Le moulin des supplices : la critique du film (1962)

Epouvante-Horreur | 1h36min
Note de la rédaction :
8/10
8
Le moulin des supplices : affiche française

  • Réalisateur : Giorgio Ferroni
  • Acteurs : Pierre Brice, Scilla Gabel, Dany Carrel, Wolfgang Preiss
  • Date de sortie: 05 Sep 1962
  • Nationalité : Italien, Français
  • Titre original : Il mulino delle donne di pietra
  • Année de production : 1960
  • Directeur de la photographie : Pier Ludovico Pavoni
  • Musique : Carlo Innocenzi
  • Distributeur : DCF
  • Editeur vidéo (Mediabook) : Artus Films
  • Sortie vidéo (Mediabook) : 2 avril 2019
  • Crédits affiche : © 1960 Armor Films / Illustrateur : Sandro Symeoni. Tous droits réservés.
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans lors de sa sortie / Tous public de nos jours.
Note des spectateurs :

Grand classique du cinéma gothique italien, Le moulin des supplices vaut pour ses qualités esthétiques et son sous-texte sexuel très marqué. Une référence dans son genre.

Synopsis : Hans part à Amsterdam rencontrer le célèbre sculpteur, Wahl. Ce dernier vit dans un mystérieux moulin reconverti en maison de cire. Alors qu’Hans s’éprend de la fille de Wahl, il découvre un terrible secret…

1960, la grande année du gothique italien

Critique : Lorsque le documentariste Giorgio Ferroni se lance dans la conception du Moulin des supplices (1960), le fantastique gothique italien est tout juste en train d’émerger. Effectivement, si l’on met de côté Les vampires (Freda, 1957), aucun vrai film marquant n’a encore émergé. L’année 1960 peut d’ailleurs être considérée comme une date charnière puisque Mario Bava signe en même temps Le masque du démon (1960) qui va lancer cette mode pour de bon grâce à son impact sur les fans de gothique.

Le moulin des supplices, jaquette du Mediabook Artus

© 1960 Armor Films / © 2019 Artus Films. Conception graphique : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

En réalité, les Italiens cherchent surtout à exploiter un genre qui est popularisé grâce aux films en couleur de la Hammer. Voilà pourquoi Ferroni choisit de tourner également en couleur une œuvre qui peut, du coup, être considérée rétrospectivement comme fondatrice du gothique italien avec profusion de couleurs pimpantes.

Des thèmes classiques sublimés par une superbe photographie

Certes, le directeur de la photographie Pier Ludovico Pavoni ne va pas aussi loin que Mario Bava dans l’expérimentation, mais il ose déjà utiliser les couleurs de manière expressionniste et non de façon réaliste. Il faut dire que la localisation de l’intrigue aux Pays-Bas n’autorise pas de grands délires visuels puisque Ferroni cherche avant tout à rendre hommage à la peinture flamande, plus sombre et feutrée.

Comme souvent à l’époque, les auteurs surfent sur des thèmes fantastiques à la mode. Ainsi, ils mélangent ici de manière habile et quasiment imperceptible deux thématiques classiques : celle du savant fou qui cherche à donner la vie (dans le style de Frankenstein ou encore des Yeux sans visage), mais aussi celle du musée de cire (réactivée en 1953 par le succès de L’homme au masque de cire d’André de Toth). Si le script peut donc apparaître comme un mélange opportuniste de sujets dans le vent, Le moulin des supplices est finalement plus intéressant que la moyenne des productions grâce à un sous-texte freudien très marqué.

Un sous-texte sexuel osé pour l’époque

Ainsi, Ferroni prend son temps durant les quarante premières minutes pour développer la psychologie des personnages et surtout leurs relations. Visiblement peu intéressé par sa promise – la jolie Dany Carrel – le héros cherche l’aventure dans les bras de l’inquiétante, mais terriblement sensuelle fille du célèbre sculpteur Wahl. Bien évidemment, la pulpeuse et magnifique Scilla Gabel incarne à elle seule une sexualité débordante. N’est-elle pas susceptible de décéder à chaque émotion forte, dans une sorte de transe qui évoque la petite mort ?

Le héros interprété avec un certain charisme par Pierre Brice, encore inconnu avant de devenir la star allemande des Winnetou deux ans plus tard, est donc attiré par une sexualité plus exacerbée, voire interdite. Cela l’entraîne dans une aventure macabre où les femmes sont transformées en des mannequins de cire – une image particulièrement foudroyante de ce que l’on peut appeler la femme objet.

Une symbolique appuyée pour une résolution très chrétienne

Dans une perspective chrétienne assez classique au cœur du cinéma italien, le jeune héros devra passer par des épreuves formatrices – dont une expérience de la drogue – pour mieux retrouver le chemin de la vertu et de l’amour véritable, celui un brin bourgeois et conventionnel de sa promise.

Tout ceci est souligné par des symboles plus ou moins évidents – l’utilisation de la couleur rouge, de la rose comme image de la sexualité féminine – qui donnent au métrage un intérêt thématique supplémentaire, à une époque où certains sujets ne pouvaient être abordés de manière frontale.

Un modèle du film gothique

Ces analyses approfondissent considérablement la signification d’un spectacle qui n’a toutefois pas besoin de cela pour être séduisant. Porté par une réalisation inspirée, des décors absolument magnifiques, des images splendides et une belle musique de Carlo Innocenzi, Le moulin des supplices bénéficie d’une remarquable ambiance gothique, et même macabre par instants. Jamais ennuyeux malgré un rythme plutôt lent, le spectacle se regarde toujours avec gourmandise de nos jours et constitue à n’en pas douter l’un des grands classiques du bis transalpin, et du cinéma gothique mondial en général.

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Critique du film : Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 5 septembre 1962

Le moulin des supplices : affiche française

© 1960 Armor Films / Illustrateur : Sandro Symeoni. Tous droits réservés.

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Le moulin des supplices : affiche française

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