La petite : la critique du film de Guillaume Nicloux (2023)

Drame | 1h33min
Note de la rédaction :
4,5/10
4,5
La petite de Guillaume Nicloux

  • Réalisateur : Guillaume Nicloux
  • Acteurs : Veerle Baetens, Fabrice Luchini, Maud Wyler, Anne Consigny, Sandrine Dumas, Mara Taquin
  • Date de sortie: 20 Sep 2023
  • Année de production : 2023
  • Nationalité : Français, Belge
  • Titre original : La petite
  • Titres alternatifs : The Baby (titre international) / Buscando a Pauline (Espagne) / A Pequena (Portugal) / Mała (Pologne) / La pequeña (Mexique) / A kisbaba (Hongrie)
  • Autres acteurs : Juliette Metten, Lucas Van den Eynde, Viv Van Dingenen, Aurélia Thiérrée
  • Scénaristes : Guillaume Nicloux, Fanny Chesnel
  • D'après : le roman Le Berceau de Fanny Chesnel
  • Monteur : Guy Lecorne
  • Directeur de la photographie : Yves Cape
  • Compositeur : Ludovico Einaudi
  • Cheffe maquilleuse : Michèle Constantinides
  • Chef décorateur : Olivier Radot
  • Directeur artistique : -
  • Producteurs : François Kraus, Denis Pineau-Valencienne
  • Producteur exécutif : Sylvain Monod
  • Sociétés de production : Les Films du kiosque, France 2 Cinéma, SND, UMedia
  • Distributeur : SND
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : M6 Vidéo (DVD, 2024)
  • Date de sortie vidéo : 24 janvier 2024
  • Budget : 7 400 000 euros
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 449 871 entrées / 44 677 entrées
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals : Festival du film francophone d'Angoulême 2023 : Film d'ouverture
  • Nominations : Magritte Awards 2024 : Meilleure actrice pour Mara Taquin
  • Récompenses :
  • Illustrateur/Création graphique : © Benjamin Seznec pour Troïka (design affiche) ; Thibault Grabherr (photographies). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Les Films du kiosque, France 2 Cinéma, SND, UMedia. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Dominique Segall, Kelly Riffaud-Laneurit
  • Tagline : "Fabrice Luchini bouleversant dans l'un de ses plus grands rôles" Le Figaro Magazine.
Note des spectateurs :

Entre mélodrame et feel good movie sociétal, La petite souffre d’une forme télévisuelle et d’un script anémique qui ne soulève guère les passions. Seul Fabrice Luchini reste digne dans cet ensemble passe-partout et consensuel au-delà du raisonnable.

Synopsis : Joseph apprend que son fils et le compagnon de celui-ci viennent de périr dans un accident. Ils attendaient un enfant via une mère porteuse en Belgique. Que va devenir leur futur bébé ? Joseph en est-il le grand-père légitime ? Porté par la promesse de cette naissance qui va prolonger l’existence de son fils, le sexagénaire part à la rencontre de la jeune flamande au caractère farouche et indomptable…

Guillaume Nicloux sacrifie au film commercial et consensuel

Critique : Après son huis clos horrifique nanardesque (La tour) et avant son nouveau délire avec Michel Houellebecq (Dans la peau de Blanche Houellebecq), le cinéaste stakhanoviste Guillaume Nicloux est passé par la case du film consensuel avec La petite, tourné avec un budget conséquent de 7,4 millions d’euros et une star, le grand Fabrice Luchini.

En fait, cette adaptation du roman Le berceau de Fanny Chesnel lui a été proposée par les producteurs François Kraus et Denis Pineau-Valencienne qui pensaient que certaines thématiques du bouquin pouvaient rejoindre les questionnements du cinéaste, notamment dans la partie évoquant le deuil d’un fils disparu – ce qui ferait ainsi écho au très beau Valley of Love (2015). Désireux de s’aventurer sur des terres encore jamais défrichées par ses soins, Guillaume Nicloux était curieux d’aborder un cinéma plus évident, plus commercial et surtout plus linéaire dans sa conception de la narration. Il avait également conscience du caractère mélodramatique d’une telle histoire et a préféré l’aborder dans une sorte d’épure pour éviter les effusions sentimentales.

La petite ouvre le débat sur la GPA

Parallèlement, le long métrage souscrit à cette nouvelle lubie du cinéma français de ces dernières années consistant à s’emparer de tous les grands sujets de société du moment (les violences faites aux femmes, les migrants, l’homophobie et j’en passe) pour les porter au grand écran. Ici, c’est le débat sur la GPA (Gestation par autrui) qui est passé à la moulinette par un auteur qui y semble tout à fait favorable et qui dénonce donc un manque de cohérence sur la question en Europe. Alors que cette pratique est encore interdite en France, elle est vaguement tolérée en Belgique, mais mal encadrée. C’est bien ce que démontre La petite qui entend jeter une pierre dans le débat houleux sur cette question sociétale.

La petite, photo d'exploitation

© 2023 Les Films du Kiosque – SND Films – France 2 Cinéma – Umedia. Tous droits réservés.

Malheureusement, ce débat très complexe qui porte tout de même sur une potentielle dérive (la commercialisation du corps des femmes) n’est finalement qu’effleuré par ce mélodrame au discours peu étayé. D’ailleurs, le sujet n’était pas vraiment là et Guillaume Nicloux préfère évoquer le retour à la vie d’un homme revenu de tout. S’investissant d’une nouvelle mission – élever celle qu’il considère comme sa petite-fille – le personnage principal surmonte ainsi le deuil de ce fils qu’il a tant aimé. Mais là encore, Guillaume Nicloux ne parvient pas à atteindre son but qui était d’émouvoir.

Ni un grand mélodrame, ni un bon film à thèse

Certes, Fabrice Luchini est toujours aussi bon, mais il échoue à transmettre la douleur de ce père en deuil. Son état de sidération permanent n’émeut jamais le spectateur, pas plus que ses relations complexes avec son entourage, et notamment sa fille survivante – Maud Wyler ici en surjeu permanent. Enfin, sa confrontation avec la mère porteuse – Mara Taquin, correcte sans plus – ne débouche que sur un feel good movie à mille lieues du drame attendu.

En ce qui concerne la forme, La petite ne pourra guère convaincre les cinéphiles exigeants qui n’y verront qu’un téléfilm dépourvu de la moindre prise de risques. Rien n’affleure vraiment dans ce qui s’apparente à un cinéma de papa tiède et sans grande saveur. Dire que l’on s’y ennuie ferme est un euphémisme puisque La petite n’a d’autre objectif que de fournir une introduction pour un futur débat télévisé sur le sujet de la GPA. La petite, véritable caricature de ce qu’est devenu le cinéma français en seulement quelques années, ne suscite donc qu’un ennui poli face à tant d’indigence.

La petite a surtout intéressé la province, fidèle à Fabrice Luchini

Pourtant, le long métrage a démontré la popularité de son interprète principal qui était propulsé directement dans 570 salles le mercredi 20 septembre 2023. Pour Guillaume Nicloux, il s’agissait d’une très grosse sortie qui s’est avérée concluante avec une première place nationale et 33 764 spectateurs (donc plus que La tour sur l’ensemble de sa carrière). Sa première semaine se clôture avec 206 646 tickets vendus, mais pourvu d’un fort coefficient Paris-Province. Effectivement, La petite va effectuer une carrière décevante dans la capitale et sera donc sauvé par la province.

En deuxième semaine, le métrage conserve ses salles, mais chute dangereusement de 50 % avec 103 905 retardataires. Afin de limiter la casse la semaine suivante, SND injecte de nouvelles copies dans le circuit qui s’élève maintenant à 658 salles. Ainsi, la semaine 3 est marquée par une baisse moindre grâce à cette présence massive dans les cinémas, glanant 63 302 retraités supplémentaires.

Au bout d’un mois, La petite franchit enfin la barre des 400 000 spectateurs et parvient ainsi à doubler ses chiffres inauguraux. Toutefois, la suite est de moins en moins satisfaisante et le mélodrame termine sa carrière avec 449 871 entrées à son compteur en huit semaines d’exploitation. En l’état, il s’agit tout de même du résultat le moins probant de Fabrice Luchini depuis de nombreuses années, preuve d’une réception assez médiocre du film auprès du grand public.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 20 septembre 2023

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La petite de Guillaume Nicloux

© Les Films du Kiosque, SND, France 2 Cinéma, Umedia. Tous droits réservés / All rights reserved

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Guillaume Nicloux, Veerle Baetens, Fabrice Luchini, Maud Wyler, Anne Consigny, Sandrine Dumas, Mara Taquin

Mots clés

Mélodrame, Films sur le deuil, La GPA au cinéma, Les relations père-fille, Festival du film francophone d’Angoulême 2023

 

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