Les Contes de la lune vague après la pluie : la critique du film (1953)

Drame, Fantastique | 1h37min
Note de la rédaction :
10/10
10

  • Réalisateur : Kenji Mizoguchi
  • Acteurs : Machiko Kyô, Mitsuko Mito, Kinuyo Tanaka, Masayuki Mori
  • Date de sortie: 18 Mar 1959
  • Nationalité : Japonais
  • Titre original : Ugetsu monogatari
  • Scénario : Yoshikata Yoda, Matsutarô Kawaguchi, d'après deux nouvelles d'Akinari Ueda
  • Distributeur (reprise du 20 septembre 1978) Nef Diffusion
  • Distributeur (reprise du 31 juillet 2019) : Les Bookmakers / Capricci Films
  • Éditeur vidéo : Fil à Film (VHS), Opening, Films sans Frontières, Capprici Éditions (Combo Blu-Ray + DVD)
  • Date de sortie vidéo : 2001 (Opening), 1er janvier 2008 (DVD, Films sans Frontières), 3 mars 2020 (Combo DVD - Blu-ray, Capricci)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 260 274 entrées / 197 358 entrées (Sortie originale) - 57 493 (chiffres parisiens, reprise 1978 - Nef Diffusion) - 407 entrées (reprise 1995, Action Gitanes) - 6 300 (reprise 1998, Alive) - 4 500 (reprise 1999 - Alive) - 2 711 (reprise 2006, Films sans frontières) - 4 821 (reprise 2014, Films sans frontières) - 25 523 entrées (chiffres totaux de la rétrospective Mizoguchi, Les Bookmakers/Capricci)
  • Festivals et récompenses : Festival de Venise 1953 (Lion d'argent, Pasinetti Award) ; Cannes Classics (2016)
  • Classification : Tous publics
  • Crédits photos : Copyrights : Daiei Studios - photos promotionnelles proposées par Les Bookmakers (2019) à l'occasion de la rétrospective Mizoguchi
Note des spectateurs :

Les Contes de la lune vague après la pluie est un sommet esthétique dans l’œuvre de Mizoguchi, et une critique implicite de la société japonaise.

Synopsis : Le Japon au XVIe siècle. Deux couples de paysans sont pris dans la guerre civile et partent pour la ville. Kenjuro le potier rencontre la princesse Wakasa au marché et en tombe éperdument amoureux. Elle l’entraîne dans son

Blu-ray des Contes de la lune vague après la pluie

Copyrights : Daiei Studios – (C) Capricci

manoir. Mais Kenjuro apprendra à ses dépens à ne pas se fier aux apparences. Quant à Tobeï le paysan, abandonnant sa femme qui finira prostituée, il cherche à devenir samouraï pour se couvrir d’une gloire factice…

Le conflit des désirs

Critique : Le film fait partie des œuvres les plus connues de Mizoguchi, produites par Masaichi Nagata à la Daiei dans les années 1950. Si le cinéaste avait déjà abordé le film à costumes dans sa période antérieure (Contes des chrysanthèmes tardifs, 1939), il atteint ici une plénitude qui constitue l’apogée de son art. Adapté de nouvelles littéraires, Les Contes de la lune vague après la pluie est d’abord un beau récit croisant réalisme et fantastique. Les mirages dont sont victimes Kenjuro et son beau-frère Tobeï ne sont perçus comme tels que rétrospectivement, aussi bien par les personnages que le spectateur. Il en résulte un décalage vertigineux qui contraste avec le film traditionnel de fantômes : ces contes sont ainsi plus proches de la mise en abyme déployée par Alejandro Amenábar dans Les Autres que de la poésie féerique du Mankiewicz de L’Aventure de Mme Muir.

L’autre qualité du film est une critique à peine voilée de la société japonaise de son temps, Mizoguchi ayant souvent privilégié le film d’époque pour contourner la censure. L’esprit belliqueux de Tobeï et la rapacité de Kenjuro illustrent aussi bien l’arrogance militaire des Japonais pendant la guerre que l’envers du décor de la décennie suivante (un miracle économique en trompe-l’œil).

Les Contes de la Lune vague après la pluie (Ugetsu) Rétrospective Mizoguchi

Copyrights : Daiei Studios – (C) 2019 Photo proposée par Les Bookmakers

Les Contes de la lune vague après la pluie est un sommet de poésie

Par ailleurs, si la société féodale et ses hiérarchies fermées révélaient une sclérose dans l’ascension sociale, le Japon d’après-guerre était certes démocratique et égalitaire mais n’en comprenait pas moins des laissés-pour-compte. Les femmes sont ici en première ligne des exclues, réduites à la domesticité, la maternité ou la prostitution. Mais il serait réducteur de ne voir que cette vision du film. Les Contes de la lune vague après la pluie frappe par l’intransigeance et le perfectionnisme de son auteur, qui utilise les costumes, décors et accessoires pour créer un véritable pouvoir hypnotique. Sa caméra dessine des plans qui évoquent l’art pictural des maîtres de l’estampe. « Peu d’effets de caméra, de travellings, mais soudain, quand ils jaillissent en cours de plan, ils ont une fulgurante beauté », écrivait Jean-Luc Godard, grand admirateur du cinéaste. Refusant l’anecdote et le pittoresque, Mizoguchi mise sur la sobriété et l’épure, loin de la démarche baroque et spectaculaire d’Akira Kurosawa ou de l’émotion contenue de Yasujirô Ozu. Le film est bien servi par ses interprètes dont la fascinante Machikyo Kyo en princesse spectrale et la délicate Kinuyo Tanaka, que le cinéaste avait déjà dirigée dans La Vie d’O’Haru femme galante (1952).

Critique de Gérard Crespo

Sorties de la semaine du 18 mars 1959

Copyright Les Bookmakers / Capricci Films

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Bande-annonce des Contes de la lune vague après la pluie

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