Joli film sur l’amour fraternel et la résilience, La famille Asada est une œuvre superbement écrite, toujours sur le fil entre humour et émotion poétique. Un beau succès largement mérité.
Synopsis : Dans la famille Asada, chacun a un rêve secret : le père aurait aimé être pompier, le grand-frère pilote de formule 1 et la mère se serait bien imaginée en épouse de yakuza ! Masashi, lui, a réalisé le sien : devenir photographe. Grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est à portée de main.
A l’origine, une belle histoire vraie
Critique : Né en 1979 au Japon, le photographe Masashi Asada a connu un important succès en 2009 lorsqu’il a publié des clichés loufoques mettant en scène sa propre famille. Par la suite, l’artiste a aussi immortalisé le tsunami de 2011 et a participé à la conservation des milliers de photographies qui ont été retrouvées sur les lieux. Cette vie hors normes a séduit le producteur Shinji Ogawa qui propose au cinéaste Ryôta Nakano d’en tirer un biopic. Ce dernier tombe également sous le charme des photographies d’Asada et accepte donc le projet, d’autant que ses trois précédents longs-métrages portaient déjà sur le thème de la famille. Mieux, le réalisateur porte également en lui une faille initiale en rapport avec le sujet puisqu’il a perdu son propre père alors qu’il n’était qu’enfant. Une blessure qui a clairement nourri le script de La famille Asada.
Construit en deux parties bien distinctes pour une durée d’une heure chacune, La famille Asada débute sous le signe de la comédie pure et dure décrivant la vie de cette fratrie originale. Si le film est drôle, il ne chausse pourtant pas les gros sabots de la comédie asiatique caricaturale et déploie plutôt un humour proche de celui d’un feel good movie comme Little Miss Sunshine (Jonathan Dayton et Valerie Faris, 2006).
La famille Asada et ses protagonistes loufoques
Pour le réalisateur, il s’agit donc de décrire une famille de cinoques qui ne correspond en rien aux attentes de la société japonaise. Ainsi, le père de famille est un homme au foyer qui passe sa journée à concocter des petits plats, la mère est une infirmière surbookée, le frère ainé est un gentil garçon responsable, tandis que le cadet est de loin le plus insaisissable. Visiblement incapable de prendre son destin en main, ce petit frère irresponsable (très lunaire Kazunari Ninomiya) se découvre pourtant une passion pour la photographie. Alors qu’il semble être le plus immature et le plus froid de la famille, Masashi Asada intériorise ses sentiments fraternels et cultive un jardin secret qui va véritablement s’exprimer à travers la photographie.
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La grande force du film est de parvenir à suivre l’évolution psychologique de ce personnage central sans perdre de vue le destin des autres protagonistes. Le cinéaste arrive à nous émouvoir lors des séquences de shooting où se révèle la vraie sensibilité du photographe.
Un tsunami émotionnel lors de sa deuxième heure
A mi-parcours, La famille Asada prend une tournure plus dramatique lorsqu’intervient le fameux tsunami de 2011. Toutefois, le cinéaste laisse le désastre hors champ pour n’en filmer que les conséquences désastreuses pour les familles démantelées et amputées. Dès lors, la quête du héros pour restituer aux familles leurs photographies personnelles retrouvées au milieu des ruines prend une allure métaphorique bouleversante. Il s’agit ici de chanter le primat de la vie sur la mort, mais aussi la formidable résilience du peuple japonais face aux désastres qui parsèment son histoire.
Malgré une thématique qui pouvait laisser place au pathos ou au mélodrame, Ryôta Nakano s’en sort une nouvelle fois avec les honneurs en chantant la beauté de l’existence, y compris au cœur du désastre. Cette deuxième partie émeut puissamment lorsque le photographe arrive à capturer l’essence des disparus à travers son travail. Le réalisateur, sans tambours ni trompettes, arrive donc à saisir de manière poétique l’essence même de la vie et de la mort.
La famille Asada, un succès surprise en France
Simple sur le plan formel, La famille Asada touche donc au cœur par son écriture fine et son délicat équilibre entre comédie, drame et poésie. Une bien belle réussite qui a su séduire le public français. Ainsi, dès son premier jour (le 25 janvier 2023) dans les 108 salles qui la programmait, la comédie dramatique a attiré 14 540 spectateurs, pour une moyenne resplendissante de 135 par salle. Au bout d’une seule semaine, La famille Asada a vendu 51 420 tickets.
Face à cette demande impressionnante, le distributeur Art House Films a mis sur le marché des copies supplémentaires, atteignant 189 sites. Cela a offert au long-métrage une belle progression en semaine 2 avec 53 864 retardataires. Mais le tsunami se confirme les semaines suivantes avec une belle constante (46 846 spectateurs en semaine 3 et 42 415 en septaine 4). En seulement un mois, la famille foldingue parvenait à franchir la barre symbolique des 200 000 entrées. En salles jusqu’au mois de mai 2023, La famille Asada a terminé sa carrière avec 253 867 fans et des échos très favorables d’un public sous le charme.
Il s’agit assurément d’un très joli coup pour le distributeur Art House Films qui y croyait en déployant une campagne d’affichage massive à Paris. La magnifique carrière du film – qui est à ce jour son plus gros succès – devrait donc établir définitivement le distributeur comme un incontournable dans le domaine de l’art et essai asiatique.
Critique de Virgile Dumez
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Création : Jeff Maunoury © 2020 The Asadas Film Partners
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Ryôta Nakano, Haru Kuroki, Kazunari Ninomiya, Satoshi Tsumabuki
Mots clés
Cinéma japonais, La famille au cinéma, La photographie au cinéma, Les succès de 2023