L’aventurier du Rio Grande : la critique du film (1960)

Western | 1h38min
Note de la rédaction :
8/10
8
L'aventurier du Rio Grande, Robert Mitchum

  • Réalisateur : Robert Parrish
  • Acteurs : Robert Mitchum, Pedro Armendáriz, Claudio Brook
  • Date de sortie: 27 Jan 1960
  • Année de production : 1959
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Wonderful Country
  • Titres alternatifs :
  • Scénaristes : Robert Ardrey
  • D'après l'œuvre de : Tom Lea (The Wonderful Country)
  • Directeurs de la photographie : Floyd Crosby, Alex Phillips
  • Monteur : Michael Luciano
  • Compositeur : Alex North
  • Producteurs : Chester Erskine
  • Sociétés de production : D.R.M. Productions (D. R. M. Productions, Inc.)
  • Distributeur : Les Artistes Associés
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Sidonis Calysta
  • Date de sortie vidéo : 8 janvier 2013 (Combo DVD, Blu-ray), 16 février 2015 (DVD, blu-ray broché - Edition spéciale)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 700 629 entrées / 154 246 entrées
  • Box-office nord américain / monde : Echec commercial
  • Budget :
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleur (Technicolor, 35mm), Mono
  • Festivals et récompenses : Aucune
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Critique : Réalisé dans la foulée du magnifique Libre comme le vent (1958), déjà avec Julie LondonL’aventurier du Rio Grande (1959) est devenu avec le temps un véritable film culte, alors que les échos à sa sortie ne furent pas forcément élogieux. Il faut dire que le long-métrage peut de prime abord paraître un brin décevant par son manque d’action – une seule scène de poursuite à cheval et aucune véritable fusillade – et son apparente désinvolture dans le traitement d’une histoire dont on peine parfois à saisir tous les tenants et les aboutissants. Toutefois, le respect envers la psychologie torturée des personnages nous met sur la voie d’une œuvre bien plus complexe que de coutume dans un genre encore très commercial à la fin des années 50. En réalité, L’aventurier du Rio Grande mérite amplement une seconde vision pour être pleinement apprécié.

On y découvre alors une approche singulière d’un genre qui doit décidément être revisité de nos jours pour en saisir toutes les richesses. Porté par un Robert Mitchum bouleversant, ce long-métrage hors norme qui ne respecte aucune des formules alors en usage conte le parcours sinueux d’un homme à la recherche de lui-même. Présenté au début comme un animal blessé (sa profession de pistolero le contraint à tuer froidement et son odeur corporelle le rapproche de la bête), le personnage principal cherche à recouvrer sa dignité humaine par-delà toute forme de violence. A l’image de la frontière qu’il franchit allègrement dans un incessant aller-retour entre le Mexique et les Etats-Unis, le héros est un homme entre deux rives, ravagé par le doute sur sa condition. Lorsqu’il se trouve aux States où il est recherché pour meurtre, il se sent loin de son Mexique d’adoption, mais lorsqu’il revient près de ses amis mexicains, il se rend compte qu’il ne compte en rien pour eux. Personnage tragique par son caractère apatride, le pistolero ne trouvera même pas le réconfort auprès de l’amour de sa vie – magnétique Julie London – puisque le long-métrage se refuse au happy end. La dernière séquence enfonce au contraire un peu plus le clou et montre que la violence fait partie du quotidien des hommes, les traquant inlassablement jusque dans les lieux les plus reculés de leur âme.

Si la réalisation de Parrish ne se distingue pas forcément du tout-venant, elle est sublimée par une direction d’acteur impeccable. On a rarement connu Mitchum aussi juste que dans ce western introspectif. On peut également apprécier le fait que Parrish ne succombe jamais à la tentation du cliché touristique : le Mexique qu’il présente ici est réaliste, dans la beauté de ses paysages comme dans ses inégalités sociales manifestes. Point de couleur locale comme dans les trois quarts de la production américaine de l’époque, mais un point de vue juste qui s’intéresse avant tout à la dimension humaine de son histoire. De quoi en faire une œuvre passionnante à plus d’un titre et non un simple western de série.

Virgile Dumez

Sorties de la semaine du 27 janvier 1960

Le test DVD de L’aventurier du Rio Grande

Une édition correcte, notamment grâce à des suppléments très intéressants. Le film sera également disponible dans une édition COMBO Blu-ray / DVD / Livre

Compléments : 2 / 5

Durant 7mn, Patrick Brion revient sur les quelques westerns réalisés par Robert Parrish et cite à de nombreuses reprises le cinéaste. Bertrand Tavernier, grand ami personnel de Parrish, y va de sa petite comparaison entre le livre de Tom Lea et le film, tout en indiquant les intentions premières du réalisateur. Cet entretien est malheureusement un peu court (11mn). Enfin, un hommage de 7mn est réservé à Robert Mitchum.

Image : 2 / 5

Superbe dans les scènes les plus lumineuses, l’image présente malheureusement un certain nombre de défauts lors des séquences nocturnes. Non seulement les noirs ne sont pas suffisamment profonds, laissant apparaître un grain pas franchement naturel, mais des anicroches et autres griffures défigurent parfois l’écran. Bien entendu, cela n’est pas vraiment scandaleux vu l’âge canonique du film, mais la copie n’est quand même pas exempte de reproches. Ceci est bien la chronique de l’image DVD puisque le blu-ray ne nous a pas été fourni.

Son : 2.5 / 5

Les deux pistes sonores (VF et VOSTF) sont proposées dans un mono clair et débarrassé de tout souffle parasite. A noter pour les puristes que la version française est bien celle d’époque.

Virgile Dumez

L'aventurier du Rio Grande, jaquette blu-ray

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