Les maléfices de la momie : la critique du film (1965)

Epouvante-horreur | 1h20min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Les Maléfices de la Momie, cover VOD

  • Réalisateur : Michael Carreras
  • Acteurs : Terence Morgan, Ronald Howard, Fred Clark, Jeanne Roland, George Pastell
  • Date de sortie: 16 Juin 1965
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : The Curse of the Mummy's Tomb
  • Année de production : 1964
  • Scénariste(s) : Michael Carreras (sous le pseudo Henry Younger)
  • Directeur de la photographie : Otto Heller
  • Compositeur : Carlo Martelli
  • Société(s) de production : Hammer Films, Swallow Productions Ltd.
  • Distributeur (1ère sortie) : Columbia
  • Éditeur(s) vidéo : GCR (VHS) / Sony Pictures (DVD) / ESC Editions (Mediabook)
  • Date de sortie vidéo : 14 janvier 2020 (Mediabook)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 331 596 entrées (toutes exploitations cumulées)
  • Budget : 170 000 $
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Illustrateur / Création graphique : Jean-Claude Ghirardi
  • Crédits : Columbia Pictures Industries Inc.
  • Franchise : Deuxième film de la franchise Hammer exploitant le personnage de la momie. Il succède à La malédiction des pharaons (1959) et précède Dans les griffes de la momie (1967) et La momie sanglante (1971).
Note des spectateurs :

Petite série B sans prétention, Les maléfices de la momie développe des thématiques intéressantes, plombées par une réalisation inégale et des acteurs moyens. Sympathique, sans plus.

Synopsis : Les égyptologues européens Dubois, Giles et Bray découvrent la tombe du prince égyptien Ra. Ils y trouvent le corps momifié du prince. Alexander King, un homme d’affaires, s’intéresse à cette découverte et achète la momie aux trois égyptologues avec l’intention de l’exposer dans un musée britannique. Une fois exposée, la momie ressuscite pour se venger.

Les maléfices de la momie, un complément de programme

Critique : En 1959, le réalisateur Terence Fisher a réactivé le personnage de la momie avec La malédiction des pharaons. Cette production Hammer a connu un joli succès dans le monde entier, ce qui appelait nécessairement une suite. Pourtant, il a fallu attendre cinq ans pour qu’un deuxième opus soit envisagé. Effectivement, au sein du studio, seul Michael Carreras se sent attaché au monstre égyptien et croit en son potentiel. Il écrit d’ailleurs un premier scénario ambitieux qui prévoit de lâcher dans la nature une momie géante de plus de six mètres, pourchassée par l’armée. Trop cher selon les exécutifs du studio qui rétrogradent le projet au rang de série B.

Les maléfices de la momie, jaquette du mediabook ESC

© 1964 Columbia Pictures Industries Inc / © 2019 Sony Pictures Home Entertainment – ESC Editions / Création graphique : Dark Star. Tous droits réservés.

La décision en incombe au partenaire américain de la Hammer – la Columbia – qui réclame un complément de programme au film de Terence Fisher intitulé La gorgone. Il est décidé que Les maléfices de la momie fera l’affaire, ce qui implique une réécriture intégrale du script à l’aune de son budget rachitique de 170 000 dollars. Exit donc la momie géante, ainsi que toutes les hautes ambitions d’un Michael Carreras qui tient toutefois à réaliser lui-même son script. Un peu dégoûté, le réalisateur doit se résoudre à tourner l’intégralité du film dans les studios de Bray, ayant ainsi recours à des stock-shots pour tous les plans extérieurs, avec un casting sans aucune star. Certes, Terence Morgan vient de connaître un joli succès télévisuel dans la série Sir Francis Drake, mais on ne peut pas le qualifier de star bankable. La Columbia, elle, impose l’acteur américain Fred Clark qui a une petite notoriété aux USA, mais guère au-delà.

Une saine critique de l’affairisme

Les maléfices de la momie a donc tout de la petite série B réalisée avec un minimum d’ambitions. Toutefois, malgré son aspect bricolé, le long-métrage ne se révèle pas si épouvantable que cela grâce à quelques bonnes idées. Ainsi, Michael Carreras a eu l’intelligence de mêler la classique intrigue de la momie avec celle de King Kong. Ainsi, la momie déterrée est ramenée en Angleterre afin d’être présentée à la foule par un bateleur de foire. Le mécène de l’expédition est effectivement un riche Américain uniquement intéressé par l’argent et qui compte faire fortune sur le dos du patrimoine égyptien qu’il s’approprie, au grand dam de la population locale.

On notera d’ailleurs que le portrait que Michael Carreras dresse de cet entrepreneur de spectacle opportuniste ressemble fort à celui de son père, le patron de la Hammer James Carreras. Plusieurs éléments du film confirment ce règlement de comptes entre père et fils, jusqu’à l’énigmatique phrase finale. On peut en tout cas apprécier le point de vue d’un cinéaste qui insiste sur le pillage des trésors du Moyen-Orient par l’empire britannique, puis son exploitation par des hommes d’affaires peu scrupuleux. Cela ajoute un sous-texte anticolonialiste plutôt bienvenu.

Affiche alternative des Maléfices de la Momie

© 1964 Columbia Pictures Industries Inc

La momie sanglée, mais pas trop sanglante

On peut également mettre au crédit du film la superbe photographie d’Otto Heller, la beauté générale des décors, ainsi que les savants maquillages de Roy Ashton qui livre une momie assez effrayante et charismatique. La dernière demi-heure s’avère plutôt réussie en matière de scènes horrifiques, et ceci malgré une censure trop importante qui empêche le film de verser dans l’hémoglobine. Carreras renverse également les us et coutumes et démontre que l’immortalité n’est point une panacée, mais bien plutôt une malédiction.

Malheureusement, tout n’est pas du même niveau dans Les maléfices de la momie car Michael Carreras n’est clairement pas un grand cinéaste. Sa réalisation est passable, mais rarement inspirée et on imagine aisément l’influence majeure de ses collaborateurs sur les plus beaux plans du film. Le réalisateur se contente parfois de solutions grossières comme ce stock-shot du navire qui est… en noir et blanc – tiré du film de Roy Ward Baker : Atlantique, latitude 41° – au cœur d’un film très coloré. Il fallait quand même oser !

Des acteurs parfois à la peine

Michael Carreras nous impose également la présence du mannequin Jeanne Roland qui n’a visiblement jamais pris un cours de comédie de sa vie. Doublée pour cause de voix crispante, la jeune femme est tout bonnement incapable d’exprimer le moindre sentiment à l’écran. Elle sert d’élément décoratif, comme l’a d’ailleurs souligné Michael Carreras lui-même dans un élan machiste typique d’une époque. On peut également trouver Ronald Howard dépourvu de charisme. Heureusement, Fred Clark, Terence Morgan et George Pastell sauvent les meubles.

Petite série B à l’impact limité, Les maléfices de la momie a toutefois été une bonne affaire pour la Hammer grâce à un budget restreint. Cela a permis la mise en chantier de deux autres films de momie : Dans les griffes de la momie (Gilling, 1967) et La momie sanglante (Holt, Carreras, 1971). On peut aujourd’hui redécouvrir ce second opus dans une très belle copie au sein de la collection British Terrors d’ESC Editions.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 16 juin 1965

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Les maléfices de la momie, l'affiche

© 1964 Columbia Pictures Industries Inc / Illustrateur affiche : © Jean-Claude Ghirardi. Tous droits réservés.

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