Les Marais de l’enfer (Terror in the Swamp) est un direct-to-video horrifique du milieu des années 80. Un produit du terroir quelconque sans le sou et sans gore.
Synopsis : Il faut se méfier des eaux paisibles des marais de Louisiane, car une créature cruelle y est tapie pour tuer! Une poignée d’hommes courageux est décidée à mettre fin à ses crimes horribles et à la détruire.
Horreur atavique dans le bayou local
Critique : Terror in the Swamp appartient à la catégorie des séries B sudistes, de ces produits à petit budget issus du terroir, à l’instar de Terreur sur la ville et de The Legend of Boggy Creek, deux films de Charles B. Pierce. C’est d’ailleurs dans les marais de Louisiane que se déroule l’intrigue de ce mélange de science-fiction et de film d’horreur, où des expériences sur des ragondins pour développer la fourrure d’animaux plus costauds, donnent naissance accidentellement à une créature mi-homme mi-ragondin (!) qui va tuer quelques rednecks crasseux.
L’homme-ragondin attaque
Le réalisateur Joe Catalanotto, qui a justement travaillé dix ans auparavant sur Terreur dans la ville, ne prend pas beaucoup de risques pour mettre en scène cette variation du Bigfoot. Il aime abuser de plans animaliers improbables (alligator, insectes, canard, loutres, ragondins) pour ancrer le métrage dans un exotisme humide propre à cet état somnolant. Et, pour nourrir un suspense pour le moins boueux, il s’enfonce dans l’abus de caméra subjective, alors à la mode du slasher étasunien. Il n’aura nulle idée de cinéma, illustrant passivement un scénario qui se cherche tout auteur, tant il s’agit au mieux d’une idée poussive exploitée sur 1h30 de vide caractérisé.
Tournée très platement, cette production financée par un apprenti-journaliste devenu producteur et co-réalisateur presque par accident (Martin Folse), a parcouru les Etats-Unis via une VHS éditée par New World en 1985, puis via le câble, avant de disparaître. En France, vaguement exploité en VHS sous le titre Les Marais de l’enfer, avec une jaquette davantage orientée sur la série B de guerre, alors à la mode, Terror in the Swamp a surtout marqué par son doublage de film bis savoureux.
Les marais de l’enfer embourbé dans son manque de budget
Avec du recul, c’est peut-être la seule chose qui redonne un peu de (non-)sens à cette production sans argent (si on écarte la location d’un hélicoptère), sans maquillage gore (un visage vaguement maculé de sang ouvre le countdown terriblement bas des victimes)… Même la créature elle-même reste dans l’ombre, incapable d’exhiber autre chose qu’une silhouette qu’on imagine revêtue d’un costume décroché dans le magasin spécialisé de la ville d’Houma, où a été mis en place le projet.
In fine, Les marais de l’enfer revisite mythe de la métamorphose pour distiller paresseusement une critique d’un capitalisme ravageur, celui d’une Amérique qui a dévasté son patrimoine par une modification de l’ADN de sa biodiversité et de son vivant. Des intentions qui prêtent à rire tant le jeu outrancier des acteurs achève cette série B sans âme et sans talent.
Les Marais de l’enfer © Highlight Communications SA – © 1984 Martin Folse Production Inc. Houma, LA. Tous droits réservés / All rights reserved
Mots clés
DTV, Les animaux tueurs, Les rats au cinéma, Films d’horreur des années 80, Les films de 1985, Cinéma américain, Nanar, Film de monstre, Les transformations et mutations au cinéma
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