La marque : la critique du film (1958)

Science-Fiction, Epouvante-horreur | 1h25min
Note de la rédaction :
7/10
7
La marque, affiche française

  • Réalisateur : Val Guest
  • Acteurs : Brian Donlevy, John Longden, Sidney James, Bryan Forbes, Vera Day
  • Date de sortie: 11 Avr 1958
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : Quatermass 2
  • Année de production : 1957
  • Scénario : Nigel Kneale et Val Guest
  • Distributeur : Les Films du Verseau (1958) / Etoile Distribution (ressortie de 1970)
  • Editeur vidéo (DVD) : Metropolitan FilmExport
  • Sortie vidéo (DVD) : Le 5 octobre 2005
  • Budget : 92 000 £
Note des spectateurs :

Suite efficace du Monstre, La marque anticipe de plusieurs décennies les atmosphères paranoïaques développées dans la série X-Files et ne démérite donc pas au sein de la brillante saga Quatermass.

Synopsis : Après avoir découvert par hasard une mystérieuse usine dans la campagne anglaise, le professeur Quatermass organise son attaque lorsqu’il s’aperçoit que celle-ci est en fait un centre d’accueil pour envahisseurs venus de l’espace.

Quatermass de retour dans une suite plus ambitieuse

Critique : Alors que Le monstre vient tout juste de sortir sur les écrans britanniques en 1955, la chaîne BBC propose déjà une seconde série télévisée basée sur le personnage de Quatermass, toujours écrite par Nigel Kneale et judicieusement intitulée Quatermass 2. Pourtant, lorsque la Hammer compte donner suite aux aventures du professeur au cinéma, ils envisagent tout d’abord un scénario original écrit par Jimmy Sangster. Ulcéré que l’on fasse appel à quelqu’un d’autre que lui-même, Nigel Kneale refuse que ses personnages soient exploités ainsi, obligeant le studio à réviser leur copie. Comme rien ne se perd dans le monde merveilleux de la production, le scénario de Sangster a servi de base pour un autre film intitulé X The Unknown (Leslie Norman, 1956).

La marque, affiche originale de Quatermass 2

© 1957 Hammer Films. Tous droits réservés.

Revenu au point de départ, Anthony Hinds propose donc d’adapter pour le grand écran la deuxième série télévisée de Quatermass et de lui donner d’ailleurs le même titre, afin que le spectateur sache où il met les pieds. Voici donc notre professeur Quatermass à nouveau confronté à une invasion extra-terrestre, mais à une échelle nettement plus importante que dans le premier long-métrage.

Le budget a été revu à la hausse grâce au succès du premier volet et cela se voit, les auteurs ayant vu les choses en grand. Cette fois-ci, l’équipe a planté ses caméras dans la grande raffinerie Shell de Haven (dans l’Essex) afin de bénéficier d’un décor futuriste grandeur nature, tandis que les intérieurs ont été tournés sur les plateaux d’Elstree. Si l’on reste dans le domaine de la série B, le film arbore un look plus soigné, tandis que les effets spéciaux à base de maquettes ont été perfectionnés.

Paranoïa à tous les étages

Toutefois, la grande qualité du métrage vient de cette écriture extrêmement habile plongeant le spectateur dans un océan de mystère durant les quarante-cinq premières minutes du film. A l’image des épisodes de La quatrième dimension ou plus tard de X-Files, l’auteur place ses personnages dans des situations toutes plus étranges les unes que les autres, laissant le spectateur donner libre cours à sa paranoïa naturelle. Ainsi, Kneale et Val Guest nous poussent à douter des autorités qui semblent dissimuler de sombres desseins. On nage donc en pleine théorie du complot, avant que tout ceci fasse sens et que la menace s’avère à nouveau extérieure, histoire de rassurer le spectateur malmené jusqu’ici.

C’est sans doute la limite de ces productions des années 50 qui osent remettre en cause l’ordre établi durant la première partie du film pour ensuite évacuer cette dimension subversive par une résolution rassurante. La marque n’y échappe malheureusement pas, mais laisse une empreinte suffisamment importante pour faire partie des œuvres les plus angoissantes de l’époque, à l’instar de films comme L’invasion des profanateurs de sépultures (Don Siegel, 1956).

Une atmosphère angoissante digne des meilleures séries TV actuelles

Même si une lecture politique est toujours envisageable – les extra-terrestres qui s’infiltrent partout y compris dans les institutions sont de potentielles métaphores anticommunistes – on ne peut pas dire que cela soit le point de vue principal de Val Guest. Celui-ci cherche avant tout à livrer un produit efficace, bien réalisé et destiné à divertir le public avec une histoire intrigante. Il y réussit grandement par sa science de l’ambiance tendue et angoissante, par l’usage judicieux de la musique de James Bernard et le professionnalisme d’acteurs bien dirigés. Toujours dans la peau du professeur Quatermass, Brian Donlevy apparaît encore un peu sec et tranchant pour le rôle, mais il fait de ce professeur un héros étrange et finalement plutôt ambigu.

Par contre, dans le rôle de Lomax, Jack Warner a cédé la place à John Longden et la plupart des rôles récurrents sont tenus par d’autres acteurs que dans le premier volet. Peu importe finalement puisque la véritable star du film est bien le scénariste, ce qui anticipe de plus de 60 ans le règne des showrunners sur les séries télévisées actuelles.

Quatermass 2 a connu une large distribution mondiale grâce aux accords passés entre la Hammer britannique et la United Artists américaine. En France, le film est apparu sur nos écrans sous deux titres : La marque (le plus fréquent et le plus juste), mais aussi le plus fantaisiste Terre contre satellite. Il faudra attendre dix longues années pour que le personnage de Quatermass revienne à l’écran dans un troisième film, en couleur cette fois.

Acheter le film en DVD   

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 11 avril 1958

Les films de la Hammer

La marque, affiche française

© 1957 Hammer Films. Tous droits réservés.

x