Lady Snowblood 2 : Love Song of Vengeance : critique du film (1974)

Action, Thriller, Arts martiaux, Gore | 1h29min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Lady Snowblood, jaquette

  • Réalisateur : Toshiya Fujita
  • Acteurs : Meiko Kaji, Jûzô Itami, Kazuko Yoshiyuki, Yoshio Harada
  • Date de sortie: 15 Juin 1974
  • Nationalité : Japonais
  • Titre original : Shurayukihime : Urami Renga
  • Scénaristes : Norio Osada, Kiyohide Ōhara, Kazuo Kamimura d'après le manga de Kazuo Koike
  • Compositeur : Kenjirō Hirose
  • Distributeur : Film inédit en France / La date ci-dessus est celle de la sortie japonaise
  • Editeur vidéo : Metropolitan FilmExport – HK Vidéo – Seven 7 (DVD-Blu-ray)
  • Sortie vidéo : 28 septembre 2015
  • Format : 2.35 : 1 / Son : Mono
  • Crédits visuels : © 1974 Toho CO Ltd / Conception graphique © 2015 Metropolitan FilmExport. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Moins fun que le premier volet, Lady Snowblood 2 : Love Song of Vengeance gagne en profondeur par une critique sociale très virulente dirigée contre les élites et les forces de l’ordre. Un manifeste anarchiste en quelque sorte.

Synopsis : Japon, début du 20ème siècle. Lorsque Lady Snowblood est arrêtée puis condamnée à mort, les services secrets lui proposent un marché : la vie sauve à condition de tuer des révolutionnaires hostiles au régime en place…

Une suite encore plus sombre

Critique : Avec le succès rencontré par le premier volet de Lady Snowblood (1973), les exécutifs du studio japonais Toho se disent qu’ils tiennent là une nouvelle poule aux œufs d’or équivalente à celle que représente la saga Baby Cart. Pour mémoire, les deux œuvres sont des adaptations des mangas de Kazuo Koike qui présente des personnages iconiques dans des aventures pouvant se décliner à l’infini. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour voir fleurir une suite à Lady Snowblood puisque toute l’équipe est reconstituée dans la foulée du premier. Ainsi, seuls six mois séparent la sortie des deux films au Japon, c’est dire la rapidité d’exécution.

Pourtant, si le style est sensiblement le même par la présence du réalisateur Toshiya Fujita qui affectionne les plans-séquences et les mouvements de caméra heurtés à l’épaule, le ton de cette suite n’est pas tout à fait le même. Certes, le premier épisode baignait dans un climat de violence certain, mais le cinéaste parvenait à s’affranchir du sordide des situations par la poésie constante qui baignait sa réalisation. Les excès gore étaient ainsi compensés par le baroque de la mise en scène, sans cesse vouée à faire de son héroïne une icône.

Une aventure qui devient un manifeste anarchiste

Avec Lady Snowblood 2 : Love Song of Vengeance (1974), le ton se fait plus revendicatif et offensif sur le plan politique. Alors que le Japon traverse au cours des années 70 une période troublée de son histoire, avec notamment de nombreux affrontements entre factions politiques radicales, le film se fait l’écho de cette situation en la transposant dans le Japon de la fin de l’ère Meiji (soit au début du 20ème siècle).

Ainsi, l’intrigue conduit la tueuse à gages Yuki à infiltrer une bande d’anarchistes pour en éliminer le chef, le tout à la solde du gouvernement. Mais les auteurs ont l’audace d’opérer un retournement de situation qui amène la tueuse implacable à prendre fait et cause pour ceux qu’elle était censée éliminer. Bouleversée par la situation des pauvres qui hantent les bas-fonds japonais – les oubliés de la croisade capitaliste menée par l’empereur Mutsuhito – Yuki se scandalise des inégalités sociales toujours plus criantes et se rapproche des anarchistes luttant contre le pouvoir en place.

Toujours du gore, mais au service d’un discours politique

Certes, les auteurs n’osent pas s’en prendre à la figure de l’empereur et préfèrent accuser ici des élites corrompues qui s’abritent derrière une police toute-puissante pour faire fructifier leurs affaires, mais leur message est clairement revendicatif. Ils dénoncent les agissements du pouvoir et n’hésitent pas à l’accuser de laisser prospérer la misère, et même, quand cela l’arrange de supprimer ceux qui lui nuisent. La séquence de la contamination d’un quartier entier par la peste (inoculée volontairement par la police), puis celle de l’incendie qui se déclenche sont même assez choquantes par leur violence sociale.

On l’aura compris, pas question de trouver le spectacle fun, et ceci malgré un certain nombre de combats outranciers, avec geysers de sang, amputations à la pelle et énucléations multiples. Fujita a profité de la toute nouvelle notoriété de cette héroïne pour livrer une œuvre engagée et sulfureuse qui n’a pas rencontré son public. Le sérieux général a effectivement remplacé la poésie macabre, au grand dam de ceux qui attendaient une surenchère dans l’action et le délire gore.

Sans doute moins immédiatement aimable que le premier opus, Lady Snowblood 2 : Love Song of Vengeance n’en est pas moins une œuvre valeureuse et finalement toujours d’actualité dans sa description d’une violence sociale exercée par les élites par le biais des forces de l’ordre.

Critique du film :  Virgile Dumez

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Lady Snowblood, jaquette

© 1974 Toho CO Ltd / Conception graphique © 2015 Metropolitan FilmExport. Tous droits réservés.

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Bande-annonce de Lady Snowblood 2 (VOSTA)

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