Bondieuseries et possessions de pacotille au menu de ce thriller surnaturel aux ficelles énormes ! Le Rite incarne le pire de l’horreur des années 2010. Et pourtant, ce fut un gros succès dans les salles françaises.
Synopsis : “Le Rite” suit la trajectoire d’un séminariste sceptique Michael Kovak, qui assiste à contrecoeur à des cours d’exorcisme au Vatican. A Rome, il rencontre un prêtre peu orthodoxe, le père Lucas, qui lui présente la face sombre de sa foi…
Critique : Amis de la subtilité, passez votre chemin. Mis en scène par Mikael Hafström, réalisateur du roublard Chambre 1408 et du détestable thriller domestique Dérapage, Le rite cumule à peu près toutes les tares du cinéma pompier. Acteur belle-gueule qui n’a aucune incarnation à l’écran, surtout dans le rôle d’un apprenti prêtre (Colin O’Donoghue, future vedette de la série Once Upon a Time où il incarnait le Capitaine Crochet), effets visuels et sonores incessants (bim bam boum, vive le 5.1 avec un grand bang !), avec apparitions, flashs et cauchemars pas si oniriques que cela… On ne nous épargne rien dans cet énième récit d’exorcisme.
Situé à Rome (toutes les cartes postales de la ville viennent l’attester !), un jeune prêtre américain en proie au doute, est recommandé auprès d’un spécialiste de l’exorcisme, joué par Sir Anthony Hopkins, qui n’a pas attendu les années 2010 pour cachetonner. Celui-ci, les unes après les autres, va démolir toutes les thèses scientifiques du jeune récalcitrant, la schizophrénie, la répression des traumatismes… en le confrontant à de vilaines entités diaboliques.
Depuis L’exorciste et son ambiance imparable (1973), les démons, pas bégueules, jurent, insultent, offensent, blasphèment comme au comptoir d’un bistrot et se contorsionnent jusqu’à s’en plier l’échine. Dans Le rite, tout est dans le titre : pourquoi diable ébranler les formules, aussi médiocres soient-elles ?
Aussi, on croise également tous les compères du pote Belzébuth, de grosses blattes, une armée de félins, quelques crapauds et un mulet aux yeux possédés. Pas de doute, le mal imprègne la cité romaine et on ne parle pas ici de la corruption politique locale.
Dans ce déluge frustre de clichés maléfiques destinés à épouvanter la ménagère et les ados qui ont encore peur du noir (c’est que c’est tiré d’une histoire vraie, si, si), on s’ennuie fermement, d’autant que cela dure près de deux heures. 120 minutes pour finir avec un face à face bâclé entre l’apprenti exorciste et ce pauvre Anthony Hopkins, soudainement devenu figure du malin (pour exploiter encore sa mémorable participation au Silence des agneaux), et se voir asséner un discours religieux offensant pour les croyants et les non-croyants.
Aux USA (33M$ au B.O), les spectateurs n’y ont pas cru, pourtant cette production Warner bénéficiait d’un budget coquet de 37M$ !
Heureusement, les Français, avec son taux d’athéisme soi-disant record en Europe, a su conjurer le sort de cette mauvaise production. Le Rite a littéralement surperformé avec trois belles semaines au-dessus des 100 000 entrées : 372 683 entrées dans seulement 237 salles (!), 263 866 entrées, 108 000 entrées… Finalement le charisme d’Anthony Hopkins placardé sur l’affiche en croix a agrégé les fans, avec 824 000 grenouilles de Bénitier en fin d’une illustre carrière, soit 7 300 000$ de recettes. En dehors des USA, seul le Mexique a fait mieux (11.3M$). Des pays comme le Royaume-Uni (2.5M$) et l’Allemagne (2.1M$) en feront un sacré flop.

© Warner Bros Entertainment – New Line. Tous droits réservés
Mikael Håfström, Anthony Hopkins, Christopher Marquette, Rutger Hauer, Maria Grazia Cucinotta, Toby Jones, Alice Braga, Ciarán Hinds, Colin O’Donoghue