Little Joe : la critique du film (2019)

Drame, Science Fiction | 1h45min
Note de la rédaction :
6/10
6
Affiche de Little Joe, Jessica Hausner

Note des spectateurs :

Un produit arty séduisant et sophistiqué. Mais sur un sujet que Cronenberg aurait traité avec plus de folie et d’étrangeté, le métrage est un peu lisse et pourra laisser de marbre.

Synopsis : Alice, mère célibataire, est une phytogénéticienne chevronnée qui travaille pour une société spécialisée dans le développement de nouvelles espèces de plantes. Elle a conçu une fleur très particulière, rouge vermillon, remarquable tant pour sa beauté que pour son intérêt thérapeutique. En effet, si on la conserve à la bonne température, si on la nourrit correctement et si on lui parle régulièrement, la plante rend son propriétaire heureux. Alice va enfreindre le règlement intérieur de sa société en offrant une de ces fleurs à son fils adolescent, Joe. Ensemble, ils vont la baptiser « Little Joe ». Mais, à mesure que la plante grandit, Alice est saisie de doutes quant à sa création : peut-être que cette plante n’est finalement pas aussi inoffensive que ne le suggère son petit nom.

Little Joe de Jessica Hausner est sélectionné à Cannes

Crédits : COOPgg – The Bureau – Essential Films – BBC – Arte – Örf – Bac Films

Critique : Réalisatrice autrichienne révélée en 2001 par Lovely Rita, Jessica Hausner avait obtenu un bon accueil critique avec Lourdes (2011), récit épuré d’un miracle, et Amour fou (2015), drame romanesque austère librement inspiré du suicide du poète Heinrich von Kleist.

Little Joe confirme son goût pour les situations étranges et révèle sa volonté de casser les barrières entre la description de faits irrationnels dans une approche de cinéma fantastique et l’explicitation par la science de phénomènes hors norme.

Aux portes du cinéma de Cronenberg et de David Lynch

Pour mettre en avant le premier aspect, la réalisatrice mise sur la suggestion, le pouvoir de la nouvelle plante semblant contaminer la personnalité des protagonistes, à l’instar des extraterrestres s’immisçant dans la peau des hommes dans L’Invasion des profanateurs de sépultures ou Les Envahisseurs. C’est peut-être le cas de Bella, la collègue névrosée qui passe d’un comportement dépressif à une insouciance suspecte, ou de Joe, le fils d’Alice dont l’attitude bizarre ne saurait être imputée à la seule crise d’adolescence.

Jouant avec habileté de l’ambiguïté des situations et des dialogues, la réalisatrice secoue son spectateur en apportant une caution rationnelle propice à distiller le doute. Car ne serait-ce pas un virus pathogène qui provoque des troubles émotionnels chez les humains ?

Les problèmes de santé mentale de Bella et le mal-être de Joe face à la séparation avec son père ne sont-ils pas les facteurs explicatifs de leurs troubles ? À moins qu’il ne faille trouver une piste dans les analyses neuroscientifiques mettant en exergue le syndrome de Capgras, cette forme de délire qui fait penser qu’un imposteur a pris la place d’un proche.

Une œuvre plutôt lisse et aseptisée

Le mérite du film de Jessica Hausner est de laisser au public le libre choix d’une interprétation, dans la lignée d’un certain cinéma de Lynch ou de Cronenberg. Mais contrairement à la démarche de ces cinéastes, elle propose une œuvre plutôt lisse et aseptisée, qui ne dégage que peu d’émotions, y compris artistiques, malgré une musique expérimentale envoûtante du Japonais Teiji Ito, la beauté de la photographie de Martin Gschlacht, et le soin apporté à des cadrages à la fois sobres et sophistiqués, bien dans la veine d’un cinéma arty.

C’est ainsi que Jessica Hausner précise dans les notes d’intention : « En ce qui concerne les couleurs, nous avons utilisé un vert menthe avec du blanc, ainsi que le rouge de la fleur. Nous avons choisi ces couleurs presque enfantines pour donner au film les caractéristiques d’un conte de fées ou d’une fable » : si l’effet visuel est impressionnant, il pourra paraître un peu vain. De plus, le jeu sans aspérités d’Emily Beecham et Ben Whishaw n’est pas à porter au crédit du film. Heureusement, Kerry Fox, ex-égérie du cinéma de Jane Campion, apporte une fois de plus une interprétation intense. Et la cinéaste dirige à merveille ses seconds rôles, dont David Wilmot en chef de laboratoire sournois et Phénix Brossard en jeune biologiste équivoque.

Critique : Gérard Crespo

Pour en savoir plus, visitez le site du distributeur

Sorties de la semaine du 13 novembre 2019

Affiche de Little Joe, Jessica Hausner

Crédits : COOPgg – The Bureau – Essential Films – BBC – Arte – Örf – Bac Films

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