Je vends cher la peau est un western spaghetti correct, mais plombé par un certain manque de moyens et d’ambition.
Synopsis : Un pistolero nommé Shane revient sur les terres de sa famille assassinée par le cupide Magdalena dans le but de se venger. Gravement blessé, il est recueilli par une femme vivant seule avec son fils.
Critique : Avec Je vends cher ma peau, Ettore Maria Fizzarrotti signe en 1968 un unique western, qui doit plus à la série B américaine qu’aux films de Sergio Leone. En effet, le film qui nous intéresse ici est fortement inspiré L’homme des vallées perdues, (Shane en VO) de George Stevens, western américain de 1953. De fait, le scénario recycle dans les grandes lignes la trame de ce classique, un choix plus qu’assumé puisque le protagoniste s’appelle ici également Shane.
Je vends cher ma peau est un film de vengeance gentillet
Le début de Je vends cher ma peau s’annonce assez prometteur, avec plusieurs scènes marquantes qui s’enchaînent bien. Le personnage de Shane semble impitoyable, car rongé par une vengeance qui confine à la folie. Il n’hésite d’ailleurs pas à enterrer vivante l’une de ses victimes. Las, le film sombre assez vite dans la niaiserie lorsque qu’un petit garçon secourt le héros gravement blessé. Le pistolero va donc trouver refuge dans le ranch d’une veuve qui va très vite s’éprendre de lui, le tout menant inexorablement vers un happy end un peu trop convenu.
Alors que l’histoire de vengeance se déroulait de manière assez fluide, le film va désormais s’étirer en longueur. Ces scènes familiales ne sont pas du meilleur effet dans un western spaghetti, quand elles ne manquent pas de cohérence vis-à-vis de la psychologie du héros. A titre d’exemple, ce dernier dit au petit qu’il ne faut utiliser les armes sous aucun prétexte juste avant de faire des tours de passe-passe avec ses pistolets pour l’impressionner.
Malheureusement, Mike Marshall se révèle assez limité en tant que protagoniste. Certes, ses yeux d’un bleu perçant sont très impressionnants, mais son sourire est assez perturbant. Michèle Girardon lui vole donc la vedette dans les scènes domestiques. Même s’il s’agit de son premier et dernier rôle, Dane Savours incarne un antagoniste convaincant qui ramène un peu de sadisme dans le film. En effet, on verra ce dernier et sa bande jouer à la roulette russe avec des innocents pour les interroger.
Un film très correct d’un point de vue technique
En dépit d’un manque de moyens patent, que trahissent des extérieurs très italiens, et d’une bande originale multipliant les emprunts à d’autres westerns (Mon colt fait la loi, l’enfer du Manitoba), Je vends cher la peau a son petit cachet. Certains décors font leur effet, à l’instar de l’église abandonnée ou des ranchs. Stelvio Massi et Joe D’Amato assurent une photographie de qualité et de bons éclairages, même lors des scènes nocturnes.
Enfin, Fizzarrotti assure une réalisation très correcte, à la faveur d’une caméra mobile, avec un certain talent pour les scènes d’action. Celles où le héros joue du couteau sont impressionnantes. On retiendra aussi celle où les méchants se préparent à assiéger le ranch de l’héroïne, qui commence par singer Leone pour ensuite développer un style propre. Tout n’est pas parfait pour autant, à l’image de la bagarre du saloon qui cache assez mal l’usage de trampolines et de doublures.
En définitive, Je vends cher la peau est un western un peu trop convenu, qui se contente de copier sans grand inventivité son modèle américain. Il propose certes un moment divertissant, mais est clairement en deçà d’autres westerns spaghetti sortis en une année 1968 qui marquait l’apogée du genre.
Critique : Kevin Martinez
Les westerns spaghettis sur CinéDweller
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