L’Eden (La jauría) : la critique du film (2023)

Drame | 1h26min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
L'Eden, l'affiche

  • Réalisateur : Andrés Ramírez Pulido
  • Date de sortie: 22 Mar 2023
  • Nationalité : Colombien, Français
  • Titre original : La jauría
  • Titres alternatifs : The Pack (titre international) / O Éden (Portugal) / Wataha (Pologne)
  • Année de production : 2022
  • Acteurs : Jhojan Estiven Jimenez, Maicol Andrés Jimenez, Miguel Viera, Diego Rincon, Carlos Steven Blanco, Ricardo Alberto Parra
  • Scénariste : Andrés Ramírez Pulido
  • Monteuses : Julie Duclaux, Juliette Kempf
  • Directeur de la photographie : Balthazar Lab
  • Compositeur : Pierre Desprats
  • Chef maquilleur : -
  • Chef décorateur : Johana Agudelo Susa
  • Directeurs artistiques : Daniel Rincon, Johana Agudelo Susa
  • Producteurs : Jean-Étienne Brat, Lou Chicoteau, Andrés Ramírez Pulido
  • Productrice exécutive : Sonia Barrera Gutierrez
  • Sociétés de production : Alta Rocca Films, Micro Climat, Valiente Gracia
  • Distributeur : Pyramide Distribution
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : Pyramide Vidéo (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 22 juillet 2023
  • Budget : -
  • Box-office France / Paris 4 851 entrées / 1 965 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleur / Son : 5.1
  • Festivals : Festival de Cannes 2022, Semaine de la Critique
  • Nominations :
  • Récompenses : Festival de Cannes 2022, Semaine de la Critique : Grand prix et prix SACD
  • Illustrateur/Création graphique : © Louise Matas - Arnaud Routaboule. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Alta Rocca Films, Micro Climat, Valiente Gracia. All Rights Reserved. Tous droits réservés.
  • Attachés de presse : Ciné-Sud Promotion, Claire Viroulaud
  • Tagline : Grand Prix, Prix SACD, 61ème Semaine de la Critique, Cannes 2022
Note des spectateurs :

Premier film colombien ambitieux, L’Eden a le mérite de traiter de la violence de la société locale par le prisme d’un cinéma contemplatif où la poésie s’invite à intervalles réguliers. Une belle découverte.

Synopsis : Eliú, un garçon de la campagne, est incarcéré́ dans un centre expérimental pour mineurs au cœur de la forêt tropicale colombienne, pour un crime qu’il a commis avec son ami El Mono. Chaque jour, les adolescents effectuent des travaux manuels éprouvants et suivent des thérapies de groupe intenses. Un jour, El Mono est transféré dans le même centre et ramène avec lui un passé dont Eliú tente de s’éloigner.

La jauria (Leden) : photo

© 2022 Alta Rocca Films – Micro Climat – Valiente Gracia. Tous droits réservés.

L’Eden où la fusion réussie de deux courts-métrages

Critique : Déjà auteur de plusieurs courts-métrages consacrés à l’adolescence (dont El Edén en 2016 et Damiana en 2017), le réalisateur colombien Andrés Ramírez Pulido a opté pour une refonte de ses précédents travaux afin de livrer un premier long-métrage ambitieux. Dans L’Eden (2022), il suit la destinée de plusieurs adolescents enfermés dans un centre de détention d’un nouveau genre, perdu en pleine jungle. Cette localisation étonnante permet au film de s’affranchir d’un certain réalisme social qui ne semble guère intéresser le cinéaste. D’ailleurs, dans le dossier de presse, Andrés Ramírez Pulido précise qu’une telle structure n’existe pas en Colombie. En fait, pour écrire son scénario, le réalisateur s’est surtout inspiré de sa propre expérience au sein d’ateliers cinématographiques organisés pour tenter de réinsérer des mineurs délinquants. Ainsi, l’auteur démontre une parfaite connaissance des problématiques à l’œuvre dans ce phénomène de délinquance particulièrement marqué en Colombie.

Sans jamais faire appel à des dialogues signifiants, Andrés Ramírez Pulido s’appuie sur le pouvoir des images pour montrer que la stigmatisation de cette jeunesse est contre-productive. Il insiste notamment sur l’absence d’éducation et sur les rapports conflictuels de ces jeunes avec leurs pères, décrits comme des monstres de froideur et de violence. Alors que le début du film nous montre des jeunes paumés encadrés par des adultes qui cherchent à les comprendre, la situation va petit à petit s’envenimer. Dès lors, ceux qui sont censés représenter l’autorité révèlent également des failles psychologiques béantes encore liées à des relations familiales complexes.

Et si la rédemption était possible ?

C’est finalement le jeune garçon le plus taiseux – le très magnétique Jhojan Estiven Jimenez – qui va connaître l’évolution la plus intéressante. A mesure que le film avance, celui-ci prend conscience de l’horreur de son crime et va même rencontrer la foi à travers une magnifique séquence poétique située dans une grotte. Dès lors, le spectateur est invité à suivre l’histoire d’une rédemption au cœur d’un pays où tout part à vau-l’eau.

L'Eden, photo d'exploitation

© 2022 Alta Rocca Films – Micro Climat – Valiente Gracia. Tous droits réservés.

Au cœur d’une œuvre qui privilégie le plan-séquence et la lenteur contemplative, la violence colombienne s’invite essentiellement par le biais du hors-champ, et très souvent par le son. Sans jamais montrer la violence physique, L’Eden n’en demeure pas moins une œuvre forte par sa description de jeunes gens dévastés par une existence chahutée. D’ailleurs, la prison à ciel ouvert semble presque plus accueillante que la région alentour où la mort violente peut surgir à n’importe quel moment par le jeu de la vendetta personnelle.

L’Eden, deux prix mérités à Cannes en 2022

Remarquable sur le plan esthétique, L’Eden fascine par la construction savante de ses plans, mais aussi par la beauté de sa photographie qui sublime le cadre naturel luxuriant de la jungle amazonienne. Etouffante par le poids de la nature sauvage, l’atmosphère devient franchement irrespirable lorsque la violence des hommes s’invite à la fête lors du dernier quart d’heure. Ce qui n’empêche nullement le long-métrage de se terminer sur une note d’espoir pour l’un des jeunes protagonistes. Il sera le seul à sortir grandi de l’expérience, mais la dernière scène permet au spectateur de respirer un petit peu, contrairement à la fin désespérée du récent Los reyes del mundo (Laura Mora Ortega, 2022).

L'Eden (2023) en DVD chez Pyramide Vidéo

Editeur : Pyramide Films © 2022 Alta Rocca Films – Micro Climat – Valiente Gracia. Tous droits réservés.

Présenté à la Semaine de la Critique lors du Festival de Cannes 2022, L’Eden a obtenu le Grand prix, ainsi que le Prix SACD, largement mérités. Cela a offert au film une sortie dans nos salles par les bons soins de Pyramide Distribution. Diffusé à partir du 22 mars 2023, L’Eden a mobilisé 2 876 délinquants lors de sa semaine d’investiture. Malheureusement, le métrage ambitieux perd plus de 50% de ses entrées en deuxième septaine avec seulement 1 205 retardataires. Ainsi, la barre des 4 000 spectateurs est franchie en seulement deux semaines sur la France. Les cinq suivantes ne permettront de cumuler que quelques centaines d’entrées en plus pour un total assez maigre de 4 851 cinéphiles exigeants à son bord. A Paris intra-muros, à peine deux cinéma, dont le MK2 Beaubourg le diffuseront, mais cette sortie clandestine se résumera à moins de 2 000 entrées, dont plus de 60% en première semaine + avant-premières.

Ce premier essai valeureux a ensuite fait l’objet d’une discrète sortie en DVD durant le mois de juillet 2023. On ne saurait trop vous conseiller d’en faire l’acquisition.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 22 mars 2023

Acheter le film en DVD

Voir le film en VOD

L'Eden, l'affiche

© 2022 Alta Rocca Films – Micro Climat – Valiente Gracia / Affiche : Louise Matas – Arnaud Routaboule. Tous droits réservés.

Biographies +

Andrés Ramírez Pulido

Mots clés

Cinéma colombien, Les délinquants au cinéma, Les drames de l’adolescence au cinéma, L’Amérique du Sud au cinéma

Trailers & Vidéos

trailers
x
L'Eden, l'affiche

Bande annonce de L'Eden (VOstf)

Drame

x