un spectacle aussi monumental à l’ordinaire du show de M. ou Mme Tout le monde ! Bref, ce concert combinant tous les talents, de ceux de la star, au chorégraphe et aux danseurs à ceux de la formidable équipe technique, dont celui d’Akerlund en premier, s’avère être la formidable illustration d’une quête passionnée pour la perfection, un hymne au grandiose techno-kitsch fourmillant d’idées à la seconde, qui nécessite bien plusieurs visions et un home cinéma pour être apprécié à sa juste valeur.

Compléments : 1/5

Quand on voit la richesse des DVD live qui fleurissent un peu partout, on était en droit de s’attendre à une montagne de bonus sur cette édition qui se voulait événementielle. Que nenni, comme toujours Warner se la joue spartiate avec Madonna, n’offrant que le néant ou presque en guise de suppléments. Des featurettes d’une quinzaine de minutes au total, ridicules par leur superficialité, sont les seuls trucs (faut appeler les choses par leur nom) à se mettre sous la dent, avec une galerie de photos (sic), pauvre d’une dizaine de clichés laids et inutiles. A l’heure du téléchargement illimité de photos sur internet, on peut se demander encore quelle est l’utilité d’un tel bonus, alors qu’on s’attendait à un vrai documentaire en profondeur sur la mise en route du spectacle et surtout aux écrans vidéos isolés pour rendre hommage à leur efficacité et à leur beauté, comme ce fut le cas sur l’édition DVD splendide du Division Bell de Pink Floyd.
A noter l’existence d’un CD live reprenant une sélection de 13 titres (sur 21) sur une édition bâtarde du DVD au packaging formaté comme un CD. Un choix déroutant pour le public qui ne sait pas trop à quoi il a affaire et surtout révélateur de l’avarice du distributeur qui compte faire ainsi des économies sur le boîtier et le contenu. Eh oui, un CD audio, c’est toujours moins onéreux à produire qu’un DVD de bonus et quant au packaging, plus c’est petit moins c’est coûteux. Le procédé est mesquin, surtout qu’il s’agit de l’un des produits phares de la société pour ce début d’année 2007.

Son & image : 4/5

Les qualités techniques du DVD sont absolument remarquables. La piste 5.1 DTS est d’une force impressionnante, soufflant tout sur son passage. Chaque son est restitué avec magnificence et met en valeur ce show tonitruant aux allures de discothèque géante. L’image de son côté n’est pas en reste. Elle resplendit par ses couleurs harmonieuses et sophistiquées et la précision de sa définition. Une référence de chaque instant.

Madonna au cinéma

Madonna, The Confession Tours - jaquette

Cover Artwork The Confessions Tour © Warner Bros Records, Maverick Records. All Rights Reserved.

Frédéric Mignard

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Madonna, The Confession Tour - jaquette

Bande-annonce de Madonna - The Confessions Tour

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