Le doux amour des hommes : la critique du film (2002)

Drame | 1h20min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Le doux amour des hommes, affiche du film de Jean-Paul Civeyrac

  • Réalisateur : Jean-Paul Civeyrac
  • Acteurs : Vincent Macaigne, Guillaume Verdier, Serge Bozon, Renaud Bécard, Claire Pérot, Marie-Joséphine Crenn
  • Date de sortie: 16 Jan 2002
  • Nationalité : Français
  • Scénariste : Jean Paul Civeyrac, adapté du roman Penses-tu réussir de Jean de Tinan
  • Directrice de la photographie : Céline Bozon
  • Compositeur : Max Reger
  • Distributeur : Magouric Distribution
  • Éditeur vidéo : Blaq Out
  • Sortie vidéo (coffret) : 8 juin 2006
  • Box-office France : 5 239 entrées (exploité uniquement sur Paris)
  • Format : 2.35 : 1 / Son : Dolby Digital
  • Crédits visuels : Copyright Les Films Pelléas. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Avec Le doux amour des hommes, Jean-Paul Civeyrac aborde les rapports complexes entre hommes et femmes à l’orée du 21ème siècle et livre une œuvre grave et légère à la fois. Intéressant à défaut d’être pleinement enthousiasmant.

Synopsis : Raoul Vallonges, un jeune homme, collectionne les conquêtes féminines. Il est en quête d’un amour qui semble inatteignable, mais fait bientôt la rencontre de Jeanne, une femme à la destinée libre et tragique.

Civeyrac adapte un roman du 19ème siècle

Critique : Après avoir expérimenté un tournage en roue libre – soit sans scénario écrit – avec son très expérimental Fantômes (2001), le réalisateur indépendant Jean-Paul Civeyrac se lance dans un autre défi de taille puisqu’il s’agit d’adapter un roman oublié de la fin du 19ème siècle, en le transposant dans le Paris du début du 21ème siècle. Il s’agit de Penses-tu réussir de Jean de Tinan, jeune auteur qui fut une figure du dandysme avant de décéder tragiquement à l’âge de 24 ans, non sans nous avoir laissé quelques écrits. Considéré à la fin du 19ème siècle comme un nouveau Flaubert, Jean de Tinan est pourtant tombé progressivement dans l’oubli. Il était donc culotté de ressusciter cet auteur et de le confronter à notre monde contemporain.

Coffret DVD Jean-Paul Civeyrac

© 2006 Blaq Out. Tous droits réservés.

En réalité, Jean-Paul Civeyrac s’est surtout inspiré d’un chapitre du livre consacré à la rencontre entre le héros (Raoul) et la pétillante Jeanne, à leur escapade amoureuse à la campagne, puis au décès de la jeune fille. Le réalisateur reprend donc cette structure narrative pour nous conter les errances du cœur d’une jeunesse bohème. On se croirait ici sur les traces d’un certain Rohmer, même si le cinéma de Civeyrac s’avère au final très éloigné des marivaudages du maître de la Nouvelle Vague.

Portrait d’une jeunesse bourgeoise et bohème

Effectivement, les personnages mis en avant ici sont de jeunes intellectuels qui cherchent à percer dans le monde des lettres, tout en se noyant dans les plaisirs d’une existence vouée à la futilité. Dans ce microcosme parisien très sûr de sa supériorité, Raoul peut apparaître comme un électron libre puisqu’il semble être le seul à avoir conscience de sa propre imposture. Alors qu’il multiplie les rencontres amoureuses vouées à l’échec, il ne fait qu’espérer rencontrer le grand amour. Lorsqu’il pense enfin toucher du doigt cet état, il ne cesse de disserter sur sa condition et passe ainsi à côté de ce qui fait le sel de l’existence. Au lieu de se laisser aller à vivre sa vie, le personnage crée une distance constante entre lui et les autres.

Le doux amour des hommes, photo d'exploitation 1

Copyright Les Films Pelléas. Tous droits réservés.

Il faudra finalement l’arrivée brutale de la mort, et donc de l’absence de l’être aimé – thème récurrent chez Civeyrac – pour que Raoul prenne vaguement conscience de ce qu’il vient de vivre. Ces multiples interrogations sont bien sûr celles du romancier Jean de Tinan, mais aussi d’un cinéaste qui cherche à comprendre une génération en apparence libre de toute attache. Les filles choisissent leurs partenaires, les hommes ne cessent de clamer leur indépendance, mais tous semblent finalement assez malheureux.

Le doux amour des hommes, photo d'exploitation 2

Copyright Les Films Pelléas. Tous droits réservés.

Comme à son habitude, Jean-Paul Civeyrac filme les êtres au plus près, avec la volonté de traquer leurs moindres attitudes corporelles. Cette sensualité constante qui permet aux personnages de s’incarner est pourtant contredite en permanence par l’intellectualisme de protagonistes finalement assez évanescents. On aura donc parfois du mal à s’attacher à ces différentes personnalités qui clament sans cesse leur désir de fusion avec l’autre, sans jamais y parvenir par excès de cynisme.

Des jeunes acteurs talentueux

On peut toutefois signaler l’excellence de l’interprétation. Renaud Bécard fait un Raoul très convaincant tandis que Claire Pérot offre son dynamisme à une Jeanne pleine de vie et qui brûle l’existence par les deux bouts. On apprécie également la justesse de jeu de Serge Bozon, et les amateurs de Vincent Macaigne pourront toujours découvrir le comédien au tout début de sa carrière dans le rôle-éclair d’un serveur de brasserie parisienne.

Réalisé avec soin, mis en lumière de manière satisfaisante par Céline Bozon qui s’inspire de tableaux de maître – et ceci malgré un tournage en vidéo un peu frustre – Le doux amour des hommes fait donc partie des réussites de Jean-Paul Civeyrac, même si on peut lui préférer d’autres œuvres flirtant de manière plus évidente avec le fantastique, ici absent. A noter que le film n’est sorti que dans les salles parisiennes, avec un succès plus prononcé que Fantômes, diffusé deux mois plus tard.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 16 janvier 2002

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Le doux amour des hommes, affiche du film de Jean-Paul Civeyrac

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Le doux amour des hommes, affiche du film de Jean-Paul Civeyrac

Bande-annonce de Le doux amour des hommes (VF)

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