Joli conte traitant du deuil et de la mort, Ma famille et le loup plaira essentiellement au jeune public grâce à une écriture très pédagogique. Les adultes trouveront sans doute ses métaphores trop évidentes.
Synopsis : L’été de ses 9 ans, Hugo passe les grandes vacances avec ses cousins chez sa mamie Sara. Quand ils apprennent que le loup va venir la chercher, les enfants se mobilisent pour sauver leur grand-mère et se lancent dans une aventure inoubliable.
Une jolie description du monde de l’enfance
Critique : Venu du monde de l’animation – on lui doit notamment le très joli Nocturna, la nuit magique (2007) – le réalisateur d’origine espagnole Adrià García nous revient avec un tout premier film en prises de vues réelles. Toutefois, il ne s’éloigne guère du monde de l’enfance puisque Ma famille et le loup offre une variation autour des contes dont le but clairement affiché est de faire réfléchir les plus petits sur des notions aussi délicates que le deuil et la mort.
Photo de Vinciane Pierart
Pour cela, il imagine l’histoire de cette grand-mère qui se sait condamnée et raconte à ses petits-enfants qu’elle a conclu un pacte dans sa jeunesse avec un loup. Celui-ci viendra un jour la chercher après lui avoir octroyé le droit de mener sa vie. Dès lors, les enfants, convaincus par l’histoire de leur chère grand-mère, vont tout faire pour tenter de la défendre face à ce bien méchant loup qui voudrait les séparer. Afin d’alimenter cette intrigue, assez mince en péripéties il faut bien le dire, le cinéaste a cru bon d’y adjoindre les atermoiements des fils de la vieille dame. Adultes, mais passablement immatures, ces personnages se demandent s’ils doivent vendre la maison de famille ou la conserver.
Des adultes sacrifiés sur l’autel du conte
Là où Adrià García parvient à évoquer avec justesse le monde de l’enfance, il échoue à proposer des personnages adultes vraiment attachants et profonds. Certes, on a compris qu’il souhaitait nous montrer que certains enfants sont plus matures que leurs parents, mais il tombe ici dans la caricature dès qu’il aborde des thématiques plus adultes. La fratrie, loin d’attirer l’empathie, sert bien plutôt de repoussoir dans sa description beauf.
Heureusement, le conte que nous propose le réalisateur est assez poétique, et la description des jeux d’enfants s’avère suffisamment juste pour que l’ensemble fonctionne. La grand-mère est émouvante grâce à l’interprétation toujours impeccable de Carmen Maura, tandis que tous les gamins sont d’une belle justesse. Leurs échanges et tentatives pour sauver leur grand-mère sont toujours crédibles. On apprécie également l’intervention de passages animés en 2D, puis le glissement vers le fantastique avec cette fois-ci une 3D de bonne tenue pour une production nationale.
Des métaphores parfois trop lisibles pour un ensemble pédagogique
Dans les dix dernières minutes, la poésie inhérente au sujet peut enfin se déployer, sans totalement bouleverser. Le long-métrage s’adresse bel et bien aux petits, mais échoue donc à proposer une vision mature par la faute d’une psychologie trop sommaire et de métaphores trop évidentes pour parler à un public plus âgé. Ma famille et le loup, malgré ses limites, ne méritait pas un tel affront lors de sa sortie en salles, passée totalement inaperçue. Les parents qui souhaitent aborder le thème difficile de la disparition des proches avec leurs petits bouts de chou ne doivent pas négliger ce joli conte, jamais plombant, aux vertus pédagogiques évidentes.
Critique du film : Virgile Dumez