La Pampa sauvage : la critique du film (1966)

Western | 1h55min
Note de la rédaction :
6/10
6
affiche originale du western La Pampa Sauvage

Note des spectateurs :

Grâce à sa vigueur et sa concision, on prend un plaisir certain à découvrir La Pampa sauvage, un curieux western, au scénario pourtant inabouti.

Synopsis : Un homme est charge de conduire un convoi de prostituées dans un avant-poste reculé de l’Argentine.

Critique : La Pampa sauvage appartient à la fin de la carrière de Fregonese (1908-1987), mais sonne comme un retour aux sources puisque, après des tournages aux USA ou en Allemagne, il réalise en Argentine (ou en Espagne, ce point n’est pas éclairci) un remake de son premier film, apparemment fidèle ; la trame en est simple : un capitaine, pour faire face à la désertion de ses hommes, convoie des femmes vers le fort, malgré la présence massive d’ennemis.

Un scénario qui peine à installer des personnages

On retrouve le schéma de Convoi de Femmes (William Wellman, 1951, avec déjà Robert Taylor), mais l’époque a changé : le regard est plus cru, les bonnes manières oubliées. Cela vaut, surtout au début puisque la deuxième partie s’amollit, d’étonnantes séquences sur la frustration et le désir sexuel. Et même le capitaine, digne et sûr de lui, n’hésite pas à coucher avec une indienne rencontrée dans une auberge. Si elle n’est pas volontaire, la suite montre

affiche originale du western La Pampa Sauvage

Somptueuse affiche signée par Guy Gérard Noël

qu’elle ne lui en veut pas et le sauve d’une mort lente. Car, à nos yeux, le film frappe surtout par son extraordinaire misogynie : les femmes sont presque toutes stupides et vulgaires. Elles gloussent, aguichent, et sont les victimes régulières de moqueries ou de violence ; tant et si bien qu’on comprend mal le revirement qui les fait devenir de quasi épouses que les soldats défendront au prix de leur vie. Ce n’est pas la seul incohérence d’un scénario qui peine à installer des personnages : la rivalité entre le capitaine et Padron est sous-utilisée, les relations amoureuses sacrifiées, l’anarchiste inexistant. C’est d’autant plus dommage que le début installe une vraie rage, avec un combat sauvage entre un déserteur et un Indien.

Le Cinémascope merveilleusement utilisé pour célébrer la beauté de la pampa

Si l’on met de côté ces trous scénaristiques, et peut-être même grâce à eux et à leurs ellipses, La Pampa sauvage déborde d’énergie, d’où de belles séquence et notamment celle de l’assaut indien. D’une manière générale, Fregonese utilise à merveille le cinémascope pour célébrer la beauté de la pampa, vue souvent sous un ciel gris et nuageux. Il aime les plans larges, dans lesquels se perdent des hommes minuscules ; il surprend également par des idées visuelles (l’ombre de l’indienne sur le corps allongé du capitaine, par exemple) et au total livre une œuvre soignée, partagée entre ombres et couleurs clinquantes.

Mais le film est aussi connu (enfin, relativement) pour être l’un des derniers rôles marquants de Robert Taylor. Il y apparaît vieillissant et fatigué, parfaite incarnation d’un Hollywood dépassé, égaré dans un monde qu’il ne comprend plus. Taylor a beau conserver sa raideur et son courage, la flamboyance et le cœur n’y sont plus, à l’image de ce western hybride plus intéressant que réellement réussi.

Collection Western de Légende

 

Le test blu-ray

Disponible dans la collection de Sidonis Calysta.

western de légende chez Sidonis, la pampa sauvage

Edition DVD 2019 Crédit Sidonis Carlysta

Compléments : 3,5/5

Les habituelles présentations de Bertrand Tavernier (29′) et Patrick Brion (6’30) remplissent leurs rôles : donner leur avis et des informations sur ce film peu connu. Le premier relève à juste titre les faiblesses du scénario mais salue plusieurs aspects de la réalisation. Le second s’intéresse davantage à la carrière étrange de Fregonese et au principe du remake. Mais le plus curieux est que le Blu-ray propose également une « version longue » du film : presque vingt minutes de plus qui ajoutent quelques précisions sur les rapports humains, ou de rares péripéties (la femme enceinte). La cohérence en sort à peine renforcée.

Image : 4/5

On oubliera les deux parasites très visibles et d’autres à peine perceptibles pour saluer l’impeccable définition et les couleurs pimpantes. Les uniformes rutilent, les ciels chargés pèsent sur les personnages : un régal.

Son : 4/5

Seule la version anglaise sous-titrée est disponible. Elle est claire, la musique a suffisamment d’ampleur, les dialogues sont précis. Dans les limites de l’enregistrement d’époque, le son est une réussite.

Collection Western de Légende

Critique et test DVD : François Bonini

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