Sur le terrain glissant de la comédie romantique, Marco Berger affirme son style et nourrit un suspense homoérotique de chaque instant. Les amants astronautes nous engage dans ses passions de cœur et d’esprit.
Synopsis : Pedro rentre d’Espagne dans son pays natal l’Argentine pour revoir ses proches. Mais les retrouvailles avec un ami d’enfance, le séduisant Maxi, prennent une tournure inattendue à mesure que leur relation devient de plus en plus ambigüe. Bien que Maxi soit hétérosexuel, la montée du désir entre eux ne cesse de croître tandis qu’ils cherchent à le cacher, et peut-être à l’accepter ?
Critique : Synthèse de son cinéma charnel entièrement construit sur des rencontres masculines qui s’attirent, s’observent, se testent, se prélassent, et se consomment, Les amants astronautes est une itération de bien des jalons de Marco Berger. L’auteur, fer de lance du cinéma LGBT argentin depuis Plan B en 2009, convoque à nouveau l’attirance entre un hétéro et un homo, comme dans ce premier film un peu rugueux qu’il allait développer en des expériences ardentes avec Hawaii et Taekwondo.
Comme toujours, Marco Berger met en scène l’attraction mutuelle des astres dans le creux d’une société effacée où les personnages font leur propre société, dans des environnements souvent à l’écart des contingences argentines modernes. Dans sa simplicité de style, le cinéaste milite pour aller au plus près de ses personnages qu’il écarte de toute distraction contemporaine.
A l’instar de ce qu’il avait déjà fait dans Taekwondo ou dans le très récent Les agitateurs, le cinéaste n’opère pas dans l’originalité de cadre. Il use d’un axe narratif bien rôdé pour provoquer les rencontres et convie une fois de plus ses protagonistes dans un espace où le pluriel cohabite dans une forme d’oisiveté qui limite la possibilité de dramaturgie par l’action. On ne cherchera point les rebondissements dans le cinéma de Berger : l’auteur les fuit avec une constance qu’il manipule dans sa gestion du temps.
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Moins sombre que certains de ses derniers essais (on pense à la fin cogneuse des Agitateurs mais aussi au Prédateur), Les amants astronautes réinvente la comédie romantique dans une tendresse des mots qui peut paraître contradictoire avec son langage fleuri.
Chez son cousin à qui il vient rendre visite en Argentine, le jeune Pedro exilé en Espagne tombe sur Maxi, un ami d’enfance. La flamme se rallume immédiatement, alimentée par le jeu de séduction de Maxi, hétéro fraichement célibataire, qui va multiplier les joutes verbales pour provoquer son ami. Métaphores phalliques et obsession scatologique, Maxi s’amuse de son immaturité d’homme comme pour aider Pedro à le confronter à ses désirs. Et si il n’était pas capable d’assumer ses propres désirs, lui, le beau-parleur au discours provocateur?
Sur le ton de la légèreté et d’une inclusivité totale qui peut paraître à rebrousse-poil de la vision que l’on a développée de l’Argentine contemporaine de Javier Milei, Les amants astronautes se dirige vers un épilogue que l’on espère serein tant la tension érotique entre “les deux amants périphériques” est palpable. L’intensité des désirs poussée à son paroxysme par un cinéaste qui ne redoute pas de languir (la durée proche des deux heures est sûrement excessive) ne peut que récompenser l’attente émotionnelle. Cela serait un crime passionnel que de ne pas y céder.
Cela tombe bien. Les amants astronautes est le premier et quatrième film de Marco Berger à trouver le chemin des salles de cinéma, exactement cinq ans (et un jour !) après Le colocataire que le même distributeur Optimale avait sorti non sans succès auprès de la communauté LGBTQ qui aura donc cette année la Pride heureuse avec la possibilité de prolonger le mois des fiertés en salle, à partir du 2 juillet, dernier jour de la Fête du cinéma 2025.
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