L’auberge fantôme : la critique du film (1952)

Drame fantastique | 1h35min
Note de la rédaction :
6/10
6
L'auberge fantôme, affiche VOD

  • Réalisateur : Basil Dearden
  • Acteurs : Françoise Rosay, Mervyn Johns, Glynis Johns, Tom Walls
  • Date de sortie: 05 Fév 1952
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : The Halfway House
  • Titres alternatifs : Mellan två världar (Suède) / Fogadó a keresztútnál (Hongrie) / Majatalo (Finlande) / Das Geisterhotel (Autriche)
  • Année de production : 1944
  • Scénariste(s) : Angus MacPhail, Diana Morgan, , avec la collaboration de Roland Pertwee et T.E.B. Clarke, d'après la pièce « The Peaceful Inn » de Denis Ogden
  • Directeur de la photographie : Wilkie Cooper
  • Compositeur : Lord Berners
  • Société(s) de production : Ealing Studios
  • Distributeur (1ère sortie) : O.C.I.
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : StudioCanal (en VOD)
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : © Copyright Studiocanal Film
Note des spectateurs :

Pur film de propagande à destination du peuple britannique, L’auberge fantôme possède des qualités dramatiques réelles, parfois gâchées par des dialogues trop explicites. Le film est donc essentiellement un précieux témoignage de la mentalité britannique durant la Seconde Guerre mondiale.

Synopsis : Un groupe de voyageurs, tous avec quelque chose à cacher dans leur passé, se réfugie dans une vieille auberge qui semble sortir de nulle part. L’aubergiste semble un peu mystérieux…

Un film fantastique tourné en pleine Seconde Guerre mondiale

Critique : Depuis le début des années 40, le metteur en scène de théâtre Basil Dearden a intégré les rangs de la compagnie Ealing Studios, devenant en peu de temps l’un des réalisateurs importants de la boite de production spécialisée dans la comédie. Ainsi, le cinéaste a tourné plusieurs comédies pour le compte de la société lorsqu’il décide avec son complice Alberto Cavalcanti d’adapter à l’écran la pièce de théâtre plus sérieuse de Denis Ogden intitulée The Peaceful Inn, créée à Londres en 1940. Cela va donc donner L’auberge fantôme, tourné en 1944, dans un contexte guerrier qui a laissé sa marque indélébile sur le film.

Tout d’abord, malgré un titre qui pourrait faire croire à un film d’angoisse, L’auberge fantôme débute comme une comédie britannique typique du style Ealing de l’époque. Les auteurs nous présentent tour à tour plusieurs personnages que l’on apprend à connaître grâce à quelques scènes soit drolatiques, soit légères. Ce n’est que lors de l’arrivée dans la fameuse auberge du titre que des éléments proprement fantastiques commencent à se dévoiler, et encore de manière très fugaces et suggérés. Ainsi, c’est surtout l’attitude étrange des deux hôtes interprétés avec justesse par Mervyn Johns et sa fille Glynis Johns qui orientent le spectateur vers une histoire qui pourrait avoir été concoctée pour la série La quatrième dimension.

Voir les très belles photos du film sur le site de StudioCanal

Une œuvre de propagande pour remobiliser le peuple britannique

Pourtant, là encore, Basil Dearden ne cherche jamais à inquiéter le public, mais plutôt à l’alerter par des petits décalages successifs par rapport au réel – les hôtes n’ont pas d’ombre, les journaux datent de l’année précédente etc… En réalité, L’auberge fantôme doit être davantage vu comme un conte adulte où des personnages durement marqués par la guerre doivent apprendre à se reconstruire ou à faire la paix avec eux-mêmes le temps d’une pause temporelle très métaphorique. Ainsi, la halte offerte par cette auberge venue de l’au-delà n’est aucunement maléfique, mais sert au contraire à panser les plaies ouvertes par une guerre durement ressentie par le public britannique de l’époque.

Rappelons que le long-métrage sort en Grande-Bretagne alors que le pays lutte encore farouchement contre le nazisme et qu’il subit les attaques quotidiennes de l’aviation allemande sur ses grandes villes. Les souffrances du peuple britannique sont incommensurables et le long-métrage tente à la fois de soulager les familles endeuillées, tout en mobilisant les jeunes qui refusent encore de s’engager dans la guerre. L’auberge fantôme appartient donc bien à ces œuvres de propagande qui ont un but bien précis : pousser notamment les Irlandais à entrer dans le conflit et à refuser la neutralité jusqu’alors proférée.

L’auberge fantôme est un film inégal, à voir avec un œil d’historien

Malheureusement, ces raisons politiques sont étalées par le biais de dialogues bien trop explicites pour que le procédé passe plus ou moins inaperçu. Au lieu de rester dans le domaine de la métaphore, L’auberge fantôme offre des dialogues insistants qui appuient le propos au lieu de le suggérer avec finesse. C’est d’autant plus dommage que certains personnages sont plutôt touchants comme le couple formé par Tom Walls et la Française Françoise Rosay (qui était une résistante de la première heure). Ils ont notamment du mal à faire le deuil de leur fils disparu en mer durant le conflit. Leur histoire s’avère touchante, mais là encore certains dialogues viennent un peu ruiner les efforts psychologiques déployés.

Réalisé de manière correcte par Basil Dearden – malgré un emploi un peu trop systématique de transparences bien foireuses – L’auberge fantôme est donc à voir désormais avec l’œil de l’historien, comme un témoignage de la mentalité britannique à l’heure du conflit mondial. On comprend mieux pourquoi le film n’est sorti que très discrètement en salles en France en 1952, soit huit ans après sa création. Il n’a laissé aucune trace au box-office français, même à Paris. Depuis, il ne semble jamais être sorti en vidéo en France et il a été racheté par StudioCanal qui le propose dans une version très correcte en VOD, ainsi que sur sa plateforme Canal+.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 6 février 1952

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L'auberge fantôme, affiche VOD

© 1942 Ealing Studios / StudioCanal. Tous droits réservés.

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