Halloween Ends est le dernier segment bancal d’une saga qui ne veut pas mourir. Le résultat est peu efficace et surtout narrativement inutile. Dispensable, sans être tout à fait mauvais.
Synopsis : Quatre ans après les événements d’Halloween Kills, Laurie vit désormais avec sa petite-fille Allyson et achève d’écrire ses mémoires. Michael Myers ne s’est pas manifesté ces derniers temps. Après avoir laissé l’ombre de Michael planer sur le cours de son existence pendant des décennies, elle a enfin décidé de s’affranchir de la peur et de la colère et de se tourner vers la vie. Mais lorsqu’un jeune homme, Corey Cunningham, est accusé d’avoir assassiné un garçon qu’il gardait, Laurie devra affronter une dernière fois les forces maléfiques qui lui échappent, dans un déferlement de violence et de terreur…
Halloween Ends et sa première heure sans Michael Myers
Critique : Lorsque le réalisateur David Gordon Green a réactivé la franchise Halloween en 2018, il a rencontré un formidable succès international. Il faut dire qu’il a réussi une œuvre efficace qui donnait à nouveau la vedette à Jamie Lee Curtis, à jamais attachée à son rôle de Laurie Strode, la survivante du croquemitaine. Fort de ce plébiscite public, David Gordon Green a pu créer une nouvelle trilogie avec le peu apprécié Halloween Kills (2021) et désormais ce Halloween Ends (2022).
Après une quinzaine de films qui racontent tous à peu près la même histoire, on se demandait bien ce que le réalisateur pouvait encore ajouter à cette saga exsangue sur le plan narratif. Visiblement, les scénaristes se sont d’ailleurs posé la même question et ont opté pour le pas de côté au niveau de l’intrigue. Ainsi, de manière assez audacieuse, mais sans doute aussi suicidaire, le personnage de Michael Myers est totalement évacué du film durant une longue première heure de présentation d’un nouveau protagoniste incarné par Rohan Campbell.
Un épisode qui joue l’évitement pour combler le vide de son script
Cela commence notamment par une séquence introductive originale qui voit la mort d’un enfant, à cause des peurs engendrées par la légende de Michael Myers. Dès lors, l’intégralité de cette première heure analyse de manière assez fine le poids que représente une tragédie meurtrière sur l’ensemble d’une communauté. Au passage, l’on retrouve bien entendu Laurie Strode – jouée avec autorité et humour par Jamie Lee Curtis – et sa petite fille toujours incarnée par Andi Matichak qui tentent de se reconstruire quatre ans après les événements du dernier volet. Malheureusement, David Gordon Green se rappelle de temps à autre qu’il signe un film d’horreur et, conscient de l’absence de tension, se contente de placer quelques jump scares ridicules en cours de route.
© Universal Studios. All Rights Reserved.
Les slashers sur CinéDweller
Certes, l’itinéraire psychologique du jeune Corey joué par Campbell est plutôt bien écrit et suscite même l’empathie, mais le spectateur ne comprend guère quelle est la nature du lien qui va le rattacher à Michael Myers, et surtout pourquoi celui-ci revient hanter pour la énième fois les rues d’Haddonfield. Même si l’on accepte la piste métaphorique de l’auteur (en gros, le Mal ne meurt jamais et se transmet de génération en génération), le script n’arrive pas à nouer les deux intrigues entre elles. Cette incapacité éclate par l’hésitation sur l’identité finale de l’auteur des massacres.
Quelques scènes de meurtres efficaces sauvent l’ensemble de l’ennui
Mais il y a pire, puisqu’Halloween Ends n’offre aucune véritable surprise au spectateur, ne se risquant pas à éliminer des grandes figures de la saga. L’amorce de romance entre Jamie Lee Curtis et Will Patton apparaît même comme hautement improbable après ce qu’a traversé la vieille femme. Heureusement, le réalisateur réussit quelques scènes de meurtre efficaces comme l’exécution d’un animateur radio trop bavard dont la fin est gore. On peut également apprécier l’affrontement final entre Laurie Strode et Michael Myers, même si l’on a des doutes quant à la possibilité pour la frêle Laurie de maîtriser le croquemitaine baraqué, même s’il est plus âgé qu’elle.
De ce troisième volet qui conclue effectivement l’arc narratif de Laurie Strode, on ne retiendra donc pas grand-chose, si ce n’est l’utilisation judicieuse du thème musical de John Carpenter, ainsi que d’une musique très rock qui change des tendances urbaines actuelles. La réalisation de David Gordon Green n’est pas mauvaise non plus, mais le cinéaste semble désormais en panne d’inspiration sur cette saga et il devrait songer à retrouver des sujets plus personnels, lui qui fut autrefois un auteur sensible et attachant.
En l’état, Halloween Ends est donc un film bancal, assez peu intéressant et jamais effrayant qui n’apporte strictement rien de plus à une saga qui ferait bien de s’achever une bonne fois pour toute. Peu de chance que nous soyons entendus en ces heures de recyclage intensif des mythes du passé.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 12 octobre 2022
La franchise Halloween
© Universal Studios. All Rights Reserved.
Biographies +
David Gordon Green, Jamie Lee Curtis, Andi Matichak, Rohan Campbell, Will Patton