Le lac aux oies sauvages : la critique du film (2019)

Drame, Film noir | 1h49min
Note de la rédaction :
6/10
6
Affiche française du Lac aux oies sauvages

  • Réalisateur : Diao Yinan
  • Acteurs : Hu Ge, Kwai Lun-mei, Liao Fan, Wan Qian, Tang Wei
  • Date de sortie: 25 Déc 2019
  • Nationalité : Chinois, Français
  • Titre original : Nan Fang Che Zhan De Ju Hui
  • Distributeur : Memento Films
  • Éditeur vidéo : Memento
  • Date de sortie vidéo : 25 avril 2020 (VOD)
  • Box-office France / Paris : 227 691 entrées / 82 896 entrées
  • Classification : Tous publics, avec avertissment : "Certaines scènes de ce film sont susceptibles de heurter un jeune public"
  • Festival : Sélection officielle Cannes 2019
Note des spectateurs :

Le Lac aux oies sauvages, sélectionné à Cannes 2019, est un polar romanesque sophistiqué et élégant qui n’évite pas la gratuité de l’exercice de style mais confirme le savoir-faire technique de Diao Ynan.

Synopsis : Un chef de gang en quête de rédemption et une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté se retrouvent au cœur d’une chasse à l’homme. Ensemble, ils décident de jouer une dernière fois avec leur destin.

Critique : Diplômé de l’Académie centrale d’art dramatique de Pékin, Diao Ynan est surtout connu pour Train de nuit (Un Certain Regard 2007), radioscopie sèche d’une auxiliaire de justice, et le superbe Black Coal (Ours d’or à la Berlinale 2014), enquête policière privilégiant une atmosphère hargneuse et cafardeuse.

Une trame discrètement romanesque qui s’insère au sein d’une structure en polar assez alambiquée

Il poursuit dans cette voie avec Le Lac aux oies sauvages qui greffe une ambiance décalée et irréelle à un cadre que l’on n’osera qualifier de documentaire tant les intentions du cinéaste sont éloignées de la veine réaliste. Et pourtant, comme au début du film, une « Assemblée nationale des voleurs » s’est vraiment tenue à Wuhan, avec des délégués venus de tous les pays qui étaient en pleine répartition des territoires de la ville quand les policiers ont débarqué. De même, la faune des marginaux et de la pègre au cœur du récit existe bien dans la périphérie d’une cité que le cinéaste semble bien connaître.

Copyrights : Green Ray Films – Memento Film Productions – Arte France Cinéma – Dong Jingsong

Mais Diao Ynan préfère transcender ce matériau et opter pour une trame discrètement romanesque qui s’insère au sein d’une structure en polar assez alambiquée : il y est question d’indics, de manipulation, de dénonciation, de solidarité entre femmes, sans que le spectateur comprenne toujours les tenants et les aboutissants d’une intrigue pour le moins confuse. Mais là n’est pas l’essentiel, et l’on sait depuis Le Grand sommeil de Howard Hawks (coécrit par Faulkner d’après un roman de Chandler) ou La Dame de Shanghai d’Orson Welles que les polars aux scénarios les plus incompréhensibles sont souvent les plus fascinants.

Un exercice de style léché et sophistiqué dont la machinerie tourne quelque peu en rond.

Diao Ynan précise d’ailleurs qu’il a été un grand lecteur et spectateur d’œuvres noires des années 40 et 50, ce genre permettant une expression personnelle d’observations sur les hommes en société. À vrai dire, on est surtout frappé par la séduction plastique d’un film qui doit beaucoup au travail du fidèle chef opérateur Jingsong Dong, particulièrement dans les séquences associant la femme et l’eau, et dans celles, situées en nocturne, qui baignent le métrage dans une ambiance angoissante : « La nuit, c’est le mystère, et c’est aussi la mort qui rôde, des créatures insolites qui surgissent des ténèbres. L’indistinct, le vacillant et le vague augmentent la palette de la caméra, je dirais que la nuit ajoute des filtres à l’objectif, et on peut retrouver l’élégance et l’abstraction du noir et blanc. Les taches lumineuses, les couleurs plus denses et les rues désertes deviennent un rêve venu du fond des ténèbres. La nuit m’engage aussi à prendre des risques, à me confronter au mythe », tient à préciser Diao Ynan dans les notes d’intention.

Le résultat est de bonne tenue, mais peine à capter l’attention pendant deux heures tant on a le sentiment de regarder un exercice de style léché et sophistiqué dont la machinerie tourne quelque peu en rond. Dans un registre similaire, Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan s’avérait plus ambitieux et abouti. Les acteurs sont en revanche charismatiques, et l’on ne peut qu’admirer le solide Liao Fan en flic tenace, Tang Wei en putain au grand cœur, ainsi que Ge Hu en beau gosse et bad boy.

Critique de Gérard Crespo

Sorties de la semaine du 25 décembre 2019

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Affiche française du Lac aux oies sauvages

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Design affiche : E. Dorot.

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