Le diable s’habille en Prada : la critique du film (2006)

Comédie bitchy | 1h39min
Note de la rédaction :
7.5/10
7.5
Le diable s'habille en Prada, affiche du film

  • Date de sortie: 27 Sep 2006
  • Année de production : 2006
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Devil Wears Prada
  • Titres alternatifs : Il diavolo veste Prada (Italie), O Diabo Veste Prada (Brésil), El diablo viste a la moda (Mexique), El diablo viste de Prada (Espagne), Der Teufel trägt Prada (Allemagne), Djävulen bär Prada (Suisse), O Diabo Veste Prada (Portugal)
  • Scénaristes : Aline Brosh McKenna
  • D'après l'œuvre de : Lauren Weisberger
  • Directeur de la photographie : Florian Ballhaus
  • Monteur : Mark Livolsi
  • Compositeur : Theodore Shapiro
  • Producteurs : Wendy Finerman
  • Sociétés de production : Fox 2000 Pictures, Dune Entertainment, Major Studio Partners, Peninsula Films
  • Distributeur : Twentieth Century Fox
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : 20th Century Studios
  • Date de sortie vidéo (DVD, blu-ray) : 28 mars 2007 (DVD), ‎5 novembre 2008 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 2 177 476 entrées / 651 735 entrées
  • Box-office USA / Monde 124 740 460$ / 326 706 115$
  • Budget : 35 000 000$
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / SDDS, DTS, Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : Deauville Film Festival (2006), San Sebastián Film Festival (2006), Rome Film Festival (2006), Festival de Venise (2006)
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 20th Century Fox Film Corp. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise :
Note des spectateurs :

Le diable s’habille en Prada est une satire sardonique sur le milieu de la mode. Le projet est brillamment incarné par une Meryl Streep féroce de grâce et de méchanceté, dans l’un de ses meilleurs rôles. L’une des comédies culte des années 2000, absolument jubilatoire.

Synopsis : Fraîchement diplômée, Andrea débarque à New York et décroche un job de rêve. Mais en tant qu’assistante de la tyrannique rédactrice en chef d’un prestigieux magazine de mode, elle va vite découvrir ce que le mot “enfer” veut dire…

Le diable s’habille en Prada : quatorzième plus gros succès américain en 2006

Critique : Succès surprise au box-office américain avec plus de 120 000 000 de dollars de recettes pour une mise de départ réduite à 35M$, The Devil Wears Prada est définitivement la comédie bitchy de l’année 2006. Cette adaptation du fameux best-seller branché de Lauren Weisberger marque l’avènement d’un humour impitoyable dans les coulisses classes et raffinées d’un grand magazine de mode. Le public féminin et LGBT lui ont fait un triomphe. Et pour cause, le divertissement du verbe cassant offrait au septième art et à la comédie nord-américaine l’un de ses personnages les plus drôles dans l’arrogance, la majesté méchante et le dédain royal. Un revival propret d’Absolument Fabuleux, série trash de la BBC des années 90, à la sauce américaine.

Le plus grand rôle de Meryl Streep était… comique ?

La maîtresse des lieux, l’odieuse directrice de rédaction incarnée par Meryl Streep, est une diablesse aux exigences méphistophéliques. La verve blessante, le regard désapprobateur, le menton hautain et les cheveux taillés par sa seule vanité, son personnage impose un consensus immédiat qui ne faiblit pas alors que l’intrigue progresse vers plus de mesquinerie et d’avilissement. Elle traverse tout le métrage le visage stoïque, figé dans l’ignominie, sans provoquer une seule fois l’aversion malgré les camouflets répétés qu’elle inflige à ses employées.

La voix douce, quasi angélique, Meryl Streep insuffle à son personnage une méchanceté doucereuse et cassante avec une retenue épatante. La comédienne n’est jamais dans l’excès et s’éloigne de la caricature facile qu’elle transcende grâce à son charme. Son personnage de Miranda traversera les années sans vieillir, s’inscrivant dans un patrimoine culturel camp délicieux. Son interprétation nous rappelle à quel point Streep est capable d’exceller dans le genre comique, après des rôles hilarants assez semblables dans She Devil de Susan Seidelman (1990) et dans La mort vous va si bien de Bob Zemeckis (1992).

Les révélations Anne Hathaway et Emily Blunt

Face à l’ogresse de pouvoir que joue Meryl Streep, Andrea sa nouvelle assistante (la mignonnette Anne Hathaway, alors issue de divertissements Disney et de la romance homo Brokeback Mountain), subit tous les outrages : les réflexions sur son poids, son allure et ses capacités intellectuelles avec flegme. Elle est formée par une secrétaire au bord du burn out jouée par Emily Blunt dont le sens de l’ironie la hissera parmi les actrices à suivre également. Andrea craquera-t-elle ? Restera-t-elle la jeune femme simple des premiers instants ou se transformera-t-elle à son tour en une figure froide et cruelle, comme les icônes des couvertures sur papier glacé ? La haute couture s’amuse autant que nous de sa propre image en s’attaquant à une personnalité inspirée d’Anna Wintour, puisque l’autrice à l’origine du matériau littéraire adapté a été l’assistante traumatisée d’Anna Wintour, rédactrice en chef du mythique Vogue US.

La réflexion sur ce microcosme de paillettes et de fond de teint où l’on ne devient grand qu’une fois l’humiliation passée n’a, certes, rien de bien profond, mais a le mérite d’être mordante et savoureuse, en dépit d’une fin par trop moralisatrice propre aux formules des comédies romantiques de l’époque 2000, genre alors habité par les Jennifer Lopez ou Katherine Heigl.

Un succès colossal des années 2000

Le Malin peut se réjouir. Le plaisir est constant, le péché est mignon, nourri à l’aura des actrices et aux répliques piquantes (dans une scène coupée, Miranda, au téléphone, ordonne à son assistante : “Get away from her… She’s ugly and unattractive”, mais pourquoi ont-ils coupé ce pur moment de bonheur?). La fluidité du récit permet au Diable s’habille en Prada de se hisser instantanément parmi les classiques de la comédie américaine.

Les plus gros marchés du film ont été les USA, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et seulement en cinquième place la France, avec quand même plus de deux millions de spectateurs, ce qui était colossal en son temps pour une comédie dite girlie. Une décennie et demi après, Le diable s’habille en Prada n’a pas perdu de son toupet. Malgré ses défauts d’écriture, on l’aime intensément et l’autel déployé pour le culte de Miranda demeure.

Les garces sont éternelles.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 27 septembre 2006

Le diable s'habille en Prada, DVD

Copyrights : Twentieth Century Fox

Le DVD

Les suppléments : 2/5

Un DVD fourni, certes, mais au contenu assez décevant. Les six documentaires proposés sont en fait six featurettes sans saveur, purement promotionnelles et superficielles, comme les Américains savent si bien les faire (sic !). Heureusement le commentaire audio est bien plus dense en informations et anecdotes et permet une relecture détaillée de l’œuvre. Il faut dire que les gars s’y sont mis à cinq pour les enregistrer, puisque réagissent le réalisateur, le producteur, le monteur, le directeur de la photo et la costumière. L’ensemble manque néanmoins de punch et de folie. De la part des concepteurs d’une comédie, on pouvait s’attendre à un peu plus d’humour. Mais non, le professionnalisme pantouflard l’emporte. Les scènes supplémentaires (environ 17 minutes, dont quelques-unes qui valent le détour et méritaient bien d’apparaître dans le montage final) représentent le complément le plus satisfaisant car le plus amusant. Derniers bonus de cette édition : un bêtisier assez vain et la bande-annonce.
A noter que le film est également disponible dans une luxueuse édition limitée qui, pour cinq euros de plus, propose le roman de Lauren Weisberger, le tout dans un écrin aux allures d’agenda.

Image & son 3.5 / 5

La copie est irréprochable sur ces deux points et bénéficie d’une netteté à toute épreuve. Les couleurs sont d’une grande profondeur et rehaussent la fadeur de la réalisation. Quant au son Dolby Digital 5.1 proposé sur les pistes VO et VF, il donne du relief aux dialogues et aux effets sonores aussi limités soient-ils par le genre.

Frédéric Mignard

Le diable s'habille en Prada, affiche du film

Copyrights : Twentieth Century Fox

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