Green Card : la critique du film (1991)

Comédie romantique | 1h48min
Note de la rédaction :
6/10
6
Green Card, l'affiche du film

  • Réalisateur : Peter Weir
  • Acteurs : Gérard Depardieu, Ann Dowd, Andie MacDowell, Bebe Neuwirth, Lois Smith
  • Date de sortie: 20 Fév 1991
  • Nationalité : Américain, Australien, Français
  • Scénario : Peter Weir
  • Musique : Hans Zimmer
  • Distributeur : UGC Distribution
  • Éditeur vidéo : UGC – Film Office (VHS) / Film Office (DVD) / StudioCanal (VOD)
  • Budget : 12,5 M$
  • Box-office France / Paris-périphérie : 982 188 entrées / 409 401 entrées
  • Box-office USA : 29,8 M$
  • Récompenses : Deux Golden Globes obtenus en 1991 : Meilleur film (comédie) et Meilleur Acteur dans une comédie pour Gérard Depardieu.
  • Crédits affiche : © 1990 StudioCanal / Affiche : A.R.P. (agence). Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Film ayant offert son premier rôle hollywoodien de Gérard Depardieu, Green Card est une comédie romantique séduisante et éminemment sympathique qui fonctionne grâce à l’alchimie entre les comédiens et une écriture maîtrisée.

Synopsis : Grâce à un mariage blanc avec une américaine, un français pense pouvoir obtenir la “Green Card” et s’installer définitivement aux États-Unis pour travailler. Brontë Parrish veut emménager dans un appartement qui ne peut être loué qu’à un couple marié. Pour ces deux inconnus, l’union de convenance semble être la solution idéale.

Depardiou : Passeport pour Hollywood

Critique : A la fin des années 80, le réalisateur australien Peter Weir développe un scénario complet à partir d’un vieux traitement laissé dans un tiroir, avec dans l’idée d’offrir le rôle principal à l’acteur français Gérard Depardieu. Il rédige donc le script de Green Card en ayant en tête la star qui accepte le rôle, mais qui doit d’abord respecter des engagements. En attendant que l’acteur se libère, Peter Weir tourne Le cercle des poètes disparus (1989), avec le succès que l’on connaît.

Désormais devenu un cinéaste qui compte à Hollywood, Peter Weir peut tourner n’importe quel film et ce sera justement son Green Card (1990) qu’il produit avec des fonds australiens, alors même qu’aucun acteur du cru n’est embauché. Réunissant 12,5 millions de dollars grâce à des apports américains et français, Peter Weir choisit de confier le rôle féminin à Andie MacDowell qui venait tout juste de rencontrer le succès avec la Palme d’Or Sexe, mensonges et vidéo (Soderbergh, 1989).

Une classique opposition de caractères

Le film, très classique dans sa construction, fonctionne donc essentiellement sur l’opposition de caractères entre un Gérard Depardieu qui incarne la bonhomie française, le goût de la chair et des plaisirs simples, et une Andie MacDowell en mode bobo new-yorkaise. Le premier apparaît comme un peu rustre, mais terriblement chaleureux et séduisant, tandis que la seconde est quelque peu guindée, entièrement corsetée dans ses certitudes de petite bourgeoise à la conscience écologique et sociale marquée.

Si le sujet de départ – le problème de l’immigration aux Etats-Unis et la pratique illégale des mariages blancs – pouvait faire l’objet d’un film à thèse, Peter Weir esquive en réalité la problématique induite par la situation et préfère développer un divertissement inoffensif. Il s’agit pour lui de retrouver le charme des comédies romantiques qui furent un temps une spécialité hollywoodienne entre les années 30 et 60. Ce genre redevient d’ailleurs à la mode depuis le triomphe de Quand Harry rencontre Sally (Reiner, 1989) et ne cesse d’inonder les écrans américains depuis une trentaine d’années, en recyclant toujours les mêmes situations.

La confrontation des cultures donne lieu à une comédie assez fine

Avec Green Card, Peter Weir ne cherche aucunement à détourner les codes d’un genre très balisé, mais il s’appuie sur une écriture fine des personnages pour éviter de tomber dans la caricature. Si le Français incarné par Depardieu fait craquer ces dames, c’est surtout par le regard posé sur lui par des Américaines déjà convaincues de son charme. Sans doute bien conseillé par Gérard Depardieu, Peter Weir évite donc la plupart des clichés qui collent à la peau des Français dans les films hollywoodiens.

Au passage, le réalisateur développe encore les thématiques qui lui tiennent à cœur, comme celle de l’écologie, même si cela reste une toile de fond ici. Par contre, on retrouve son goût pour la confrontation des cultures, ce qui donne lieu à quelques jolies scènes et de bons passages humoristiques.

Une comédie charmante, tout à fait recommandable

Alors que l’on ne rit jamais vraiment – il n’y a pas de gags à proprement parler – le spectacle s’avère charmant de bout en bout, sans que l’on relève de véritable faute de goût. Il s’agit alors de se laisser porter par l’alchimie du couple Depardieu / MacDowell, ainsi que l’ambiance éthérée et feutrée, renforcée par la jolie musique synthétique de Hans Zimmer. Au lieu de sortir l’artillerie lourde, ce dernier préfère envelopper les images de nappes synthétiques soyeuses qui charment immédiatement.

Spectacle certes un peu vain et superficiel, Green Card est donc une comédie romantique tout à fait recommandable qui fut au passage la première incursion de notre Gégé national à Hollywood. Le résultat fut plutôt encourageant au box-office américain (environ 30 M$), même si très éloigné des chiffres du Cercle des poètes disparus (95 M$). En France, la présence au générique de Gérard Depardieu a permis à Green Card de glaner 982 188 entrées, un résultat plutôt satisfaisant, d’autant que le film affrontait cette semaine-là la sortie de Danse avec les loups, le western événement de Kevin Costner.

Voir le film en VOD

Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 20 février 1991

Green Card, l'affiche du film

© 1990 StudioCanal / Affiche : A.R.P. (agence). Tous droits réservés.

Box-office :

Pour son premier rôle américain post-Cyrano de Bergerac – qui fut un phénomène mondial -, Gérard Depardieu a accompli une belle carrière y compris en France où ce type de comédies américaines n’était pas forcément bien reçue. Face à Andie MacDowell, il oubliait le flop d’Une femme ou deux, tourné en France, six ans auparavant avec une autre grande brune anglophone… Sigourney Weaver ! Le film de David Vigne avait alors été un lourd échec.

Avec 15 292 entrées pour son premier jour parisiens dans 30 salles, “Dipardjiou” réussit un démarrage en force, quand son concurrent direct est un certain Danse avec les loups, qui bénéficie de deux séances en moins, de par sa durée, et de seulement 18 salles (11 647). L’échec au démarrage revient à L’éveil, drame avec Robin Williams qui éveille la curiosité de 7 740 patients dans 26 cinémas.

Évidemment, le prestige permet à Danse avec les loups de finir en première place, avec 125 584 entrées en première semaine, dans des salles combles. Mais notre Gégé national se bat bien avec 117 767 postulants pour la carte verte. Green Card était à l’affiche du Gaumont Chams Elysées/Les Halles/Alésia/Opéra, de l’UGC Biarritz/Maillot/Convention/Gobelins/Bastille/Montparnasse/Odéon/Lyon Bastille (vous aurez compris qu’UGC était le distributeur), au St Lazare Pasquier, au 14 Jt. Bastille/Beaugrenelle, au Ciné Beaubourg (l’actuel MK2), la Pagode, le Paramount Opéra, au Nation, au Pathé Clichy et au Bienvenue Montparnasse. On notera que la banlieue compte pour très peu des entrées du nouveau film du réalisateur du Cercle des poètes disparus, le succès de Green Card était essentiellement dans l’intra-muros.

Quand en deuxième semaine Danse avec les loups gagne en salle et en entrées, Green Card demeure bon deuxième, avec 81 802 spectateurs. La romcom gagne même 9 écrans en 3e semaine en signe de récompense pour sa stabilité et fidélise de ce fait 62 697 clients à carte dans un parc de 39 écrans. L’absence de toute nouveauté de poids sur ces deux dernières semaines l’aide à rester bien haut placé.

Quatre entrées (un Blier, un Van Damme, un Julia Roberts et un De Palma), le rétrograde en 6e place en 4e semaine, avec 40 133 spectateurs. Pas de baisse spectaculaire en 5e semaine, malgré 9 écrans en moins (29 919). Il fond à  18 907 amateurs de comédies romantiques dans 16 salles pour son 6e tour, 12 244 entrées en 7e semaine dans 9 salles… Il demeure une dernière semaine dans le top 15 en 8e semaine, dans 8 cinémas, avec 5 466 entrées (à noter que Kevin Costner est pendant ce temps toujours triomphal dans le top 3, avec 58 929 spectateurs fascinés par son western épique).

En 9e semaine, il ne reste plus que 3 écrans à Green Card, en raison d’un très grand nombre de nouveautés (plus de dix, dont Delicatessen, également distribué par UGC). Le tandem Depardieu MacDowell est toujours présent à l’UGC Triomphe, à l’UGC Odéon, et au Bienvenue Montparnasse. Il fera preuve d’une grande stabilité tout au long du mois de mai, pour rester exclusivement à l’affiche du Triomphe en 14e semaine, durant laquelle il a dépassé les 400 000 spectateurs. Il restera au Triomphe, sur les Champs, jusqu’à sa 17e semaine où il attire encore 972 retardataires. La semaine suivante, il est diffusé à raison de quelques séances par semaine au Grand Pavois, puis au Cinoche, c’est-à-dire des cinémas de quartier consacré aux succès et films cultes hors de leur première exclusivité. Il fallait alors aux cinéphiles prendre le métro pour assister à une séance unique dans la semaine et ainsi  rattraper ces films devenus rares ou inaccessibles (Green Card ne sortirait en VHS qu’un an après sa sortie).

Frédéric Mignard

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Green Card, l'affiche du film

Bande-annonce de Green Card (VO)

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