La chevauchée de l’honneur est un honnête western en technicolor où l’amitié est au centre des préoccupations. A découvrir.
Synopsis : 1878. Jim Dawkins, Reuben Wahoo Jones et Lorn Reming attaquent une diligence. Lorn oblige le bandit Charley Calico à rendre à Rannie Carter de l’argent pour la dédommager. Mais, au cours d’une poursuite, Jim et Wahoo d’un côté et Lorn de l’autre se perdent mutuellement. Pour sauver Lorn qu’ils ont retrouvé, Jim et Wahoo l’arrêtent et sont ainsi enrôlés dans les Texas Rangers. constitue
Critique : 1949 constitue une excellente année pour le western. Sans être exhaustif, on recense deux incontestables chefs-d’œuvre : La charge héroïque de John Ford et La fille du désert de Raoul Walsh. De son côté, le cinéaste Leslie Fenton, à qui l’on doit un peu plus tôt un Smith le taciturne tout à fait probant, réalise La chevauchée de l’honneur (Streets of Laredo).
Il s’agit du remake de The Texas rangers, mis en scène en 1936 par un King Vidor que l’on a senti autrement plus inspiré. Il est donc logique que le studio Paramount mette en route un remake.
La chevauchée de l’honneur s’avère un western de série B honorable, à défaut d’être inoubliable. Leslie Fenton fait preuve d’une certaine efficacité. On le remarque dès la première scène où l’on assiste de manière concise à une attaque de diligence.
L’action du film démarre en 1878 avec trois pilleurs de diligence forcés de se séparer. Les trois amis vont alors prendre des chemins bien différents. Leur « chef » va rester du mauvais côté de la loi alors que les deux autres vont s’engager en tant que Texas rangers. Ces derniers sont concrètement des policiers locaux du Texas, chargés évidemment de faire respecter la loi.
Le film montre bien que dans un pays en pleine évolution, le curseur de la moralité/légalité peut se révéler rapidement changeant. Un jour du mauvais côté de la loi, on devient le lendemain un de ses représentants…
Cet état de fait n’est pas le seul attrait de ce long métrage. En soi, le scénario de Charles Marquis Warren (connu en tant que réalisateur pour Little big Horn) se révèle conventionnel. C’est plutôt la relation entre nos deux néo Texas rangers et leur ancien compère qui mérite que l’on s’y attarde.
Le film pose clairement le paradigme du difficile choix entre l’amitié et le respect de la loi. On reconnaît bien là les valeurs du cinéma américain de ces années : honneur, l’amitié, légalité.
Il convient de noter que l’un des rangers, Jim Dwakins, est joué par un William Holden qui ne bénéficie pas encore de son statut de star. Il tournera l’année suivante un des classiques du film noir, Sunset boulevard de Billy Wilder. Ici, Jim Dawkins n’aura de cesse d’éviter de croiser son ancien compère, pourtant recherché car : « à mon avis, l’amitié entre hommes vaut n’importe quoi. » Il est intéressant de retrouver William Holden, alors à l’orée de son immense carrière. Cela étant, il compose dans La chevauchée de l’honneur un ranger globalement lisse et dont les actes ne nous surprennent jamais. Il a certes le beau rôle mais paradoxalement on oublie assez vite son personnage.
William Holden, un peu trop lisse, est mis en avant dans ce western sympathique.
En revanche, on se souvient bien plus du « méchant », terme restant d’ailleurs à nuancer tant le film évite tout manichéisme que l’on reproche parfois au western. Macdonald Carey est à l’aise dans le rôle de Lorn Reming. Charismatique, l’acteur capte l’attention du spectateur par son côté bad guy et affable.
On lui quelques-uns des meilleurs dialogues du film. Lorn Reming est également partie prenante d’un triangle amoureux qui constitue en soi une intrigue importante de La chevauchée de l’honneur. En outre, la fin de cette histoire propose l’incontournable duel valant pour l’identité du tueur, inattendu en l’espèce.
Ce long métrage peut aussi se targuer d’un beau technicolor et de superbes décors naturels. Quel plaisir de voir les grands espaces de l’Ouest américain que l’on aime tant dans les westerns.
Par contre, on est plus mitigé sur le côté conventionnel du film et sur certains plans largement dispensables (des transparences pas fameuses).
Il reste au final une œuvre plaisante à regarder, même si elle ne dépassera pas son statut d’honnête série B.
Test blu-ray
Compléments : 3/5
Le premier bonus est constitué de l’habituelle présentation du film par Patrick Brion (8 minutes). Celui-ci évoque de manière sommaire le réalisateur Leslie Fenton ainsi que William Holden, alors au début de sa carrière prestigieuse. Il note que La chevauchée de l’honneur est le remake d’un des films les moins intéressants de King Vidor. Il parle une nouvelle fois (pour ceux ayant déjà vu d’autres DVD Sidonis) du scénariste Charles Marquis Warren.
Le second bonus, et non des moindres, est un documentaire en VOSTF d’une heure intitulé William Holden the golden boy. Daté de 1989, il revient sur 40 ans de carrière de William Holden. L’occasion de découvrir des extraits de films, des photos d’époque et des témoignages d’acteurs, actrices, producteurs, réalisateurs mais aussi de l’un des fils de William Holden. Ce bonus est intéressant dans la mesure où il nous apprend beaucoup de choses sur l’acteur et l’homme, même s’il est un peu lisse sur le fond. Surtout, il date de 30 ans et n’aborde pas spécialement le western dans la carrière de cet acteur.
Image : 3/5
L’image est dans l’ensemble d’une qualité tout à fait correcte pour un film datant de 1949. Les nuances du technicolor sont plutôt bien rendues, même si des défauts subsistent.
Son : 3/5
Film disponible uniquement en version originale, avec ou sans sous-titres. Le son est bien audible, qu’il s’agisse des dialogues ou la musique.
Critique + Test DVD : Nicolas Bonnes